The Exorcist: Believer

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 6 octobre 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Un jour, Angela et son amie Katherine disparaissent dans les bois avant de refaire surface quelques 70 heures plus tard sans le moindre souvenir de ce qui leur est arrivé. Dès lors

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★

L’âme

du

mal

Pourquoi un titre de critique aussi déconcertant, voire même  interrogatif? Pour la simple raison qu’à un certain moment le penchant du mal est expliqué par un des personnages du film, mais les paroles passent presque inaperçues, comme si au fond, David Gordon Green comptait sur les faits et gestes, même ceux imputés aux forces occultes, suffisants pour qu’on s’aperçoive que cette notion se perd dans la nuit des temps et nous revient sans cesse.

Une longue entrée en matière à Port au Prince (Haïti), filmée, entre autres, à Santo Domingo (République dominicaine), deux touristes afro-américains dont la femme, Sorenne (Tracey Graves, au jeu annonciateur), est enceinte; un tremblement de terre et Victor, le mari (jeu très compétent de Leslie Odom Jr.) est forcé de choisir entre la mère ou l’enfant à naître. Treize ans plus tard, aux États-Unis, on comprendra que la survivante est la fille née.

Et puis, l’escapade dans les bois de deux jeunes amies d’école, très complices – Katherine, la blanche, et Angela, l’afro-américaine. Les deux interprètes totalement inscrites dans leurs rôles respectifs – dont on ne comprendra jamais les motifs de cette étrange incursion.

À défaut de construire un bel exemple de film d’horreur (surtout ne pas comparer avec l’original, remarquable exemple du cinéma de genre friedkinien), Green, pourtant habitué à cette catégorie de cinéma, opte de préférence pour la mise en images – gros plans, plans rapprochés, comme si les personnages presque parfois touchant la caméra devaient se détacher de nous afin qu’on ne puisse pas décrypter ce qui se cache à l’intérieur de leur âme et leurs pensées.  Ces mouvements inhabituels sont dus aussi à la caméra versatile de Michael Simmonds (au parcours varié) qui pointe son objectif comme une sorte de lance de combat.

Une question de mimiques pour épater la galerie.

Si l’auteur de Pineapple Express (2008), définitivement son film-culte,  n’est pas très clair dans son regard sur la foi (ici, chrétienne), force est de souligner qu’il prend un malin plaisir à décortiquer les rituels de l’exorcisme qu’il a bien appris du film original, quoique le caricaturant à l’extrême.

Cette fois, nouvelle époque oblige, l’exorciste est une femme (qui, plus jeune, voulait entrer dans les ordres, mais…) à laquelle se joint une horde de personnages (parents des deux filles possédées), gens d’église et un jeune exorciste des Ordres qui avait auparavant reculé, ses supérieurs ayant insisté que les petites soient d’abord envoyées aux soins psychiatriques. Mais vu les circonstances, il accepte .

Les enjeux de le version-Green, si calqués plus ou moins sur ceux de L’exorciste (1973), grand succès planétaire, n’en demeure pas moins presque identiques, mais du coup, le jeune réalisateur propose un cinéma d’épouvante actuel – utilisation, par exemple, des écrans vidéo. Voulait-il susciter l’intérêt du jeune public d’aujourd’hui, alors qu’une très large partie de ce même public a déjà vu l’original et parfois à maintes reprises et qu’il reste gravé dans leur mémoire.

Il en résulte film hybride qui hésite entre une hommage à l’œuvre originale et une nouvelle tentative d’aborder le sujet. The Exorcist: Believer demeure néanmoins un « bon » film, ne serait-ce que par l’envoûtement discret qu’il procure même s’il ne sait pas toujours où se diriger.

Green joue sur les quelques silences, les atmosphère lugubres où jaillit, sans qu’on s’y attende, une atmosphère sensuelle, impossible à déchiffrer. Et même dans les dialogues, ils sont parfois intentionnellement chuchotés, une sorte de distanciation entre le corpus du film et le regard – en anglais, le mot gaze est plus puissant et renferme plus de significations.

Il en résulte film hybride qui hésite entre une hommage à l’œuvre originale et une nouvelle tentative d’aborder le sujet. The Exorcist: Believer demeure néanmoins un « bon » film, ne serait-ce que par l’envoûtement discret qu’il procure même s’il ne sait pas toujours où se diriger.

On annonce deux autres parties à ce premier film d’une trilogie. Que pourra-t-on inventer d’original cette fois-ci?

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

David Gordon Green

Scénario
David Gordon Green
David Satler
Direction photo
Michael Simmonds

Montage
Timothy Alverson
Musique
Amman Abbasi
David Wingo

David Gordon Green

Genre(s)
Épouvante
Suspense
Origine(s)
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 2 h 11 min
Langue(s)

V.o. : anglais & Version française
L’exorciste : Le croyant

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures
[ Blumhouse Productions ]

 

Diffusion @
Cineplex

Visa de classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence / Horreur ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Un « reel » ben beau, ben triste
@ Théâtre du Rideau Vert

 

| ARTS DE
 LA SCÈNE |

CRITIQUE
| Théâtre |
Élie Castiel

★★★★

Ces mots

et

ces gestes

qui

abîment

On la croyait perdue, non pas dans les chemins oubliés de la mémoire, mais quelque part où n’entendrait plus parler de cette œuvre audacieuse, crue, subversive, féministe avant son temps, écrite en 1976.

