Santosh

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 21 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Après la mort de son mari, Santosh, une jeune femme, hérite de son poste et devient policière comme la loi le permet. Lorsqu’elle est appelée sur le lieu du meurtre d’une jeune fille de caste inférieure, elle se retrouve plongée dans une enquête tortueuse.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Au cœur

d’une Inde

patriarcale

L’irréprochable premier long métrage de l’Indienne Sandhya Suri n’est pas seulement un pas de plus pour les films réalisés par des femmes issues du pays le plus peuplée du monde, mais également une extraordinaire révélation, une mise en abyme sur les relations entre les deux sexes, là où le patriarcat dominant s’exerce quotidiennement avec une sorte de fausse moralité issue de siècles de coutumes ancestrales.

Thriller, film policier féministe. Très certainement – présenté à Cannes 2024, retenant l’attention du public et de la grande partie de la critique, unanime devant cette opera prima accomplie.

Par sa sensibilité, ses débordements, ses nobles intentions, son parti pris visant à sensibiliser les mentalités. En Inde, travail ardu puisqu’une grande partie de la gent féminine, générations précédentes et selon les classes sociales, croit encore fermement en ces lois immuables du rapport hommes/femmes.

Avec Sandhya Suri, une extraordinaire réflexion sur la femme dans un pays sujet aux bouleversements sociaux qui tentent de s’afficher à travers le monde, particulièrement par le biais des images en mouvement.

Changer le regard pour continuer sa route.

L’Inde est une démocratie. Vraiment ? À moins que ce mot magique renferme plusieurs significations selon l’endroit du monde où l’on se trouve.

Une femme, Santosh, qui après le décès de son mari, officier de police, le remplace (selon la loi) pour pouvoir survivre. Jusqu’ici, tout va bien. Mais petit à petit, la jeune femme entre physiquement et mentalement dans cet univers où les femmes doivent constamment se battre, à moins que…

Santosh, le personnage, est elle-même la mise en scène, celle qui propulse cet élément filmique dans une série de situations qui, tout en ayant recours, parfois, aux codes d’un certain cinéma bollywoodien, n’en demeure pas moins une tentative réussie à de nouveaux rapports entre le cinéma (indien) populaire dans son hégémonie à radicalement changer le regard du spectateur. Ce célèbre gaze que nos collègues anglophones admirent tant et en parle davantage.

Certainement, Santosh est aussi un film sur la façon de voir, de consommer le médium-cinéma dans une perspective de renouvellement. Parler de l’intrigue (d’une simplicité désarmante, mais austère à la fois) serait trahir les surprises qu’on réserve.

Pour mener à bien cette proposition, deux comédiennes exceptionnelles – Shahana Goswami (Santosh) et Sumita Rajwar (Geeta), celle-ci volant presque la vedette – chacune avec sa propre logique physique, intellectuelle et notamment psychologique. Des vraies battantes d’un pays qui, à petits grands pas, certes, tente de renouer avec un XXIe siècle qui se débat par le biais d’un et mille soubresauts. Authentique, vertigineux.

Et justement, c’est en évitant le rapport de forces entre le dépouillement de la mise en image et le spectaculaire incontrôlable que le film fonctionne.

Sandhya Suri persiste dans sa proposition. Elle n’adhère point à prendre le cinéma comme un outil de divertissement, mais au contraire, lui donne cette envie de lui confier une mise en abyme de la vie.

Finalement, pour notre grand bonheur, Santosh, l’individu qu’elle est devenue, n’est plus un être passif, soumis aux diktats d’une société sclérosée, mais une héroïne parmi celles qui veulent la suivre.

Pour mener à bien cette proposition, deux comédiennes exceptionnelles – Shahana Goswami (Santosh) et Sumita Rajwar (Geeta), celle-ci volant presque la vedette – chacune avec sa propre logique physique, intellectuelle et notamment psychologique. Des vraies battantes d’un pays qui, à petits grands pas, certes, tente de renouer avec un XXIe siècle qui se débat par le biais d’un et mille soubresauts. Authentique, vertigineux.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sandhya Suri

Scénario : Sandhya Suri. Direction photo : Lennert Hillege. Montage : Maxime Pozzi-Garcia. Musique : Luisa Gerstein.

Genre(s)
Suspense policier
Origine(s)
Allemagne / France
Grande-Bretagne / Inde
Année : 2024 – Durée : 2 h 08 min
Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.
Santosh

Sandya Suri

Dist. [ Contact ] @
h264
[ MK2 Films ]

Diffusion @
Cineplex
Cinémathèque québécoise

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Empire

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 21 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Entre
Ma Loute et La vie de Jésus, entre le ciel et la terre, Bruno Dumont nous offre une vision caustique, cruelle et déjantée de La Guerre des étoiles.

 

CRITIQUE
Pascal Grenier

★★★ ½

 

Bruno

contre-attaque

 

Toujours imprévisible et en quête d’un cinéma qui se veut à la fois irrévérencieux et poétique, le français Bruno Dumont (France, L’humanité) nous livre avec L’empire un film qui, tout en se posant en standalone, se révèle être une suite spirituelle aux miniséries P’tit Quinquin et Coins-Coins et les Z’inhumains. Avec ses clins d’œil effrontés à l’univers bariolé de Star Wars, il déploie une esthétique aussi décalée que passionnante dans ce pastiche volontairement coloré qui rappelle que Dumont n’a jamais cessé d’explorer les marges de la narration cinématographique.

