Mandibules

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 09 juillet 2021

SUCCINCTEMENT.
Lors d’une mission qui doit leur rapporter un peu d’argent, Manu et Jean-Gab découvrent une énorme mouche dans le coffre de leur voiture.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

            Tout bien considéré, est-ce la gentille mouche l’attrait principal de cette comédie qui aurait pu être un discours sur l’altérité de la représentation ? Les deux adorables nerds ne reculant devant rien pour nous épater maladroitement ? Ou une Adèle Exarchopoulos transformée étrangement pour la circonstance ?

            Toujours est-il que le nouveau Dupieux intrigue, soumettant le spectateur à revoir son regard sur les images en mouvement. Effectivement, sans cesse « en mouvement », maître absolu du cadre, du plan, de l’effet. Et qu’un montage hallucinant (sans trop dramatiser le qualificatif) se complait à ne montrer que l’essentiel.

            Les deux abrutis (excellents comédiens) globalisent les moments, les situations, s’emparent du moindre menu incident, qu’ils provoquent d’ailleurs sans arrière-pensée, pour entraîner le spectateur dans des voies, en apparence, sans issues. La bête ne se laisse pas amadouer ; au contraire, elle invente un jeu amusant qui consister à établir une relation affective d’amitié entre elle et ses deux futurs protecteurs. Elle transforme le récit.

Une pause…

                en attendant

C’est à se demander si cette étrange bestiole n’est pas le personnage principal.

            Un film fou, probablement réalisé dans un moment où l’imagination est sans bornes, s’efforçant de réinventer le réel. Et les personnages-accessoires, eux, croient à la présence de cet univers brossé étrangement, ne ressemblant à rien, mais affirmant son incohérente et invraisemblable réalité. Un texte où le verbe éclat en mille et un morceaux. C’est voulu. On en raffole. D’autant plus qu’on sent à chaque détour l’improvisé, le tenu pour acquis, la volonté de déconstruire le discours. Discours ? Mais lequel ? Simplement le plaisir de déconner, à sa façon. De manipuler le spectateur, conquis d’avance, fidèle à un cinéaste atypique qui semble avoir une prédilection à montrer les espaces comme le font les Américains.

            Des terrains incertains, inquiétants (même dans la piscine de cette belle villa accueillante), des interstices qui s’avèrent après tout, plus grand et où les personnages, vidés de leur substance « normale », s’éclatent, à la grande joie d’un cinéaste qui a la décence de poursuivre un œuvre cohérente, bien entendu selon sa vision du monde et du cinéma.

Cette mouche est bien gentille. Elle ne pique pas. Dupieux a fait en sorte de tout régler : réalisation, scénario, direction photo et montage. La musique de Metronomy, minimaliste et dans le même temps alternative, se charge du reste, donner le ton à ce film atypique.

            La poétique des premiers films a peut-être disparu de son champ de vision, mais peut-être qu’elle a changé de visage, devenant pour ainsi dire une sorte de réconciliation avec le récit traditionnel. Car à y voir de près, il y a vraiment une intrigue dans Mandibules, un récit où chaque incident de passage doit être résolu, comme dans un thriller. Les fans purs et durs de Dupieux sauront se retrouver même si le film paraît comme une courte récréation avant d’entamer un projet plus ambitieux. Cette mouche est bien gentille. Elle ne pique pas. Dupieux a fait en sorte de tout régler : réalisation, scénario, direction photo et montage. La musique de Metronomy, minimaliste et dans le même temps alternative, se charge du reste, donner le ton à ce film atypique.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Quentin Dupieux

Scénario
Quentin Dupieux

Direction photo
Quentin Dupieux

Montage
Quentin Dupieux

Musique
Metronomy

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
France

Année : 2020 – Durée : 1 h 17 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Mandibles

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Beans

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 juillet 2021

SUCCINCTEMENT.
Une adolescente mohawk voit son été bouleversé par les événements d’Oka en 1990.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

Un été déstabilisant

            Dans un collège de bonne tenue, une pré-adolescente mohawk québécoise et sa mère rencontrent une responsable. Celle-ci a de la difficulté à prononcer le prénom Tekahentahkhwa de la jeune fille. Cette dernière l’incite à l’appeler comme tout le monde Beans.

