Juror #2

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 08 novembre 2024

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Alors qu’un homme se retrouve juré d’un procès pour meurtre, il découvre qu’il est à l’origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Témoin

à charge

À 94 ans, Clint Eastwood arrivera-t’il à devenir le Manoel de Oliveira américain ? Toujours est-il que dans son tout dernier film, il arbore une jeunesse éternelle dans sa mise en scène. Bien que classique, Juror #2 (aucune version française ou sous-titrée en français présentée à Montréal – inutile de se pencher sur ce problème endémique) se distingue par les enjeux qu’il dresse sur l’individu et son for intérieur, terriblement complexe.

Un film de plus sur la justice telle qu’elle a toujours été pratiquée, et qui évoque en quelque sorte Twelve Angry Men (Douze hommes en colère), le puissant Sidney Lumet, mâtiné du très adroit Le septième juré, de Georges Lautner.

Que s’est-il vraiment passé ce soir-là de pluie après la dispute d’un couple dans un bar ? Le lendemain, la découverte du corps de la jeune femme dans un fossé lève les soupçons des autorités sur son petit ami. Cette partie du film est rapidement expédiée au profit du drame en cour qui s’ensuit. Que peut-il arriver lorsque l’un des jurés est mêlé à ce crime. Intentionnel ? Prémédité ? Incidentel ?

C’est sans doute l’œuvre la plus philosophique de Eastwood dans la mesure où les spectateurs ne sont pas permis à faire leur propre analyse. Eastwood, à un âge vénérable, peut se permettre de dialoguer avec ce thème selon ses propres principes.

Tourner le dos à la justice lorsque…

De ce fait, l’accent mis sur le personnage (principal) de cette intrigue dont on connaît plus ou moins comment elle finira, est un tour de force dans l’art parfois complexe de l’interprétation.

D’une part, celle d’une grande partie des jurés choisis qui ont hâte d’en finir et qui prennent des décisions hâtives, sauf dans le cas, entre autres, de Harold (toujours juste J.K. Simmons) qui… ou de Justin (très efficace Nicolas Hoult) qui se livre une bataille intérieure pour…

En fait, dans ce jeu de va-et-vient entre le doute et ce qu’on croit être la vérité, on assiste à un véritable puzzle psychologique sur la notion de la justice – d’où ce plan en plongée de la statue de la justice, les yeux bandées. On ne peut plus être aussi clair.

La poursuite de la vérité est un plat qui se négocie très difficilement et cette notion existentielle n’est pas, selon Clint Eastwood, un concept figé dans le temps et la pensée.

Qu’importe, puisque Clint Eastwood, réalisateur, n’a jamais était partisans des zones grises, du moins dans certains thèmes abordés. Ici, force est de souligner que dans le combat, en cours ou dans sa vie privé, ce témoin à charge privilégié résiste à la tentation de se livrer – sa femme prête à accoucher d’un enfant. Sacrifier le couple ?

Toni Collette, Kiefer Sutherland (méconnaissable), Chris Messina et Zoe Deutch se distinguent par leur force d’interprétation dans des rôles complexes. Musique également bien choisie pour marquer les temps forts et ceux, rarement plus sereins.

La poursuite de la vérité est un plat qui se négocie très difficilement et cette notion existentielle n’est pas, selon Clint Eastwood, un concept figé dans le temps et la pensée.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Clint Eastwood

Scénario : Jonathan A. Abrams
Direction photo : Yves Bélanger
Montage : David S. Cox, Joel Cox
Musique : Marc Mancina

Genre(s)
Drame juridique
Origine(s)
États-Unis
Année : 2024 – Durée : 1 h 53 min
Langue(s)
V.o. : anglais
Juror #2

Clint Eastwood

Dist. [ Contact ] @
/

Diffusion @
Cineplex

Classement
GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Paradise is Burning

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 08 novembre 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans une région ouvrière de Suède, trois jeunes sœurs se débrouillent seules, laissées à elles-mêmes par une mère absente.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

 

Sœurs dans un

jardin d’acclimatation

 

Il y a, dans le regard de la Suédoise Mika Gustafson, qui signe ici son premier long métrage de fiction, quelque chose d’organique qui colle à la peau, comme si le corps des protagonistes, et pas uniquement celui des trois sœurs en question, menait par le bout du nez l’espace sociale et domestique.

Le nouveau départ de la mère, qui ne donne pas signe de vie, ne semble pas préoccuper ce trio bien particulier – Laura (16 ans, l’aînée), Mira (12 ans, la cadette) et Steffi (7 ans, la petite). La maison devient un champ de jeux, de petites batailles et d’autres petits et grands évènements qui la laisse désordonnée, sans le souci de faire le ménage, ou presque.

Pour Gustafson, l’occasion d’endosser une mise en scène d’une liberté audacieuse, appuyée par la caméra viscérale de la directrice photo Sine Vadstrup Brooker. Non pas un film féministe, mais « au féminin ». Les hommes, très peu, et lorsqu’ils font partie du plan, des êtres plutôt faibles quelle que soit leur corpulence.

Jouer avec la quotidienneté.

Les trois enfants prennent charge du foyer, et ce n’est pas toujours de bonne augure. Mais elles sont habituées. Dommage que la jeune cinéaste, en raison d’un montage parfois gauche, alterne entre un environnement et l’autre sans prévenir, un manque de transition.

C’est parfois naïf, délibérément tourné en urgence, suivant un rythme constant, comme s’il fallait profiter d’un présent qui ne dure pas longtemps. De ce fait, la poésie imagée plaît bien à Gustafson et quelques plans du film sont superbement travaillés.

C’est sans doute dû à l’imagination qu’on peut avoir lors d’un premier essai de long métrage. Gustafson, par contre, sait comment prouver son originalité, et c’est par ses défauts que le film progresse.

C’est parfois naïf, délibérément tourné en urgence, suivant un rythme constant, comme s’il fallait profiter d’un présent qui ne dure pas longtemps. De ce fait, la poésie imagée plaît bien à Gustafson et quelques plans du film sont superbement travaillés.

On reste néanmoins parfois sur notre faim, mais du coup, on se réadapte à ces divers environnements présentés rapidement dès l’entrée en matière. Le quotidien, en quelque sorte, ressemble à un jardin d’acclimatation où tout semble permis. Cela est rendu possible grâce à la performance exceptionnelle des trois comédiennes, dont, à notre humble avis, Dilvin Asaad (Mira) remporte la palme.

Tout en soulignant que nous sommes dans une Suède ouvrière où divers groupes ethniques constituent la composante sociale sous le signe de l’harmonie. Et c’est très bien comme ça.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Mika Gustafson

Scénario : Mika Gustafson, Alexander Öhrstrand
Direction photo : Sine Vadstrup Brooker
Montage : Anders Skov
Musique : Giorgio Giampà

Genre(s)
Drame
Origine(s)
Danemark / Finlande
Italie / Suède
Année : 2023 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : suèdois; s-t.a.
Paradiset briner

Mika Gustafson

Dist. [ Contact ] @
Ritual
[ IntraMovies ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Incendies
@ Duceppe

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★ ½

 

Remettre les pendules à l’heure en

dénonçant la confrontation réciproque

Le film de Denis Villeneuve, sorti il y a presque 15 ans situait le cinéma québécois dans une perspective universaliste, non seulement grâce à la rigueur de la réalisation soutenue et intègre de Denis Villeneuve (présent à la Première médiatique théâtrale au Duceppe), mais dans le même temps, arborant avec fierté un casting issu de la diversité, promesse tenue à tâtons au cours des prochaines années.Suite

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