Miséricorde

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 28 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
À la mort de son ancien patron, un homme jeune revient dans son village natal.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Sinuosités

Une auto emprunte une nationale puis une départementale. Le cadre en cinémascope, vu de l’intérieur de l’habitacle, sert au défilement des informations du générique d’introduction. La route est de plus en plus sinueuse jusqu’à l’entrée dans la bourgade.

Jérémie, séjournant à Toulouse, retrouve, à l’occasion de funérailles, plusieurs habitants de Saint-Martial avec lequel il entretenait des relations anciennes. Le scénario du cinéaste, originaire de la région occitane (L’inconnu du lac), dresse en filigrane un portrait de la vie dans ces communautés de la France profonde dont la population et donc les services se réduisent encore plus en cette époque de mondialisation.

Le jeune homme, disposant de quelques jours, redécouvre les charmes et les embûches de cette contrée. Les randonnées en forêt pour la récolte de champignons vénéneux ou non occasionnent des rencontres inopinées et dans ce cadre, le prêtre semble voir et sentir beaucoup de choses.

Les tempéraments sont à fleur de peau passant rapidement de la confrontation au désir le plus souvent inassouvi. La photographie de Claire Mathon, habituelle collaboratrice du cinéaste, rehausse les couleurs automnales et rend facilement préhensibles les scènes à la brunante ou nocturnes dans lesquelles rêves et réalités s’enchevêtrent.

Une confession en forme de confidence.

Des scènes improbables comme celle du prêtre s’agenouillant au confessionnal dans la partie du pénitent pour se confesser à un paroissien s’inscrivent naturellement dans un montage précis de Jean-Christophe Hym.

La photographie de Claire Mathon, habituelle collaboratrice du cinéaste, rehausse les couleurs automnales et rend facilement préhensibles les scènes à la brunante ou nocturnes dans lesquelles rêves et réalités s’enchevêtrent.

Jacques Develay prend à bras le corps son rôle de l’abbé Philippe alliant discours philosophique et pulsions directes. Catherine Frot joue astucieusement d’une partition apparemment plus simple en Martine, veuve du boulanger. Félix Kysyl porte sur ses fortes épaules le personnage de Jérémie, protagoniste de ce retour au village dans lequel les expressions de concupiscence peuvent entraîner des conséquences que l’on préférera garder sous le boisseau.

Guiraudie mène avec dextérité par monts et par vaux ce conte truffé d’humour noir pour adultes avertis

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Alain Guiraudie

Scénario : Alain Guiraudie. Direction photo : Claire Mathon. Montage : Jean-Christophe Hym. Musique : Marc Verdaguer.

Genre(s)
Suspense psychologique
Origine(s)
France
Espagne / Portugal
Année : 2024 – Durée : 1 h 44 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Misericordia

Alain Guiraudie

Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ FilmsWeLike ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

 

ÉTOILES

Sans collier, physiographie d’existences
@ La Chapelle

CRITIQUE
[ Danse / Scène ]

Élie Castiel

★★★ ½

Autos-portraits

en

temps suspendu

Le corps intégré.
Crédit : David Wong

Une pandémie presque sans fin. Le temps pour la célèbre Louise Bédard, de réfléchir sur ces années d’implication dans la danse, celle dépassant le mouvement contemporain, exigeant ainsi de nouveaux codes, inventées, créés selon une idée intellectuelle et physiquement incarnée de la danse.

Comme ces mouvements qui s’inscrivent dans le réel, même si dénaturé pour les circonstances. C’est ce que se produit ce soir de Première médiatique à La Chapelle Scènes contemporaines qui, en passant, fête cette année ses 35 ans de participation à la vie culturelle de la métropole. Bédard avait été de ce lieu incontournable dès son ouverture, en 1990, jusqu’en 2004.

Pour Sans collier, physiographie d’existences, une magnifique scénographie de Marilène Bastien, rejoignant pour ainsi dire un espace organique, intentionnellement, d’une froideur intense où les gris délavés et quasi déchiquetés imposent une rigueur à laquelle tente de s’intégrer la danseuse performante. Elle performe, certes, avec ce corps qui n’est plus le même qu’avant, mais tout autant prête à assumer le moindre effort comme si le temps s’était arrêté. Bédard persiste et signe.

S’affranchir l’espace.
Crédit : David Wong

Un visage impassible devant la froideur de l’ensemble. Et c’est bien, c’est ce qu’il faut pour rendre compte de cette intéressante proposition. Ses mains tâtent les murs, tantôt le sol. Autant l’un comme l’autre la conduisent dans quelque chose qu’elle ne saisit pas immédiatement.

La danseuse, devenue comédienne, se lance dans une sorte de performance où jeux de séduction, danse contemporaine et mouvements surréalistes se confondent pour mieux dérouté l’auditoire, toujours ravis de se voir perdu dans un monde qu’il essaie de comprendre ; et moins il comprend, plus il adhère à l’inconnu.

[ … ] l’espace nécessaire (et dans plusieurs cas, essentiel) qui existe entre l’artiste sur scène et les spectateurs revendique sa supériorité. Cette image est peut-être désuète par les temps qui courent, plus encline à presque faire tomber les barrières – entreprise peut-être de marketing – mais dans le même temps s’inscrivent dans une perspective qui place les arts de la scène dans cet endroit mythique qui les sépare du commun des Mortels.

Des chuchotements ou des paroles échangées avec Louise Labrosse, à peine audibles, mais qu’importe. C’est un travail de collaboration de longue haleine qu’il faut souligner et que le duo montre à sa façon.

La gageure de Louise Bédard est gagnée. Car, qu’on le veuille ou pas, l’espace nécessaire (et dans plusieurs cas, essentiel) qui existe entre l’artiste sur scène et les spectateurs revendique sa supériorité. Cette image est peut-être désuète par les temps qui courent, plus encline à presque faire tomber les barrières – entreprise peut-être de marketing – mais dans le même temps s’inscrit dans une perspective qui place les arts de la scène dans cet endroit mythique qui les sépare du commun des Mortels. Comme si les Dieux et Déesses de l’Antiquité s’étaient mis d’accord pour éveiller l’esprit humain.

Une façon comme une autre de rappeler l’éternelle suspension de la notion temps qui, paradoxalement, ne cesse de se multiplier.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphie
Louise Bédard

Interprète
Louise Bédard

Scénographie : Marilène Bastien
Éclairages : Lucie Bazzo
Vidéo : Robin Pineda Gould
Composition sonore : Diane Labrosse

Durée
1 h 55 min
[ Sans entracte ]
Public
Déconseillé aux moins de 13 ans
Diffusion & Billets @
La Chapelle
Les 27 et 29 mars 2025
19 h 30

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

 

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