Ce surnom de Beans vient peut-être de sa petite taille mais il fait aussi référence au moins d’une manière symbolique à la méthode de culture ancestrale dite des trois sœurs dans laquelle haricots, maïs et courges se soutiennent mutuellement et croissent. L’été, période de vacances, commence normalement par des jeux mais une visite dans une autre communauté mohawk change la donne. La situation se détériore rapidement et une crise, celle d’Oka en 1990, s’installe. Le scénario de la réalisatrice et de Meredith Vuchnich oscille entre les émois d’une adolescente découvrant son autonomie et de nouvelles amitiés et les vicissitudes dans lesquelles sa communauté plus éloignée est directement impliquée. Une carte ou schéma géographique aurait été utile pour permettre à plusieurs de visualiser la distance par route et les nombreux plans d’eaux entre les deux communautés Kanehsatake et Kahnawake qui s’épaulent et qui ont de plus de nombreux liens familiaux.

Appuyée par une équipe soudée, la réalisatrice, par le biais de ce voyage initiatique, rappelle de manière crue des moments moins glorieux et même d’essence raciste de notre histoire récente et ce long métrage mérite bien les récents prix qu’il a récoltés.

Suite

Summer of Soul
(… Or, When the Revolution Could Not Be Televised)

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 juillet 2021

SUCCINCTEMENT.
Redécouverte d’un festival musical à Harlem en 1969 surnommé Le Black Woodstock.

| LE FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Luc Chaput

Fusion de notes

musicales et historiques

        Une très grande et âgée chanteuse de gospel et une consœur plus jeune s’unissent pour donner une prestation remarquable de l’air religieux favori de Martin Luther King : Take My Hand, Precious Lord. La scène se déroule durant le deuxième samedi du Harlem Cultural Festival durant l’été 1969.

Tony Lawrence, un animateur radio et promoteur new-yorkais, avait réussi à mettre sur pied un festival culturel dans Harlem. Les émeutes de 1968, par suite des assassinats de King et de Robert Kennedy, faisaient craindre le pire aux autorités étant donné les tensions raciales et économiques qui percolaient dans la métropole américaine. Le maire John Lindsay, qui avait établi des ponts avec la communauté noire, accepta de faire en sorte que le festival se déroulant pendant six samedis de l’été 1969 soit mieux organisé. Des artistes majeurs ou nouveaux surtout dans le domaine musical joueraient dans des concerts gratuits autour d’un thème sur une scène dans le parc Mount Morris qui offrait les conditions d’accès et de sécurité voulues.

Nina Simone, par son interprétation de Backlash Blues, poème de Langston
 Hughes, propulse des revendications qui trouvent aisément écho aujourd’hui.

Hal Tulchin, réalisateur travaillant pour la télé, eut vent de ces préparatifs et décida de filmer les 40 heures de ces spectacles pour en garder la mémoire et pour vendre plus tard ces bobines à des médias qui pourraient être intéressés. À la même époque, d’autres cinéastes subodoraient que le festival se déroulant à Bethel en Nouvelle-Angleterre avec les artistes déjà annoncés pourrait être un moment musical important. Ce qu’il fut et encore plus socialement sous le nom de Woodstock et ses retombées internationales furent gigantesques.

Approché il y a peu d’années par des producteurs, le musicien et auteur Ahmir Khalib Questlove Thompson visionna les dites quarante heures non encore diffusées de Tulchin. Il en concocte, avec l’aide du monteur Joshua L. Pearson et d’autres collaborateurs, un documentaire musical qui pourrait devenir un modèle. Les Stevie Wonder, Staple Singers, Mahalia Jackson, Mongo Santamaria, Sly and the Family Stone, BB King et autres Hugh Masekela ont ainsi le temps de montrer leur dextérité, leur passion ou leur génie. Ils interagissent souvent avec un public de tous âges et de toutes conditions qui participent ainsi à cette célébration de la culture noire américaine.

1969 est donc aussi le moment où le terme negro est remplacé dans la communauté par « Black », qui devient donc beautiful.

Des apartés sur les moments charnières de l’époque sont judicieusement placés et des spectateurs alors présents se rappellent leur état d’esprit. La fluidité du montage entre ces divers éléments amène le ciné-spectateur à apprécier plus certaines prestations car il en aura aussi compris les tenants et les aboutissants. Nina Simone, par son interprétation de Backlash Blues, poème de Langston Hughes qu’elle a mis en musique, propulse des revendications qui trouvent aisément écho aujourd’hui. 1969 est donc aussi le moment où le terme negro est remplacé dans la communauté par « Black », qui devient donc beautiful.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Questlove
[ Ahmir-Khalib Thompson ]

Idée
Questlove

Direction photo
Shawn Peters

Montage
Joshua L. Pearsons

Directeur musical
Randall Posler

Questlove en tournage.

Genre(s)
Documentaire musical

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 1 h 57 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

L’été de la soul

Dist. [ Contact ] @
Fox Studios

Classement
Tous publics
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 315 316 317 318 319 345