From Ground Zero

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 11 avril 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Collectif de 22 courts métrages réalisés à Gaza depuis le conflit en cours.

 

Le refus

catégorique

de parti pris

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

 

Cette anthologie exemplaire de courts, variant entre 3 et 7 minutes, ne sont pas de valeur égale, prouvant pour ainsi dire le sérieux et le naturel du projet, mais s’inscrivent dans leur ensemble dans une démarche non belligérante d’observer de près la situation à Gaza au temps de guerre, c’est-à-dire, pour le moment, permanente.

Le cinéaste palestinien Rashid Masharawi en a eu l’idée. Belle initiative qui le situe dans cette réalité insurmontable, malgré tout, des possibles. Et c’est là l’originalité du film, loin de toutes ces innombrables démonstrations télévisuelles et issues des réseaux sociaux qui défendent une cause, d’un côté ou de l’autre. Et dans les deux cas, vouées à des résultats improductifs, voir à l’échec.

Ici, une sorte de pause, ou mieux dit, de ces rares moments de répit, d’où la longueur de chacun des documents présentés. Comme si le temps de recueillement était encore possible pour ces réalisateurs, 22 au total, dont quatre propositions de femmes cinéastes.

Pas d’idéologie à défendre, mais une volonté de faire part d’un quotidien insupportable, de montrer un vécu perverti, démembré de tout espoir, du moins pour le moment, de tout tentative de réconciliation. Car le film, plus que tout, si l’on écoute bien les personnes impliquées, tous âges confondus, ramène à cette notion de plus en plus répandue aujourd’hui dans la société, de résilience, de croire en des jours meilleurs.

Le désespoir sur terre et du ciel.

Décrire ce qui se passe dans chacun des films serait éviter de vous donner les surprises qui vous attendent dans ce recueil en mouvement essentiel, justement en raison de son approche non belligérante, opposée à toute intervention militaire. Les bombardements, eux, sont toujours pris sur le vif, mais de loin, s’assurant que les ‘combats’ ont lieu loin des lieux de tournage, mais non encore atteints, provisoirement.

De l’ensemble des propositions, trois nous ont paru essentielles, même si toutes partagent ce souhait de meilleurs jours. Jad et Nathalie, de Rahab Khamis est une histoire d’amour à seul mouvement. Le protagoniste, merveilleux personnage, pleure en larmes intérieures d’avoir perdu celle qu’il a aimé, victime de bombardements. La voix ne cite aucune origine de ces canonnades, suivant une directive propre au projet d’ensemble. L’effet est d’autant plus sensationnel.

Pour des raisons évidentes et différentes, bien sûr, les deux parties dans ce conflit interminable, ne seront peut-être pas d’accord avec cette proposition cinématographique d’un courage incommensurable qui parle surtout de paix, du moins c’est notre interprétation.

Et puis, Taxi Wanissa, de Mustafa Al Nabih, un taxi conduit par un âne ou ânesse probablement inconscient(e) des bombardements. La fin de ce récit de près de cinq minutes illustre parfaitement le côté surréaliste, à partir d’une mise en scène exemplaire et une interprétation sentie de celui qui conduit le quadrupède en question. Les dernières secondes nous ramènent à ce que le cinéma possède de plus puissant : l’art de pouvoir raconter l’indicible selon un processus aussi poétique que foncièrement brut.

Mais s’il est un des moments qui nous a paru le plus édifiant, c’est bel est bien le film d’Islam Al Zrieai, Pardon Cinéma. Un cinéaste qui veut tourner un film à Gaza, malgré ce qui se passe dans l’enclave. Une volonté de fer. Mais dans le même temps un rapport au cinéma, un dialogue avec le 7e Art, où le cinéaste ne cesse de dire au cinéma « pardon », une raison qu’il donne de ne pas pouvoir tourner.

Ce moment émouvant, amour inconditionnel face à un métier difficile, notamment lorsqu’on tourne en milieux conflictuels, unit tous ces courts qui ne parlent que d’un quotidien irrationnel.

Lorsque dans l’un de ces moments, une des protagonistes a été révoltée par les attaques du 7 octobre (sans mentionner les auteurs du carnage), elle suggère aussi que la réponse de l’autre partie du conflit en cours a dépassé de loin les lois de l’entendement.

Pour des raisons évidentes et différentes, bien sûr, les deux parties dans ce conflit interminable, ne seront peut-être pas d’accord avec cette proposition cinématographique d’un courage incommensurable qui parle surtout de paix, du moins c’est notre interprétation.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Aws Al-Banna, Ahmed Al-Danf
Basil Al-Maqousi, Mustafa Al-Nabih
Muhammad Alshareef, Ala Ayob
Bashar Al Balbisi, Alaa Damo
Awad Hana, Ahmad Hassunah
Mustafa Kallab, Satoum Kareem
Mahdi Karera, Rabab Khamees
Khamees Masharawi, Wissam Moussa
Tamer Najm, Abu Hasna Nidaa
Damo Nidal, Mahmoud Reema
Etimad Weshah, Islam Al Zrieai

Montage : Pauline Eon, Denis le Paven. Musique : Naseer Shamma.

