Interceptés

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 31 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Images et dialogues de l’invasion russe de l’Ukraine.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Paysages

pendant

la bataille

Aux abords d’une route de campagne, une femme et ses deux enfants sont dans un petit parc. La mort les frappera-t-elle ?

Souvent, nous sommes submergés par les informations contradictoires glanées sur des sites ou des médias sérieux ayant trait à un évènement se déroulant à une vitesse grand V. La solution peut être de prendre un écart et d’attendre d’en connaître plus. Le cinéma documentaire offre à plus ou moins longue échéance la possibilité de revenir sur ces moments traumatisants ou bouleversants qui, par le fait de la vitesse présente des échanges, semblent se dérouler si près. Ce documentaire d’Oksana Karpovych, en associant deux dispositifs, rend plus direct le quotidien des Ukrainiens dont le pays est envahi par une armée russe remplie de conscrits servant de chair à canon.

Un effet probant de conflit armé.

La production a eu accès aux enregistrements, par les services secrets ukrainiens, de conversations téléphoniques, peut-on supposer sur cellulaires, de ces soldats avec leurs proches vivant à l’arrière. La teneur est tout d’abord banale, échanges sur la famille et les existences des uns et des autres. Des discussions sur le régime de Poutine et la pauvreté de ses habitants s’inscrivent en comparaison avec ce que les soldats ont vu, trouvé, volé et pillé. La cinématographie de Christopher Nunn, sur des routes vicinales, des artères plus importantes, présente les effets de la guerre avec ces immeubles en partie détruits, ces maisons quittées rapidement et ces véhicules militaires incendiés.

Pour cette approche complexe d’une guerre encore très actuelle, par le travail de son équipe dont la monteuse Charlotte Tourrès et la conception sonore d’Alex Lane, la cinéaste ukraino-québécoise Oksana Karpovych mérite tous les honneurs glanés par ce discours visuel sur les méfaits pernicieux de la désinformation.

La juxtaposition de ces dialogues souvent animés et de ces images amples et se déroulant le plus souvent lentement produit un effet de conflit interne. La haine inhérente aux propos des hommes et des femmes contre ces habitants d’outre-frontière sert de limon à une déshumanisation de l’autre qui mène jusqu’à la description dans un sadisme ordinaire d’actions horriblement répréhensibles. Des bribes de dialogue se retrouvent ainsi reliés à des passages ailleurs dans le filmage tels la séquence décrite en ouverture ou les tombes dans une forêt.

Pour cette approche complexe d’une guerre encore très actuelle, par le travail de son équipe dont la monteuse Charlotte Tourrès et la conception sonore d’Alex Lane, la cinéaste ukraino-québécoise Oksana Karpovych mérite tous les honneurs glanés par ce discours visuel sur les méfaits pernicieux de la désinformation.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Oksana Karpovych

Scénario : Oksana Karpovych
Direction photo : Christopher Nunn
Montage : Charlotte Tourrès
Musique : NFNR

Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Canada / France
Ukraine
Année : 2024 – Durée : 1 h 33 min
Langue(s)
V.o. : russe, ukrainien; s.-t.a. / s.-t.f.
Intercepted
Myrni lyudi

Oksana Karpovych

Dist. [ Contact ] @
Les Films du 3 mars
[ Les Films Cosmos ]

Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinémathèque québécoise

Visa de classement
GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Une langue universelle

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 31 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Un fonctionnaire retourne dans sa ville natale qui a bien changé.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Tapis

persan

En hiver, un guide touristique promène ses clients dans une ville du Manitoba. Il s’arrête devant un site classé par l’Unesco, un banc sur lequel se trouve une mallette jamais ouverte depuis 1978, symbole de la solidarité humaine.

Ce guide parle en farsi décrivant des attraits inédits dans les quartiers gris et beige de la capitale du Manitoba qui serait devenue au moins bilingue car le français y est encore parlé. D’ailleurs le billet de banque prisonnier dans la glace que trouvent deux écolières est un 500 rials à l’effigie de Louis Riel, père fondateur métis de cette province. La calligraphie arabe se retrouve ainsi sur des lieux publics et sur l’enseigne d’un Tim Horton devenu salon de thé dans lequel devisent des tricoteuses.

Le scénario de Matthew Rankin, Ila Firouzabadi et de l’acteur Pirouz Nemati mène trois histoires de manière concomitante avant de les réunir. Débutant par un hommage au fameux studio iranien Kanoun de films pour enfants de d’Abbas Kirostami et de Jafar Panahi, une classe d’enfants est confrontée par leur professeur qui les morigène, irrité entre autres par un garçon affublé en Groucho Marx. La découverte par ces deux jeunes du fameux billet de banque les fait circuler dans des quartiers aux immeubles souvent identiques et vers des rencontres incongrues dont un commerce spécialisé dans les mouchoirs et des dindes circulant librement. Le guide les croise en continuant son périple winnipegois dans des lieux improbables comme ce cimetière sous une autoroute dans lequel des lacrymologues recueillent des échantillons auprès des éplorés. Un fonctionnaire, prénommé Mathieu, quitte le Québec et retourne dans sa ville natale pour retrouver sa mère bien diminuée.

