Belfast

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 12 novembre 2021

SUCCINCTEMENT.
En 1969, dans la ville de Belfast, en Irlande du Nord, les tensions religieuses dans la population s’enveniment. Portrait d’une famille.

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

Un cocon familial

pendant les troubles

   Un jeune garçon joue à la guerre chevaleresque avec ses amis employant des jouets de fortune. Tout à coup, la violence réelle débouche dans sa rue, un groupe d’émeutiers protestants attaquent les maisons des catholiques dans ce quartier de Belfast alors bien intégré.

Nous sommes en août 1969 et le quotidien de Buddy, cet enfant de neuf ans, ne change pas tant que ça après la construction d’un mur érigé rapidement, n’importe comment, séparant les deux communautés et l’arrivée des soldats britanniques et les contrôles aux points de passage. Buddy et ses amis les contournent par divers moyens, confortés par la chaleur de leur vie familiale. Tout au long du film, lorsqu’à quelques reprises, les infos à la télé parlent de l’Irlande du Nord, la mise en scène de Branagh les montre dans un angle inférieur de l ‘écran et en diagonale. Les écrans télé sont regardés ou montrés de manière frontale dans des extraits d’émissions tels que Star Trek et des westerns. De même les sorties au cinéma permettent d’agrémenter la vie ordinaire de ces gens en montrant un univers coloré.

Le cinéma, comme refuge aux affres du quotidien.

Le scénario en partie autobiographique de Kenneth Branagh accorde une grande place à la structure familiale qui entoure Buddy et son frère aîné Will qui est un personnage négligé. Branagh idéalise picturalement ses parents en prenant des acteurs beaux comme le garçon les voyait à cette âge. Les conflits d’argent, les discussions sur l’avenir sont quelquefois entendus et peu compris par Buddy.

Jamie Dornan et Caitríona Balfe apportent de plus une belle charge émotive à ces échanges de deux êtres s’aimant mais ayant de la difficulté à joindre les deux bouts. Les grands parents joués, avec un art serti par les ans par Ciaran Hinds et Judy Dench, modulent les bijoux de phrases sur la vie, l’amitié et la mort dont ils entourent Buddy venu trouver réconfort auprès de ce couple toujours aimant après plus de cinquante ans. Les accents sont quelquefois difficiles à comprendre et un sous-titrage même en anglais aurait été utile pour plusieurs spectateurs.

La cinématographie d’Haris Zambarloukos, dans un remarquable noir et blanc, aplanit les angles de cette période mouvementée à laquelle les chansons de Van Morrison apportent un supplément d’âme. Hommage à sa famille nourricière, rappel distancié d’événements perturbateurs, ce long métrage du réalisateur d’Henry V n’atteint malheureusement pas l’ampleur et la profondeur du Hope and Glory de John Boorman

La cinématographie d’Haris Zambarloukos, dans un remarquable noir et blanc, aplanit les angles de cette période mouvementée à laquelle les chansons de Van Morrison apportent un supplément d’âme.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Kenneth Branagh

Scénario
Kenneth Branagh

Direction photo
Haris Zambarloukos

Montage
Úna Nú Dhonghaíle

Musique
Van Morrison

Kenneth Branagh. Témoigner même en période de crise.

Genre(s)
Chronique d’époque

Origine(s)
Grande-Bretagne

Année : 2021 – Durée : 1 h 38 min

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Belfast

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Boîte noire

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 12 novembre 2021

SUCCINCTEMENT.
En réponse à un accident d’avion, un acousticien découvre d’autres pistes d’enquête.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

Aller au fond des choses

   Un enquêteur d’un organisme public se rend à la résidence d’un de ses supérieurs pour comprendre les motifs de son absence du bureau alors que son aide est nécessaire.

Les enquêtes sur les accidents d’avions et hélicoptères dans le territoire français sont sous la responsabilité du B.E. A. (Bureau d’Enquêtes et d’analyse pour la sécurité de l’aviation civile). Thomas Vasseur y travaille comme acousticien reconnu et ausculte donc avec diverses machines et logiciels les boîtes noires que l’on s’astreint toujours à récupérer après ces tragiques accidents. Un avion gros-porteur s’est écrasé dans les Alpes et le supérieur de Vasseur s’y rend pour effectuer les premières recherches et analyses.

L’ouïe , l’instinct, la persévérance.

Le scénario du réalisateur et de Simon Moutaïrou rend compte par de courtes scènes de la pression médiatique et des liens qui existent entre les constructeurs d’avions, les transporteurs et les ministères et offices publics. Un pantouflage, terme employé pour désigner le passage d’employés entre ces organisations et les organismes qui les contrôlent, constitue un arrière-plan qui deviendra plus visible à mesure que se construit l’histoire.

La mise en scène de Yann Gozlan oppose les bureaux plutôt sombres dans lesquels Vasseur et ses confrères effectuent leurs relevés aux aires ouvertes des aéroports, hangars et autre lieux qui appellent vers le voyage et l’air libre. L’intrigue, pleine de rebondissements avec ces visualisations d’épisodes à l’intérieur de l’avion, ouvre plusieurs avenues qu’elles soient aériennes et même sous-marines et instille une ambiance anxiogène que renforce une bande-son ingénieusement maîtrisée .

Ce long métrage de fiction nous rappelle par le biais du suspense les diverses coulisses techniques et humaines de ces vols dans cette époque de reprise des transports aériens internationaux après la pandémie.

