Mad God

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 29 juillet 2022

SUCCINCTEMENT.
Un envoyé spécial explore un univers souterrain et en ressort transformé.

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

Un bathyscaphe

pour les enfers

Arrivé à destination, un homme sort de sa cloche à plongeur. Son accoutrement ressemble à celui d’un soldat de la Première Guerre mondiale avec son masque à gaz. Il prend une carte à l’intérieur de son uniforme et la consulte. Celle-ci se détruira au fur et à mesure de son périple souterrain.

Cette vision cauchemardesque et même apocalyptique est due à l’imaginaire et au travail de production et de réalisation de Phil Tippett, spécialiste reconnu des effets spéciaux pour Star Wars et Jurassic Park entre autres. Ce projet a pris une trentaine d’années à être terminé. Un manque de moyens, des arrêts de production et d’autres problèmes ont retardé au fil du temps cette œuvre d’animation en volume qui a bénéficié d’un financement populaire dans ses dernières années, fruit de la notoriété de son créateur.

L’œil apocalyptique.

La descente souterraine de l’individu cité plus haut et appelé au générique l’assassin l’amène dans un univers dans lequel la vie n’a pas de prix. Les êtres de tous genres subissent des sévices innombrables et sont jetés aux ordures ou dans une fournaise. L’explorateur armé sera lui-même capturé et ausculté sauvagement. Des artefacts de son passé seront extraits de son corps ainsi qu’un bébé difforme recueilli par une sorcière en vue d’expériences alchimiques.

Cette plongée dans les tréfonds d’un imaginaire terrifiant met pourtant l’homme et non un dieu au centre de la construction et de la destruction toujours recommencée de son univers.

Les divers substrats des enfers regorgent de références à d’autres univers, le monolithe de 2001, un minotaure, un combat de grand singes soumis par des casques électrifiés et un buste de Beethoven. Des variations de morceaux de compositeurs classiques tels Berlioz et Strauss émaillent la bande son dont les dialogues sont dans une langue incompréhensible. D’ailleurs la première séquence du film rend hommage à la Tour de Babel. Le véritable plan de cette œuvre méphistophélique est cité au début, Lévitique 26 :33 « Je dégainerai contre vous l’épée pour faire de votre pays une désolation et de vos villes une ruine. »

Cette plongée dans les tréfonds d’un imaginaire terrifiant met pourtant l’homme et non un dieu au centre de la construction et de la destruction toujours recommencée de son univers.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Phil Tippet

Scénario
Phil Tippet

Direction photo
Chris Morley

Phil Tippet

Montage
Michael Cavanaugh
Ken Rogerson

Musique
Dan Wool

Phil Tippet.
Impossible d’arrêter.

Genre(s)
Animation

Horreur

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 1 h 23 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Mad God

Dist. [ Contact ] @
Cinéma du Parc
[ IFC Midnight ]

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Maigret

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 29 juillet 2022

SUCCINCTEMENT.
Maigret enquête sur la mort d’une jeune fille. Rien ne permet de l’identifier, personne ne semble l’avoir connue, ni se souvenir d’elle. Il rencontre une délinquante, qui ressemble étrangement à la victime, réveillant en lui le souvenir d’une autre disparition, plus ancienne et plus intime.

COUP de ❤️
de la semaine.

CRITIQUE.

    ★★★★ 

texte
Élie Castiel

Contrairement aux Maigret de la fin des années 50 et très début des 60, comme l’incontournable Maigret tend un piège (1958) du prolifique Jean Delannoy, six décennies plus tard Patrice Leconte, jeune garçon à l’époque, doit se rappeler de ses moments intenses que procurait l’enquête menée par un Gabin, alors inimitable. On ne pouvait imaginer que lui dans ce rôle à la fois plein de fermeté et protecteur des faibles.

Le Maigret-Depardieu, 60 ans plus tard, est une affaire de morale personnelle, un engagement spirituel, un rapport à la fois amical et atteint par ce goût si contemporain de la déconstruction entre le roman de Simenon (ou l’auteur lui-même) et un cinéaste curieux, transformateur, face à son métier.

Et lorsqu’on décide d’avoir un nom comme Yves Angelo à la barre de la direction photo, nul doute que le projet lecontien ne peut que réussir. L’image, effectivement, contribue davantage à ce récit-piège qui ressemble à tant d’autres, comme si à elle seule contribuait à faire de cette version du célèbre inspecteur quelque chose d’inusité, une curiosité qui réanime l’envergure envers l’écrit de Simenon.

Les plongées, les contre-plongées et autre afféteries esthétiques, si chère au concepteur des images, entre autres, dans le très bon Le colonel Chabert (1994), également réalisateur dans ce film, ne sont pas que des caprices, mais mettent en exergue la silhouette quasi abyssale, obsédante et pourtant organique de Gérard Depardieu.

Quand

l’inspecteur

s’en mêle

Une sorte de terrain vague apte à toutes éventualités.

Car Maigret, celui de Patrice Leconte, c’est aussi et pourquoi pas surtout, Depardieu, l’Homme, l’acteur, le charisme puissant ou essayant de le maintenir, s’en fichant carrément des réactions négatives, essayant de poursuivre sa carrière contre vents et marées, face à une horde irrépressible de nouveaux venus et d’une nouvelle spectature qui, de jour en jour, change la donne quant à ce que le cinéma doit offrir de nos jours.

Maigret, encore une fois celui de Leconte, c’est un pari, une gageüre tenant presque du suicide; c’est prouver que malgré les nouveaux codes en matière de production, il est encore possible d’en faire à sa tête, de poursuivre une carrière artistique qu’on s’est tracé depuis quelques décennies, quitte à ce qu’on ait abordé le cinéma avec quelques grivoiseries plutôt douteuses. Légères erreurs de jeunesse. Mais tout le monde a commencé petit.

Le film nous envoûte aussi par ce ton mélancolique qui nous ramène à la vie. Pour Leconte, sans aucun doute, une façon comme une autre de continuer à croire à la machine-cinéma, infernale, contagieuse, (inter)changeable, dénudée souvent d’humanité, mais dans le même temps servant de secours thérapeutique à l’âme humaine.

Soulignons que la présence de Jérôme Tonnerre au scénario contribue à formuler les répliques à la « Audiard », probablement inspiré de « Simenon ». Elles sont corrosives, directes (trop par les temps qui courent alors que la société est atteinte d’une sensibilité à fleur de peau).

Le film nous envoûte aussi par ce ton mélancolique qui nous ramène à la vie. Pour Leconte, sans aucun doute, une façon comme une autre de continuer à croire à la machine-cinéma, infernale, contagieuse, (inter)changeable, dénudée souvent d’humanité, mais dans le même temps servant de secours thérapeutique à l’âme humaine.

Quand l’inspecteur s’en mêle, il ne peut échapper à ces multiples éclaboussures, surtout lorsque le royaume de l’intime y est sournoisement, impitoyablement amalgamé.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Patrice Leconte

Scénario
Patrice Leconte
Jérôme Tonnerre
D’après le roman de Georges Simenon

Maigret et la jeune morte

Direction photo
Yves Angelo

Montage
Joëlle Hache

Musique
Bruno Coulais

Patrice Leconte.
Sa propre version du Maigret.

Genre(s)
Drame policier

Origine(s)
France
Belgique

Année : 2022 – Durée : 1 h 28 min

Langue(s)
V.o. : français

Maigret

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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