L’ensemble de la distribution mérite des applaudissements nourris, et il serait réducteur de passer sous silence la prestation enivrante de Fabrice Luchini, qui, à l’instar de son immersion débridée dans Ma Loute quelques années auparavant, se jette à pleines dents dans l’univers excentrique du réalisateur. Sa présence, à la fois théâtrale et spontanée, apporte une touche de génie qui vient compenser, en partie, les lacunes narratives du long métrage.

Les deux inspecteurs, absents du film, mais pas tout à fait.
Dumont ne peut s’en passer.

Il faut cependant souligner que, malgré ses qualités indéniables, le film semble quelque peu en retrait par rapport aux miniséries qui l’ont précédé, notamment en raison de la quasi-absence du duo emblématique formé par le commandant Roger Van der Weyden (incarné par Bernard Pruvost) et Rudy Carpentier (joué par Philippe Jore). Leur manque se fait sentir comme un écho d’un univers qui, malgré tout, ne cesse de surprendre. Mais serait-ce là une raison de bouder notre plaisir ?

En définitive, L’empire se présente comme une expérience cinématographique à la fois rythmée et subversive, où le génie du réalisateur se conjugue avec celui de ses interprètes pour livrer un spectacle qui, malgré ses rares défaillances, s’inscrit dans la continuité de son œuvre décalée et résolument inventive.

Détrompez-vous : Dumont sait, comme toujours, offrir de délicieuses trouvailles et des surprises inattendues, prouvant une fois de plus que son cinéma, loin de se cantonner aux sentiers battus, demeure un terrain de jeu fécond pour l’esprit et les sens.

En définitive, L’empire se présente comme une expérience cinématographique à la fois rythmée et subversive, où le génie du réalisateur se conjugue avec celui de ses interprètes pour livrer un spectacle qui, malgré ses rares défaillances, s’inscrit dans la continuité de son œuvre décalée et résolument inventive.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Bruno Dumont

Scénario : Bruno Dumont. Direction photo : David Chambille. Montage : Bruno Dumont, Desideria Rayner. Musique : [ extraits Bach – Stokovski – quatuor Jazz – variations /Violencelle ].

Genre(s)
Parodie
Origine(s)
France / Italie
Portugal / Belgique
Allemagne
Année : 2024 – Durée : 1 h 50 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
L’empire

Bruno Dumont

Dist. [ Contact ] @
Kino Lorber
[ Mememto Films International ]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

 

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Vingt dieux

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 21 mars 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans le Jura, un jeune agriculteur est confronté soudainement à des défis.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Affiner

son destin

Durant la nuit dans une étable, une vache met bas difficilement. Un jeune adulte aide la responsable, de son âge mais plus délurée, du mieux qu’il peut.

Anthony, dit Totone, fait les quatre cents coups avec ses amis, peu intéressé par le travail à la ferme auquel l’astreint son père. Un malheur frappe la famille et l’oblige à s’occuper seul de sa sœur cadette et de subvenir à leurs besoins. De cette prémisse, Louise Courvoisier, au lieu du drame socio-agricole attendu, nous convie avec son coscénariste Théo Abadie à un généreux récit d’initiation. Le long métrage, tourné en Cinémascope par Elio Balézeaux, magnifie les paysages du Jura par des plans-séquences et des panoramiques dans lesquels se construisent les liens affectifs entre la nature et les gens.

La mise en scène de la réalisatrice emploie des cadres plus serrés dans les intérieurs que ce soit dans les séquences de travail dans la fruitière ou dans les interactions entre Totone et sa sœur Claire, d’ailleurs plus adulte de caractère que lui.

Un temps de pause.

Cette immersion dans la Franche-Comté est soutenue par de nombreux acteurs amateurs du cru qui en emploient d’ailleurs l’accent et le juron vindiou qui sert de titre à l’ensemble. Au côté de Clément Faveau en Anthony qui navigue avec vigueur les méandres de ce parcours, Maïwène Barthélémy, par petites touches, compose une Marie-Lise au caractère bien trempé qui devient son alliée à plus d’un titre.

La mise en scène de la réalisatrice emploie des cadres plus serrés dans les intérieurs que ce soit dans les séquences de travail dans la fruitière ou dans les interactions entre Totone et sa sœur Claire, d’ailleurs plus adulte de caractère que lui.

Les séquences détaillant, dans un mode sérieux ou plus chaotique, les techniques ancestrales de fabrication d’un fameux fromage, s’insèrent donc aisément, par le montage de Sarah Grosset, dans ce périple goûteux sur l’importance de l’amitié et des racines.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Louise Courvoisier

Scénario : Louise Courvoisier, Théo Abadie. Direction photo : Elio Balézeaux. Montage : Sarah Grosset. Musique : Charlie Courvoisier, Linda Courvoisier.

Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 32 min
Langue(s)
V.o. : français
Vingt dieux

Louise Courvoisier

Dist. [ Contact ] @
FunFilm Distribution
[ Ex Nihilo ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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