Petite maman

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 mai 2022

SUCCINCTEMENT.
Un matin la tristesse pousse la mère de Nelly, huit ans, à partir. C’est là que Nelly rencontre une petite fille dans les bois. Elle construit une cabane, elle a son âge et elle s’appelle Marion. C’est sa petite maman.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Force est de bien souligner qu’à défaut d’émotion dans l’ensemble du film, le jeu des jumelles Joséphine et Gabrielle Sanz ne prétend à rien d’autre que d’établir une certaine forme de réalisme entre le filmé (la proposition inusitée de Sciamma) et les expectatives. Comme dans la vraie vie, Nelly et Marion (elles changent quand même de prénom pour les besoins de la fiction) établissent les mêmes liens comme elles en ont l’habitude, faisant du récit une sorte de mise en abyme fraternelle.

Cette maison de campagne devient, hors les murs de la maison des parents (ou de la grand-mère décédée), un lieu de protection, loin des regards indiscrets qui pourraient perturber ces jeux d’enfants qui semblent grandir très vite, sans vraiment s’en rendre compte.

Du coup, une maturité entre elles qui les pousse à meubler leur for intérieur. Et si l’une d’elles, par la force des choses, devenait la mère substitut de l’autre, ne serait-ce que le temps que dure cet étrange jeu de correspondances entre les absences fréquentes des adultes et les univers imaginés des deux enfants devenus maîtres de leur destin immédiat.

Sœurs jumelles

Une mise en abyme de la maternité.

Film atypique de Céline Sciamma, Petite maman protège son titre « conte de fée » afin, justement, d’établir les rapports exigus entre réalité et imagination, entre le ressenti et le vécu, entre les paradoxes de la maturité et les attentes de l’enfance. Tout nage dans le calme, la sérénité ou mieux encore, pour mieux saisir la proposition de la cinéaste, on assiste à un mélange de pudeur diaphane qui, paradoxalement, ne laisse pas tout distinguer. Intentionnellement, tout n’est pas clair. Il faut savoir deviner.

Le rythme, plutôt lent, de la caméra de Claire Mathon (plus de 70 productions à son crédit, dont Spencer, de Pablo Larraín), demeure précise, tenant cependant, parfois, ses distances, respectant l’intimité des deux petites, secouées délicatement par un tel ou tel événement.

En fin de compte, il y a quelque chose de fantomatique dans ce film inhabituel, séduisant et plus que tout de délicatement sournois.

Encore une fois, l’émotion est absente, et c’est sans doute cela qui constitue sa véritable force motrice.

Le rythme, plutôt lent, de la caméra de Claire Mathon (plus de 70 productions à son crédit, dont Spencer, de Pablo Larraín), demeure précise, tenant cependant, parfois, ses distances, respectant l’intimité des deux petites, secouées délicatement par un tel ou tel événement.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Céline Sciamma

Scénario
Céline Sciamma

Direction photo
Claire Mathon

Montage
Julien Lacheray

Musique
Jean-Baptiste de Laubier
[ Para One ]

Céline Sciamma.
Une proposition mûrie et sensée.

Genre(s)
Conte fantastique

Origine(s)
France

Année : 2021 – Durée : 1 h 13 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Petite maman

Dist. [ Contact ] @
Entract Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

La chair de Julia

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Étrange titre que La chair de Julia. Aussi bien parler de son corps, de son esprit, de son imagination, de son être en tant que femme et comédienne; un voyage dans le temps après une quinzaine d’années d’absence. Théâtre et télévision, et au cinéma, ne l’avions pas vue évoluer admirablement dans Les beaux souvenirs (1981) de Francis Mankiewicz, ou encore dans Mourir à tue-tête (1979) ou Salut Victor (1989), tous les deux d’Anne-Claire Poirier?

Dans ce projet théâtral d’une grande originalité, une tribune, comme s’il s’agissait d’une profession de foi. Comme si du coup, alors que les années passent, il fallait coûte que coûte renouer avec la scène, ces quelques dernières années secouée par un vent de « relève » et de « diversité » incontrôlable. Les hasards du facteur sociopolitique et culturel sont ainsi faits.Suite

Cher Tchekhov

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Pièce (in)achevée

pour piano mécanique

Soir de Première médiatique (et du milieu théâtral) avec un lever de rideau retardé de 30 minutes. Des manifestants, des nouveaux millénariaux (certains préfèrent milléniaux) revendiquent à l’extérieur pour un TNM plus actuel, débarrassé de son élite, plus proche du peuple. Serge Denoncourt leur donne la parole à l’intérieur. Ils sont une vingtaine. Leur porte-parole s’exprime. Après une courte  ‘homélie politique’, on nous distribue un tract d’où l’on retient « TNM veut dire Théâtre du Nouveau Monde mais le théâtre n’est presque plus qu’un gentil divertissement pour une élite pas populaire pour un sous pour du monde assis à des places à cent dollars… » Le pamphlet cite aussi, entre autres, Jean-Pierre Ronfard qui en 1985 met en évidence un constat selon lequel « Une confusion très gênante entre culture et création s’est développée ( … ) On est bien forcé de constater qu’actuellement les grands metteurs en scène consacrent l’essentiel de leur talent et de leurs énergies à monter des œuvres de cultures. ». Peut-on s’attendre à une suite?

Fruit du hasard? Long préambule, mais essentiel pour mieux saisir l’importance de cette création de Michel Tremblay qui, justement, accentue le poids de la création « libre » dénuée de toute influence extérieure. Politique, sans doute, en sachant comment lire ces références enfouies, les entre-lignes des propos des personnages dont il est question, les sous-entendus. De cette mise en abyme prodigieuse entre l’alter ego de Tremblay et les protagonistes d’une pièce en gestation, un cours de théâtre, la création qui s’affirme et s’assume, intime, personnelle, correspondant aux rapports que l’auteur entretient avec la feuille blanche.Suite

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