Bien au-delà de 40 décennies – certains se rappelleront la mise en scène d’Olivier Reichenbach au Théâtre Bois de Coulonge, en 1979, elle s’invite aujourd’hui pour nous réveiller de notre torpeur, de notre état politiquement correct d’une nouvelle morale qui déstabilise, inquiète, donne le frisson et plus que tout, nous empêche de parler de certaines choses, de confronter le mal pour mieux le neutraliser car impossible à éradiquer. On préfère le manque d’empathie, de charité non seulement chrétienne, mais quelle que soit notre foi.

Une journée ben particulière.
Crédit : Théâtre du Rideau Vert

Quel beau cadeau que nous donne le TRV. Mais aussi que le tout se passe sous la houlette de Marc Béland, artiste on ne peut plus polyvalent. Une mise en scène qui mise sur la durée, moins de 90 minutes pour raconter cette histoire de folie, d’inceste, de sexualité moribonde, de silences, de pauvreté intellectuelle.

Comme le cas dans les pièces d’aujourd’hui, ce sont, presque toujours, les mêmes comédiens qui se chargent de changer le décor d’une scène ou acte à l’autre. Notamment dans le théâtre de l’intime. Mais ici, cette technicalité prend, musique aidant, des accents dans le domaine de l’interprétation. On ne sait par quels truchements Béland arrive à susciter un tel envoûtement. Les comédiens jouent à inventer, selon l’acte, une nouvelle scénographie. Ça se voit dans leurs gestes où ils apparaissent, dans le presque noir, comme des fantômes qui continueront à raconter et jouer la suite de l’histoire.

Jeanne-Mance Delisle ou parler de ce qu’il faut taire, de ce dont personne ne veut entendre parler; au hasard, ces choses qu’on chuchote au fil des situations qui invitent aux commérages. Pour l’esprit, rien de trop méchant. Et pourtant.

Tonio et ses femmes : c’est-à-dire sa femme et leurs enfants, trois filles, et un garçon atteint de « déficit intellectuel », dont on accepte par habitude qu’il se touche le sexe continuellement, sauf lorsqu’il mange ou joue faussement de ce violon de fortune.

Des interprètes impeccables – Boivin, Duranceau, Laurendeau, Lessard, Mallette, Mauffette, Payeur, et les deux polices (non pas « policiers ») Jean et Lavoie. Tous et toutes totalement imprégnés de leurs personnages comme si, du coup, le temps revenait hanter l’espace dramatique.

On sacre, on commet des actes jugés aujourd’hui répréhensibles, on se raconte directement des choses impossibles à imaginer, même à l’intérieur du foyer. Et avant la tombée soudaine du rideau, une courte déclaration émise par l’une des filles de Tonio (et Laurette) : des mots incendiaires, rebelles, séditieux, mais dans le même temps, miroir d’une époque qui, malgré les apparences et les interdictions, était le reflet d’une société canadienne-française oppressée.

Tonio ou le mâle dévoré par la misère qui l’assiège, et qui oublie cette infortune par la boisson et le sexe, quitte à agresser une de ses filles, Pierrette (Sarah Laurendeau, versatile à souhait). Parmi les autres interprètes, Laurette, la Mère (Nathalie Mallette, souveraine, celle pour qui la scène semble être un second « chez nous »). Et Camille (Benoît Mauffette, excellent dans son mélange de charité, cette fois-ci, chrétienne, et de désir inassouvi qu’il tente de réhabiliter quoique…).

On sacre, on commet des actes jugés aujourd’hui répréhensibles, on se raconte directement des choses impossibles à imaginer, même à l’intérieur du foyer. Et avant la tombée soudaine du rideau, une courte déclaration émise par l’une des filles de Tonio (et Laurette) : des mots incendiaires, rebelles, séditieux, mais dans le même temps, miroir d’une époque qui, malgré les apparences et les interdictions, était le reflet d’une société canadienne-française oppressée.

Tragique, bouleversant, tragiquement engageant.

FICHE ARTISTIQUE
Texte
Jeanne-Mance Delisle

Mise en scène
Marc Béland

Assistance à la mise en scène
Pascale d’Haese

Interprètes
Frédéric Boivin (Tonio), Ève Duranceau (Simone)

Sarah Laurendeau (Pierrette, Gabrielle Lessard (Collette)
Nathalie Mallette (Laurette), Benoît Mauffette (Camille, le beau-fils)
Christophe Payeur (Gérale, dit « Ti-fou »)
Jimmy Jean (Police 1), Jean-Sébastien Lavoie (Pol9ice 1)

Jeanne-Mance Delisle
Crédit : Théâtre du Rideau Vert

Décor
Charlotte Rouleau
Costumes

Fany Mc Crae
Éclairages
Cédric Delorme-Bouchard

Musique
Éric Normand

Durée
1 h 20 min

[ Sans entracte ]

Public (suggéré)
Déconseillé aux jeunes enfants

Diffusion & Billets @
Théâtre du Rideau Vert
Jusqu’au 28 octobre  2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Opera

 

| Minuit
au Parc |

CRITIQUE
Pascal Grenier

★★★★

L’antre

de

l’horreur

Moins connu que certains classiques du cinéma d’horreur italien, Opera de Dario Argento (Deep Red, Suspiria)  n’en demeure pas moins un de ses films les plus stylisés et obsessionnels de son illustre carrière. Sorti en 1987, ce drame d’horreur a été sévèrement critiqué et qualifié de misogyne lors de sa sortie et n’a pas connu le succès international comme les autres œuvres maîtresses du cinéaste. Il jouit désormais d’une réputation de film culte et il est célèbre pour sa combinaison de violence stylisée, de suspense intense et d’une esthétique visuelle captivante avec notamment son utilisation judicieuse de la caméra subjective et de ses plans vertigineux à une époque où l’utilisation du drone n’était pas monnaie courante.Suite

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