Le sang du pélican

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 26 mars 2021

SUCCINCTEMENT
Des entrevues et des reconstitutions historiques illustrent le parcours de la mystique ursuline Marie de l’Incarnation, religieuse missionnaire de la Nouvelle-France.

CRITIQUE.

[ ★★★ ]

texte
Luc Chaput

Rencontre avec

une femme remarquable

Une femme, vêtue comme une religieuse cloîtrée d’avant Vatican II, rencontre dans le vieux Québec, dans le cadre d’un festival historique, des hommes habillés comme des bourgeois du XVIIe siècle aux questions desquels elle répond doctement.

Cette femme est Marie de l’Incarnation, née Marie Guyart à Tours en 1599 et fondatrice à Québec du monastère des Ursulines et personnage majeur par ses écrits et ses actions des débuts de la Nouvelle-France. Son œuvre éducatrice auprès des jeunes filles a irriguée depuis lors bon nombre de vocations civiles ou religieuses.

Denis Boivin a produit un regard complexe et peu hagiographique sur la spiritualité en Amérique qui fait pendant à son moyen métrage Le Pardon d’ailleurs primé à Tours, il y a environ trente ans.

Le réalisateur Denis Boivin emploie l’actrice montréalaise Karen Elkin à la fois comme interprète de Marie dans les séquences historiques et comme interlocutrice de diverses personnes pour mieux comprendre ce que fut la vie religieuse naguère, hier et aujourd’hui. La période tourangelle, avec ses informations biographiques, donne lieu à quelques images tirant sur le style saint-sulpicien qui semblent reproduire pourtant l’iconographie du temps. Autour de la protagoniste Elkin très habitée par le rôle, l’interprétation pour cette époque et pour celle de la construction de Québec est de niveau irrégulier. Cela pourrait amener un court décrochement pour certains spectateurs invités à côtoyer pendant quelques minutes remplies des personnalités comme Jean Talon, monseigneur de Laval ou madame de la Peltrie.

Personnage majeur des débuts de la Nouvelle-France.

Dans la partie documentaire, la participation de Sœur Suzanne Pineau constitue, par son allant et sa bienveillance, un guide tout désigné tant la relation amicale avec Karen Elkin devient évidente aux détours des couloirs, chapelles, greniers et autres écuries dans lesquels l’histoire d’une communauté s’incarne par des témoignages, des écrits et des artefacts.

L’importance du travail d’instruction et de compréhension des peuples autochtones ressurgit à plusieurs reprises dans ce long métrage qui prend acte de la fin d’un cycle pour cette communauté. Avec toute son équipe dont le directeur photo Bruno Carrière, le cinéaste Denis Boivin a produit un regard complexe et peu hagiographique sur la spiritualité en Amérique qui fait pendant à son moyen métrage Le Pardon d’ailleurs primé à Tours, il y a environ trente ans.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Denis Boivin

Scénario : Denis Boivin

Images : Bruno Carrère

Montage : Jason Careau-Hamel

Musique : Gilles Ouellet

Discussion pendant le tournage. Denis Boivin, à gauche.

Genre(s)
Docudrame

Origine(s) : Canada [Québec]

Année : 2020 – Durée : 2 h 06 min

Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.f.

Mother Eagle

Dist. @
Netima Ltée

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Miss

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 26 mars 2021

SUCCINCTEMENT
Depuis qu’il est tout-petit, Alexandre désire participer au concours Miss France. Alex, qui ne se sent ni homme ni femme, a mis de côté ses ambitions après la mort de ses parents et le temps passé dans des foyers d’accueil.

CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]

★★★

texte
Élie Castiel

La société est largement binaire, et peu remettent en cause les deux divisions qu’elle comporte. Sauf en cette deuxième décennie du nouveau siècle où les revendications LGBT ont quand même réussi à heurter un certain conscient social, politique et sexuel. Signe d’un nouveau monde où les genres sont multipliés, ne faisant plus deux, incluant du même coup les entre-deux, les tendances ambigües et les diverses altérités auxquelles on ne pouvait pas se permettre de rêver il n’y a pas si longtemps puisque la binarité restait coincée en notre ADN collectif depuis la nuit des temps.

On comprend donc que c’est par le biais de la comédie dramatique que Ruben Alves, après le charmant et spirituel La cage dorée (2013), propose un second long métrage de fiction où le ton est donné dès le début, comme une évidence, quelque chose qu’on ne choisit pas, mais qu’on vit, de l’intérieur, même s’il s’agit d’un petit garçon de neuf ans qui rêve très tôt d’accéder un jour au titre de « Miss France ».

Et pourtant, c’est la rencontre avec un ami d’enfance devenu boxeur qui déclenche la décision d’Alex. Un choix qui sonne comme un message dépassant même le récit, à la fois enchanteur et agréable, notamment pour ses prises de position revendicatrices subtilement illustrées.

L’hétéronormativité comme base du comportement social. Le seul, du moins si l’on observe attentivement, qui apparaît aux yeux de la majorité, nonobstant ce degré de tolérance si haut-clamé depuis quelques années. Et pourtant, Alves se permet d’argumenter sur la chose, même si pas au même niveau sophistiqué que le Chilien Sebastián Lelio, en 2017,  avec Une femme fantastique (Una mujer fantástica).

