Occupied City

PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 3 mai 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Présentation de nombreux lieux reliés à l’occupation allemande d’Amsterdam durant la Seconde Guerre mondiale.

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Des souvenirs

pierre par pierre

Willem-Alexander, roi des Pays-Bas, visite le Mémorial national de l’Holocauste érigé dans un vieux quartier juif d’Amsterdam dont les immeubles ont été démolis.

La caméra suit en plongée la cérémonie et un commentateur de la télé néerlandaise en explique le lieu et sa signification. La narration en anglais relie cet endroit à l’histoire de la ville. Le cinéaste britannique Steve McQueen réside avec sa conjointe Bianca Stigter dans cette ville dont celle-ci est originaire. Elle a publié en  2019 un Atlas van een bezette stad: Amsterdam 1940-1945, détaillant les lieux et les actions qui s’y rattachent. Le réalisateur, durant la période de la pandémie, a donc tourné devant cent-trente de ces immeubles, places et autres emplacements pour les rappeler à notre mémoire.

Le texte écrit par Stigter est factuel, laconique souvent et lu par Melanie Hyams sur un ton monocorde qui opère une distanciation entre les actions vivantes contemporaines et le coté souvent nécrologique du texte.

Amsterdam abrite plusieurs activités
sociales, même les moins imposantes.

L’œil peut être attiré par le regard d’un passant, les mouvements de danse d’une autre ou par l’attitude sérieuse d’un participant à une cérémonie ou par les interactions lors d’une manifestation. Les infos donnés alors par la narratrice perdent ainsi de leur importance.

Pourtant l’accumulation encyclopédique des détails, sur ces vies fauchées, ces actes de résistance, ces décrets tatillons et ces rappels des destinations finales dans certains camps devenus horriblement célèbres, réussit à rendre préhensible la disparition de  soixante-quinze  pour cent de cette communauté juive et les actes  d’héroïsme ou de bassesse qui ont aussi eu cours. La caméra de  Lennert Hillege est habituellement à une bonne distance, à l’extérieur, de l’autre côté d’un canal ou d’une rue.

Steve McQueen, par cette œuvre ample, rajoute une autre stèle après celle de Stigter, réalisatrice de Three Minutes: A Lengthening à la mémoire de ces existences trop souvent oubliées.

Certains plans à l’intérieur renversent la perspective. Le rythme du périple est interrompu par un ballet de caméra-drones dans des tunnels et par la vue prise de la cabine d’un tramway avançant la nuit. Au détour d’une porte, dans l’embrasure d’une fenêtre, le souvenir d’un inconnu peut ainsi nous interpeller comme ces pavés du souvenir que des maçons placent vers la fin de ce parcours.

Steve McQueen, par cette œuvre ample, rajoute une autre stèle après celle de Stigter, réalisatrice de Three Minutes: A Lengthening à la mémoire de ces existences trop souvent oubliées. La vitalité inhérente au projet m’a d’ailleurs incité à revoir Amsterdam Global Village de leur concitoyen Johan Van der Keuken.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Steve McQueen

Scénario : Bianca Stigter
Direction photo : Lennert Hillege
Montage : Xavier Nijsten
Musique : Oliver Coates

Genre(s)
Essai documentaire
Origine(s)
États-Unis / Pays-Bas
Grande-Bretagne
Année : 2023 – Durée :4 h 11 min
Langue(s)
V.o. : anglais ; s.-t.f.
Une ville occupée

Steve McQueen

Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films / @ FilmsWeLike
[ A24 / Film4 ]

Diffusion @
Cinéma du Musée

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Un silence

 PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 3 mai 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Silencieuse depuis 25 ans, Astrid, la femme d’un célèbre avocat, voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

 

C H O I X
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Les intimités

particulières

Déjà, le titre, désincarné, abroge toute possibilité de concilier les enjeux de cette histoire innommable, grave, qui arrive parfois dans la vie sociale, mais qu’à chaque fois jette son dévolu sur les enjeux moraux et éthiques du comportement. Comme dans la grande majorité des cas dans ce genre d’affaire, « l’homme » et non la femme est celui par qui le scandale arrive.

Mais le « silence » règne dans la demeure de cet avocat plaidant, en temps normal, les bonnes causes et qui, comme ça, sur un ton intentionnellement proverbial, avouera à son fils (adoptif) l’infâme, mais a appris à changer avec le temps. Un temps, d’ailleurs très long. Vraiment ?

La rigueur du film, son austérité, regard, tient justement dans sa déconstruction du silence, à le rendre relativement audible, quitte à ce que les spectateurs se sentent, une fois n’est pas coutume, désorientés par la fuite de tant de vérités cachées. Particulièrement dans une société actuelle occidentale qui ne jure que par la marginalisation des comportements outranciers.

Dire de fausses vérités pour convaincre les médias.

Belle proposition de la part de Joachim Lafosse, dans son film fort certainement le plus glauque. Tournage presque dans l’ensemble dans l’obscurité de la nuit, à part quelques séquences qui, par leur lumières claires diurnes, vu les circonstances, jettent leur contraste entre deux atmosphères que tout oppose mais qui finissent par s’assembler.

Joachim Lafosse, celui-là même du superbe Les intranquilles (voir ici.] n’essaie pas d’imposer ce sujet grave comme le font souvent les reportages télés sensationnalistes, mais opte pour une mise en scène clinique, rejetant le côté organique, comme si les corps qui traversent ce récit impie se muaient comme des fantômes venus d’un autre ailleurs.