Si loin, et pourtant si proche.

La cinématographie d’Isabelle Stachtchenko, par ses plans amples, embrasse cette agglomération, laissant apparaître quelques beautés dans cette banalité bétonnée et offrant un terrain de jeux propice à l’accumulation de moments pince-sans-rire, rigolos ou carrément absurdes. La dernière partie relie tendrement tous les fils de ce canevas. L’interprétation d’ensemble est de très bon niveau tant de la part des jeunes que des adultes connus ou non, que ce soit Mani Soleymanlou en instituteur ou du réalisateur dans celui de son alter ego. Après Twentieth Century (Le 20e siècle) et ses courts à saveur historique, le cinéaste manitobain-québécois, confirme, par cette lettre cinématographique déjantée, son hommage au cinéma comme langue universelle.

La cinématographie d’Isabelle Stachtchenko, par ses plans amples, embrasse cette agglomération, laissant apparaître quelques beautés dans cette banalité bétonnée et offrant un terrain de jeux propice à l’accumulation de moments pince-sans-rire, rigolos ou carrément absurdes. La dernière partie relie tendrement tous les fils de ce canevas.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Matthew Rankin

Scénario : Matthew Rankin; Ila Firouzabadi, Pirouz Nemati
Direction photo : Isabelle Stachtchenko
Montage : Xi Feng
Musique : Amir Amiri, Christophe Lamarche-Ledoux

Genre(s)
Essai satirique
Origine(s)
Canada
Année : 2024 – Durée : 1 h 29 min
Langue(s)
V.o. : farsi, français, anglais; s.-t.a. / s.-t.f.
Universal Language
Yek Zaban Jacpehani

Matthew Rankin

Dist. [ Contact ] @
Maison 4:3
[ Metafilms ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex

Visa de classement
GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Hard Truths

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 24 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Deux sœurs londoniennes ont des attitudes bien différentes.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Voir la vérité

malgré tout

Une dame noire répond vertement à une employée d’un magasin de meubles puis quitte subrepticement le lieu avant que la supérieure arrive.

Dans un quartier propret de la grande agglomération de Londres, vit Pansy, épouse de Curtley et mère de Moses. Elle se réveille soudainement la plupart du temps de ses longs moments dans son lit conjugal. Pansy, dont le prénom évoque la fleur pensée, dissémine ces opinions de manière acérée tant dans son domicile qu’à l’extérieur, ce qui provoque rires ou réactions outragées.

Le cinéaste britannique Mike Leigh emploie ici sa grande complice de Secrets and Lies (Secrets et mensonges), Palme d’or à Cannes en 1996. L’interprétation incandescente de Marianne Jean-Baptiste réussit à rendre par moments sympathique cette harpie qui trouve par ses saillies et ses TOC le moyen de dire son mal d’être.

Une tentative de pouvoir s’entendre.

La cinématographie de Dick Pope décrit clairement les différences entre les univers des deux sœurs. Chantelle est une propriétaire de salon de coiffure appréciée de ses clientes et dont l’appartement chaleureux et rempli de plantes permet à ses deux filles adultes de grandir. La maison de Pansy est ultra nettoyée et même sa cour intérieure entourée d’un mur semble factice. Entre les deux pourtant, l’amour familial résiste et se déploie dans quelques scènes dans lesquelles Michelle Austin tient tête au niveau du jeu à sa consœur capable en un instant de passer du rire aux sanglots.

Après deux incursions remarquées dans l’époque victorienne Topsy-Turvy et Mr. Turner et une moins accomplie Peterloo, cette réalisation de Leigh, malgré l’implication totale de Marianne Jean-Baptiste, n’atteint pas le niveau de dures vérités que contenaient ses auscultations soutenues de la société contemporaine qui, comme Naked et Vera Drake, sont les fleurons de son cinéma national.

Le scénario de Mike Leigh, construit à partir de séances d’improvisations avec les acteurs, est plus compact qu’à l’habitude, ne donnant que peu d’indices sur ce qui torture intérieurement Pansy et qui mine de plus en plus sa cellule familiale. Après deux incursions remarquées dans l’époque victorienne Topsy-Turvy et Mr. Turner et une moins accomplie Peterloo, cette réalisation de Leigh, malgré l’implication totale de Marianne Jean-Baptiste, n’atteint pas le niveau de dures vérités que contenaient ses auscultations soutenues de la société contemporaine qui, comme Naked et Vera Drake, sont les fleurons de son cinéma national.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Mike Leigh

Scénario : Mike Leigh
Direction photo : Dick Pope
Montage : Tania Reddin
Musique : Gary Yershon

Genre(s)
Drame
Origine(s)
Espagne / Grande-Bretagne
Année : 2023 – Durée : 1 h 37 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s-t.f.
Deux sœurs

Mike Leigh

Dist. [ Contact ] @
Métropole Films
[ Mongrel Media ]

Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinémathèque québécoise
Cineplex

Classement
Visa Général

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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