Origine(s)
Territoires palestiniens / France
Qatar / Émirats arabes unis
Suisse / Danemark
Année : 2024 – Durée : 1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : arabe; s.-t.f. ou s.-t.a.
De Ground Zero : Histoires de Gaza
From Ground Zero: Stories from Gaza
Min nuqtat alsafari

Dist. [ Contact ] @
Filmoption International
[ Orizon 9 ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Warfare


P R I M E U R
Sortie
Vendredi 11 avril 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Durant la guerre d’Irak, en 2006, une peloton de la marine américaine s’engage dans une mission dangereuse.

 

Immersion

en

terrain miné

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

 

Le ratio d’image 1.85 : 1 permet de situer ce huis-clos anxiogène dans un lieu sans issues, là où coûte que coûte, il faudra s’en sortir, s’assurant de rescaper du même coup les victimes et les blessés d’une attaque des forces djihadistes.

Le scénario se base sur des souvenirs issus de ce que la mémoire a retenu, longtemps après les évènements. Un tour de force dans la scénarisation et la mise en scène, d’une singularité à toute épreuve.

Montrer tout ou presque, quel que soit ce que la pensée immédiate permet ; ça paraît comme si au cours de l’écriture, la mémoire faisait des tours aux deux scénaristes-réalisateurs complices. D’où ces séquences, ou plutôt moments qui nous paraissent imprécis, n’allant nulle part. C’est ainsi.

La mise en scène de Ray Mendoza et Alex Garland procède d’une approche entre le réel insoutenable et une tentative de fictionnaliser le tout comme un film traditionnel de guerre. Ce va-et-vient entre ces deux approches se fait sentir, notamment dans la deuxième partie où l’action se met de la partie.
Entre le lieu des combats et les forces ennemis, une séparation qui divise l’espace de lutte entre les forces du bien et celles du mal. Mais rien de manichéen dans l’approche des deux réalisateurs.

S’assurer que tout va bien.

Et le résultat s’avère encore plus intéressant. Tant dans le déroulement de scènes de combat, la tenue des dialogues que l’on a parfois de la difficulté à suivre, tout ce qui s’applique dans ce genre de situation.

Aucune musique, même si un certain Bobby Cole invente des sonorités adéquates au déroulement du film. Il s’agit de bruits intenses qui captent notre attention et créent pour ainsi dire une expérience immersive d’où on ne sort pas indemne.

La mise en scène de Ray Mendoza et Alex Garland procède d’une approche entre le réel insoutenable et une tentative de fictionnaliser le tout comme un film traditionnel de guerre. Ce va-et-vient entre ces deux approches se fait sentir, notamment dans la deuxième partie où l’action se met de la partie.

 

Entre le lieu des combats et les forces ennemis, une séparation qui divise l’espace de lutte entre les forces du bien et celles du mal. Mais rien de manichéen dans l’approche des deux réalisateurs.

Par les temps qui courent, Warfare, qui a plusieurs sens, comme guerre, bataille, lutte, combat, c’est à chacun de nous de se faire une idée. Un film qui repose entièrement sur la sensation que procurent les images en mouvement, cette plongée en plein cœur de l’action. Un film de guerre non conventionnel, défiant les codes d’un genre très prisé par les producteurs. Mais qui, ici, se permet de donner comme pensée que la guerre n’est pas un jeu d’enfant. L’une des plus honnêtes propositions de l’année, du moins jusqu’à présent.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Alex Garland
Ray Mendoza

Scénario : Alex Garland, Ray Mendoza. Direction photo : David J. Thompson. Montage : Fin Oates. Musique : Bobby Cole.

Genre(s)
Drame de guerre
Origine(s)
États-Unis / Grande-Bretagne
Année : 2025 – Durée : 1 h 36min
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française
Histoire de guerre

Alex Garland (gauche) & Ray Mendoza

Dist. [ Contact ] @
Maison 4:3
[ A24 ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Ces regards amoureux
de garçons altérés
@ Prospero

Un chant

d’amour

CRITIQUE
[ Scène ]
Élie Castiel

★★★★

 

Pour quelles raisons citer Genet dans le titre de notre critique ? Il y a dans l’esprit libre d’Éric Noël, une sorte de remise en liberté de l’âme, la sensation que le paraître se transforme du coup en « être », quitte à oublier son âme.

Ou plutôt la transformer en moments de plaisir, de dévouement, de recherche de l’impossible, d’assumer ses propres failles, mais dans le même temps, malgré les apparences, sortir gagnant, quitte à y laisser sa peau.

Ici, non pas une apologie du crystal meth, loin de là, mais de cette étrange aventure à travers les allées d’un endroit de plaisir dont les portes ouvertes ou entrouvertes demandent et refusent dans le même temps.Suite

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