Si Un silence s’inspire de l’affaire Victor Hissel, Lafosse, par contre, rejette catégoriquement les clichés associés à ces cas pour construire un film d’un rare équilibre formel.

Pour y parvenir, trois excellents interprètes qui jouent indiscutablement le rigorisme dans l’art d’interprétation. Compte tenu du sujet dont il est question, Daniel Auteuil, inscrit son rôle (François Schaar, l’avocat en question) dans une dynamique entre l’impuissance, la prise de contrôle et le souci de défendre « l’indéfendable » grâce à une mise en scène du comportement extraordinairement orchestrée.

Et puis Astrid Schaar, sa femme, dont Emmanuelle Devos défend avec un soin viscéral apporté à sa magnifique interprétation. Diverses expressions faciales qui expriment ces silences, des non-dits accumulés au cours des ans avec un mécanisme visant à retenir le couple, autrefois soudé, craignant néanmoins les nouveaux enjeux qui risquent indubitablement de le détruire.
Et puis, un point central, la présence de Raphaël Schaar, le fils d’ailleurs, lui aussi… qu’interprète avec un relâchement physique et un ricanement des plus cyniques Matthieu Galoux, dans un premier rôle à l’écran qui devrait, en principe, lui ouvrir des portes.

Si Un silence s’inspire de l’affaire Victor Hissel, Lafosse, par contre, rejette catégoriquement les clichés associés à ces cas pour construire un film d’un rare équilibre formel.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Joachim Lafosse

Scénario : Joachim Lafossse, Chloé Duponchelle
Paul Ismael, Thomas van Zuylen
Direction photo : Jean-François Hensgens
Montage : Damien Keyeux
Musique : Ólafur Arnalds

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
Belgique / France
Luxembourg
Année : 2023 – Durée : 1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : français
Un silence

Joachim Lafosse

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique
[ Les Films du Losange ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Thème sensible ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Humane

PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 26 avril 2024

[ du Ven. 26 au Dim. 28 avril  seulement ]

RÉSUMÉ SUCCINCT
Le patriarche d’une famille  qui a décidé de s’engager dans le nouveau programme d’euthanasie du gouvernement voit l’expérience mal tourner.

CRITIQUE
Pascal Grenier

★★★

 

Chacun

pour soi

Fille du légendaire cinéaste canadien David Cronenberg, Caitlin imite son frère aîné Brandon en suivant les traces de son père avec Humane, son premier long métrage pour le cinéma. Jusqu’à présent connue pour son travail de photographe et de vidéoclips, la jeune cinéaste nous plonge dans un futur rapproché avec ce thriller dystopique dont l’action se déroule en grande majorité dans une seule unité d’espace. Un monde dystopique en forme de huis clos et où l’humour féroce côtoie assez habilement la satire sociale. 

Écrit par Michael Sparaga (le documentaire United We Fan), cette coproduction entre le Canada et la Belgique tournée à Toronto met en vedette une famille reconstituée où une réunion importante entre ses membres tourne rapidement à la bisbille. Plus spécifiquement lorsque les parents leur annoncent qu’ils ont décidé de se sacrifier pour se conformer à la nouvelle loi sur l’euthanasie pour parer aux problèmes de catastrophes écologiques  et ainsi contribuer à réduire de 20% le problème de surpopulation.

Aucun signe apparent de dysfonctionnement familial… mais pas si vite !

Si Brandon a suivi les traces de papa avec des films de genre qui tourne autour de l’horreur corporelle, Caitlin se démarque avec une approche moins froide et un goût prononcé pour l’humour noir et un sens de la dérision. Le film de survie prend rapidement une tournure sanglante où la course à la succession pour les membres désunis d’une famille bien nantie prend des proportions dramatiques très graves. Mais la réalisatrice se montre habile dans une intrigue qui arrive à conserver un humour grinçant notamment avec la présence du personnage de Bob  campé par Enrico Colantini et tout à fait délicieux dans le rôle d’un ouvrier et collecteur de cadavres lunatique et aliéné par le gouvernement.

La purge familiale intrinsèque perd un peu de sa vigueur et de son efficacité lors d’un dernier tiers plus faible avant une finale prévisible, mais réussie et cynique à souhait.

Si le thème du sacrifice rappelle Knock at the Cabin (en français, au Québec, La cabane isolée) de M. Night Shyamalan sorti l’an dernier, le traitement évite les connotations et références religieuses de bas étage comme le  film de Shyamalan. La tension est assez bien maintenue et le film arrive à surprendre même si on s’éloigne de l’aspect futuriste de départ qui demeure toujours en plan et même si l’intrigue bifurque vers un thriller plus conventionnel. La purge familiale intrinsèque perd un peu de sa vigueur et de son efficacité lors d’un dernier tiers plus faible avant une finale prévisible, mais réussie et cynique à souhait.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Caitlin Cronenberg

Scénario : Michael Sparaga
Direction photo : Douglas Koch
Montage : Orlee Buium
Musique : Todor Kobakov

Genre(s)
Suspense d’épouvante
Origine(s)
Canada
Année : 2024 – Durée : 1 h 16 min
Langue(s)
V.o. : anglais

Caitlin Cronenberg

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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