Nouveau-Québec

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Une jeune femme se rend à Schefferville pour régler la succession de son père.

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

 

Sophie se promène dans une section de la ville où elle a passé son enfance. Devant un chemin, elle remarque cette pancarte « Rue fermée. Circulation à vos risques » et ressent le changement. Elle continue son chemin.

Au début des années 80, la compagnie Iron Ore a terminé les opérations de sa mine à Schefferville et cela a entraîné le départ de la plupart des habitants allochtones et la fermeture de la ville. Certains employés ont décidé de rester et se sont construits une autre vie. C’est le cas de Réjean qui est l’oncle de Sophie. L’opération de dispersement des cendres en haut d’une colline, par la présence de plusieurs personnes, montre la place que Michel Paquet avait dans la communauté. Un incident malencontreux entraîne une enquête policière de la SQ et le couple formé de Sophie et Mathieu doit rester plus longtemps que prévu. Des tensions s’immiscent créant des fissures qui s’élargissent comme ces blessures dans le sol remplies d’eau.

Ceux qui restent

Le train, métaphore de l’arrivée et du départ.

Sophie, par ses pérégrinations, se rapproche des communautés Innu et Naskapi de la région qui ont pris plus d’autonomie. Des relations amicales empreintes en partie d’humour facilitent ces rapports égalitaires sis dans des lieux magnifiés par la photo de Vincent Gonneville. La modulation de jeu entre Christine Beaulieu sobre et les divers interprètes du lieu est belle à voir. La divergence dans le couple est soulignée par l’emploi d’une chanson de Félix Leclerc, Le Jour qui s’appelle aujourd’hui et qui accompagne le trajet de l’une et la rage de l’autre. L‘enquête policière se poursuit en parallèle avec des découvertes familiales qui amènent certaines décisions de départ.

La même chanson Ka papeikutesht de Philippe McKenzie, se retrouve ainsi en conclusion dans ces deux longs métrages sur Schefferville que sont Le dernier glacier de Jacques Leduc et Roger Frappier (ONF, 1984) qui est aussi une histoire de couple en crise et celui-ci. L’un finit sur un plan pris de l’arrière du train montrant le chemin parcouru. Sarah Fortin montre le train qui s’en va, laissant en hors-champ ceux qui restent et qui ont trouvé d’autres moyens d’y prospérer.

La divergence dans le couple est soulignée par l’emploi d’une chanson de Félix Leclerc, Le Jour qui s’appelle aujourd’hui et qui accompagne le trajet de l’une et la rage de l’autre. L‘enquête policière se poursuit en parallèle avec des découvertes familiales qui amènent certaines décisions de départ.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sarah Fortin

Scénario
Sarah Fortin

Direction photo
Vincent Gonneville

Montage
Guillaume Fortin

Musique
Olivier Faifield
Simon Trottier

Sarah Fortin

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2020 – Durée : 1 h 36 min

Langue(s)
V.o. : français
Nouveau-Québec

Dist. [ Contact ] @
FunFilm

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma Public

Avis : Horaire irrégulier ]
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Outfit

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Leonard, un tailleur anglais, crée des costumes sur le célèbre Savile Row de Londres. Mais après une tragédie personnelle, il part à Chicago, où il tient une petite boutique dans un quartier difficile.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

Du fil à

retordre

Il est British, trop British, de la vieille école. Les costumes pour hommes qu’il crée (bien que lui-même semble porter toujours les mêmes attirails) ceux qui seront toujours à la mode. Bref, Leonard est l’exemple même de la droiture, de l’excellence, du travail bien exécuté, mais peut-être trop bien.

Graham Moore, scénariste du brillant Imitation Game / Le jeu de l’imitation1 de Morten Tyldum, sur l’énigme Alan Turing, signe ici son premier long métrage, investi par les scénarii qu’il a pu conconcter auparavant, épris des tournures dramatiques alambiquées et pourtant menés par des récits simples, ou du moins qui le paraissent.

Les bons, les méchants, canevas classique mais qui dans The Outfit, titre intriguant qui ne fait pas seulement référence aux tailleurs de ce maître de la couture masculine, mais à des… Il a une assistante. Parmi ses clients, dont certains adulent sa doigté, des individus du monde interlope.

Tout le film ou presque repose sur les épaules du magnifique, lui aussi British, Mark Rylance, mélange de fausse paresse, acharnement indicible au travail, et des yeux mélancoliques, voire tristes qui cachent quelque chose qu’on ne dévoilera pas.

Et si après tout… !