L’altérité des apparences

Dans ce film agréable et sympa, on peut compter sur la présence charismatique d’Alexandre Wetter, entier, entière, homme lorsqu’il sent le besoin; femme, toujours. Mannequin et maintenant comédien androgyne. Voudra-t-il composer avec le jeu de la virilité?

Le 21e siècle sera-t-il celui de la reprogrammation des identités de genre?

Si la mise en scène évite catégoriquement le côté militant du sujet, c’est pour la simple raison qu’il veut conscientiser le plus grand nombre par la voie de l’ouverture à l’autre, sans agressivité, profitant dans le même temps de certaines séquences loufoques, parfois même peu crédibles et qui n’existent qu’au cinéma – c’est déjà quelque chose.

Ce qu’il remet en cause, également, c’est la virilité excessive – naturelle selon l’ordre du monde? Apprise par besoin d’appartenir au groupe? Fabriquée en accord avec les principes familiaux?  Et son contraire, être soi-même, suivre ses instincts, se comporter le plus normalement du monde selon ses convictions dès qu’on apprend à avoir une conscience, même si juvénile.

Dans ce film agréable et sympa, on peut compter sur la présence charismatique d’Alexandre Wetter, entier, entière, homme lorsqu’il sent le besoin; femme, toujours. Mannequin et maintenant comédien androgyne. Voudra-t-il composer avec le jeu de la virilité? La réponse se trouve dans le film de Ruben Alves. Libre, irrévérencieux, jubilatoire et se prenant au sérieux malgré ses airs faussement candides.

Les récentes revendications féminines ou féministes, selon votre regard sur la chose, ont sans doute engendré des récriminations d’ordre identitaire. Les quelques prochaines décennies du 21e siècle seront-elles celles de la reprogrammation des identités de genre? Brouillage ou démocratisation?

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ruben Alves

Scénario
Elodie Namer
Ruben Alves,
sur sa prore idée
En collaboration avec Cécilia Rouaud

Images : Renaud Chassaing

Montage : Michael Laguens

Musique
Lambert

Alexandre Wetter (à gauche) & Ruben Alves (à droite)

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
France
Portugal

Année : 2020 – Durée : 1 h 47 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Miss

Dist. @
A-Z Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Truffle Hunters

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 26 mars 2021

SUCCINCTEMENT
En Italie, dans la région du Piémont, Carlo Conella, 84 ans, consacre son temps à la chasse aux truffes. Bientôt, d’autres retraités vont suivre son exemple.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

Un produit qui a du chien

Un vieil homme parle à sa petite chienne comme à une enfant. Il la dresse mais lui permet de monter sur la table au repas.

Aurelio, vieux célibataire, entretient une telle relation avec Birba car celle-ci trouve des truffes blanches dites d’Alba lors de leurs sorties dans certaines forêts du Piémont dans le nord de l’Italie. Comme pour d’autres herbes, anciennement appelées simples, le secret de leurs emplacements est bien gardé dans ces communautés où les changements peuvent être mal accueillis. Marcel Pagnol en donna une splendide illustration avec ses Jean de Florette et Manon des sources.

Les deux réalisateurs suivent ainsi plusieurs agriculteurs qui, en automne, pratiquent ce passe-temps lucratif de chasseurs de truffes. Il est devenu également risqué car les prix ont beaucoup monté pour ce champignon et des chiens ont été empoisonnés. L’emploi d’une caméra GoPro nous place soudainement dans le point de vue d’un de ces animaux sans lesquels ce commerce tomberait rapidement en désuétude.

La caméra des deux cinéastes capte en plans larges ces hommes montant des collines et suivant leurs chiens afin de les rattraper s’ils trouvent le précieux objet.

Savoir reconnaître le précieux objet.

La caméra des deux cinéastes capte en plans larges ces hommes montant des collines et suivant leurs chiens afin de les rattraper s’ils trouvent le précieux objet. Des plans plus serrés à l’intérieur, à plusieurs temps du jour, montrent ces individus et certains membres de leurs familles vaquant à d’autres occupations. Une relation évoluant plus difficilement entre un villageois et son épouse ponctue le déroulement de ce long métrage qui laisse au spectateur le soin de tirer certaines hypothèses sur l’évolution de ce travail artisanal soumis comme plusieurs autres aux changements climatiques et à la mondialisation.

De la terre noire aux ors des restaurants, une rencontre avec ce petit monde restreint et changeant, à laquelle le producteur Luca (Call Me by Your Name) Guadagnino a apporté son expertise, s’est ainsi offert adroitement à nous.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Michael Dweck
Gregory Kershaw

Scénario
Michael Dweck
Gregory Kershaw

Images
Michael Dweck
Gregory Kershaw

Montage : Charlotte Munch Bengtsen

Musique : Ed Côrtes

Les deux réalisateurs entourant un des protagonistes.

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Italie
Grèce
États-Unis

Année : 2020 – Durée : 1 h 24 min

Langue(s)
V.o. : italien; s.-t.a. ou s.-t.f.

Les chasseurs de truffes
I cacciatori di tartufi
To kynigi tis troufas

Dist. @
Métropole Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Parc
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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