Pierre Niney, par son apparence, incarne facilement ce solitaire doté d’une ouïe remarquable et sûr de son savoir-faire technique. André Dussolier apporte une gravitas empreinte de bonhomie à son rôle de son grand patron. Ce long métrage de fiction nous rappelle par le biais du suspense les diverses coulisses techniques et humaines de ces vols dans cette époque de reprise des transports aériens internationaux après la pandémie.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Yann Gozlan

Scénario
Nicolas Bouvet, Yann Gozlan

Simon Moutaïrou
Avec la collaboration de Jérémie Guez

Direction photo
Pierre Gottereau

Montage
Valentin Féron

Musique
Philippe Rombi

Yann Gozlan, à gauche.

Genre(s)
Suspense

Origine(s)
France
Belgique

Année : 2020 – Durée : 2 h 10 min

Langue(s)
V.o. : français
Boîte noire

Dist. [ Contact ] @
TVA Films

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Guerres

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 12 novembre 2021

SUCCINCTEMENT.
Pour suivre les traces de son père et remplir le gouffre existentiel qui l’habite, Emma, 20 ans, s’enrole dans l’armée.

Le Film
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

   Par ces temps de violences sexuelles commises envers les femmes, le premier long métrage de Nicolas Roy, brillamment réussi, se dresse comme un discours  transgressif, voire anti-freudien, repoussant les mécanismes psychologiques, les voyant comme des armes nocives contre ce qui caractérise justement la proposition du film, ou mieux dit, l’approche narrative d’un récit minimaliste qui ne jure que par l’instinct, l’attrait charnel qui ne s’explique pas, qui envahit le cerveau et se sert de notre impuissance face à l’inévitable.

Mais qui, du coup, chez l’Homme – magnifique performance de David La Haye dans le rôle du sergent Richard, personnage présent dans ses silences, sa distanciation, son agressivité vu le titre qu’il habite avec une autorité d’une autre époque – une attirance ambigüe envers une jeune femme qui s’est joint à un camp d’entraînement militaire ; effectivement, un attrait équivoque puisque la jeune recrue, la vingtaine, affiche une corporalité et un comportement plutôt androgyne. Cette dualité de genre le pousse sans doute à explorer quelque chose d’interdit, de s’avouer vaincu devant la possibilité de transgresser.

Mais Nicolas Roy est amplement servi par le scénario de Cynthia Tremblay, d’une richesse d’écriture extraordinaire, scrutant les divers parcours psychologiques des deux principaux protagonistes. Emma, excellente Éléonore Loiselle, droite, vigilante, angoissée, prise entre les tourments de la chair et la déception d’une possible agression. Entre ces pôles d’attraction et de rejet, le doute, l’incertain, la puissance de l’interdit et la rectitude de la dénonciation.

Discordances symétriques

Commencer par un simple geste de complicité.

Tremblay et Roy explore ces zones d’ombre avec un soin particulier que seuls les non-dits peuvent rendre crédibles. Visages, corps qui s’emportent, regards acides, d’autres faussement accusateurs qui veulent tout dire.

L’atmosphère dans Guerres est d’une sensualité déchirante, et en même temps corporelle, aqueuse, car elle contient ces fluides sexuels indicibles qu’on n’imagine pas mais qui se font sentir. Les séquences dans la douche sentent le moisi, le sulfureux, cette buée de l’eau chaude qui traverse l’espace.

Le film de Nicolas Roy est une œuvre pure, un premier essai de long métrage qui se situe en dehors de la production québécoise d’ensemble. Un film d’auteur, pour ne pas utiliser ce cliché. Et par la même occasion, un discours sur la sexualité et ses mécanismes de séduction qui, parfois, pour ne pas dire souvent, oscille entre le goût de l’agression, la violence du geste et soudain, comme si le hasard le voulait, une prise en charge émotive, un rapprochement des corps qui soulève le passionnel, l’amoureux pourrait-on ajouter.

Coupable, lui ? Elle peut-être ? Tous les deux ? La caméra rapprochée de Philippe Roy et le montage intentionnellement serré, intrusif, de Nicolas Roy répondent admirablement à cette question. Ils comptent sur l’intelligence des spectateurs pour arriver à ses propres conclusions.

Sexiste ? Ce n’est point mon avis. Plutôt une guerre des sexes, conflit qui se perd dans la nuit des temps. Il ne peut être résolu que par le lien consenti il va sans dire. Ici, ce lien est corrompu ou le paraît du moins. Il revient à Nicolas Roy de jouer avec ces ambivalences, sortes de clairs-obscurs de l’âme

Il y a une fin plongée dans l’incertitude, mais réponse en quelque sorte à ces interrogations. Que s’est-il passé ? Libre aux spectateurs de conclure selon ses propres valeurs, ses idées sur les actes de contrition. Mais le plus important, de réfléchir sur les véritables enjeux de la communion des corps.

Coupable, lui ? Elle peut-être ? Tous les deux ? La caméra rapprochée de Philippe Roy et le montage intentionnellement serré, intrusif, de Nicolas Roy répondent admirablement à cette question. Ils comptent sur l’intelligence des spectateurs pour arriver à ses propres conclusions.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Nicolas Roy

Scénario
Cynthia Tremblay

Direction photo
Philippe Roy

Montage
Nicolas Roy

Son
Samuel Carrier

Nicolas Roy

Genre(s)
Drame psychologique

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2021 – Durée : 1 h 24 min

Langue(s)
V.o. : français
Guerres

Dist. [ Contact ]
Axia Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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