Car tout repose sur la mise en scène agatha-christienne du « qui est le coupable ». Vu l’actualité en ce moment, les tables de découpe de ce vieil atelier, comme on aime les aime puisque chaleureux, rappellent cette table horizontale luxuriante du Kremlin où le Poutine de bonne réputation ordonne à ses sujets de faire le sale boulot. Actualité ukrainienne oblige, ces ais de travail dans le commerce de Leonard deviennent les lieux d’intrigues, de propositions hasardeuses et de décisions aux conséquences néfastes.

… de façon inattendue, on arrive à une conclusion digne des meilleures tragédies ou drames grecs, non pas ceux ensanglantées, familiaux, incestueux, mais munis de la rage des Dieux qui ordonnent aux Humains que tout doit être recommencé. Détruire pour (re)construire. Assez dit!

Peut-être bien que Moore est trop (é)pris par son sujet. Un peu plus de retenue l’aurait aidé à gérer davantage sa mise en situation(s).

Pour que finalement, de façon inattendue, on arrive à une conclusion digne des meilleures tragédies ou drames grecs, non pas ceux ensanglantées, familiaux, incestueux, mais munis de la rage des Dieux qui ordonnent aux Humains que tout doit être recommencé. Détruire pour (re)construire. Assez dit!

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Graham Moore

Scénario
Graham Moore
Jhonathan McClain

Direction photo
Dick Pope

Montage
William Goldenberg

Musique
Alexandre Desplat

Genre(s)
Suspense

Origine(s)
États-Unis
Grande-Bretagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 45 min

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Le tailleur

Dist. [ Contact ] @
Universal Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Trois fois rien

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 mars 2022

SUCCINCTEMENT.
Brindille, Casquette et La Flèche vivent au jour le jour. Mais leur situation précaire devrait changer du tout au tout le jour où ils gagnent au Loto. Encore faut-il pouvoir l’encaisser.

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

Un court, Le locataire (2013) et un premier long, une adaptation du précédent, Le petit locataire (2016) où l’on remarquait Philippe Rebbot et Antoine Bertrand, qu’on retrouve dans Trois fois rien. Trois mousquetaires sans nul besoin d’un d’Artagnan, des SDF, « sans domicile fixe », comme on dit dans l’Hexagone – ici, on dira « sans-abri » et autres petites variations. Le troisième c’est Francis, tel qu’incarné avec une féroce délectation, une révélation dans l’art de l’absurde post-moderne, Côme Levin, je-m’en-foutiste jusqu’à en devenir bouleversant.

Ils gagnent à la loterie. Le reste, même scénario que toujours. Il faut se débrouiller pour que ces « sans-papiers » ou presque prouvent qu’ils sont eux-mêmes.

Satire de la bureaucratie moderne, quelle que soit le pays en question, paperasse administrative qui ne finit jamais de s’accumuler. Mais une chose est certaine, les SDF savent bien se débrouiller selon les codes de la rue, libre, sans conditions, prenant tous les risques sans vraiment les prendre puisque pour eux, les gageures sont des routines du quotidien.

Pierrots

                      lunaires

Le bon, le très bon et l'(in)coriace

Pour Nadège Loiseau, l’occasion donnée pour une mise en scène qui ressemble plus à un hommage fait de tendre câlins envers les oubliés, les indicibles car on ne les voit pas, on ne fait que les apercevoir, comme ça, par instinct. Ils font partie du portrait urbain.

Mais la caméra de Julien Meurice (plusieurs courts, quelques télés et des longs) n’a d’objectif que pour eux, faisant fi de faire attention aux autres, eux, elles filmé(es) selon un critère bien simple et efficace : le jeu de la caricature et de l’excès.

Dans un monde sans pitié (sans vraiment être trop dramatique), Loiseau propose un univers de la débrouille comme moyen de s’en sortir.

Et lorsque la vérité s’apprend au sujet d’un des trois copains, Trois fois rien virevolte vers le drame intime, maintes fois vu. Nicolas (excellent, comme d’habitude, Antoine Bertrand) a déjà été un homme parmi les autres, c’est-à-dire…

Et comme bonne fable qui finit bien, tout est bien qui finit bien.

La satire du début se transforme alors en comédie dramatique, succombant aux attentes d’un certain public. Et dans ce trio, Casquette (brillant Philippe Rebbot – il assure avec magnitude son élan aux origines casablancaises) avoue par contre son homosexualité, détail qui n’ajoute absolument rien au récit. Pourquoi cet interstice narratif?

Mais chacun à sa façon, par impulsion, ces trois Pierrots lunaires s’en tirent avec très peu de dégâts dans un monde devenu fou.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Nadège Loiseau

Scénario
Nadège Loiseau
Niels Rahou

Direction photo
Julien Meurice

Montage
Christophe Pinel

Musique
[ Artistes variés ]

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
France

Année : 2020 – Durée : 1 h 30 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Three Times Nothing

Dist. [ Contact ] @
MK2 | Mile End

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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