Spoiler Alert

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 09 décembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Adaptation des mémoires du journaliste Michael Ausiello, récit des onze mois passés entre le moment où son compagnon s’est vu diagnostiquer un cancer en phase terminale, et le décès de ce dernier.

 

Échanges

vaguement

dispersés

CRITIQUE.

★★★

texte
Élie Castiel

Qu’il soit question de cinéma indépendant LGBTQ+ ou celui produit par un major, dont c’est le cas de Spoiler Alert (Universal Pictures), la réalité homosexuelle est la plupart du temps assujettie à des codes bien précis relevant du mélodrame ou des clichés associés au vécu de cette tranche de la population. Et pourtant, force est…

Toujours est-il que le cinéaste, entre autres, du très accompli The Big Easy / Mal d’amour (2017) et plus récemment de l’incompris The Eyes of Tammy Faye / Dans les yeux de Tammy Faye (2021) cadre la dynamique gaie, du moins dans une première partie, dans des lieux communs (les inévitables séquences dans les clubs, les nombreuses dragues, cette tendances à ne s’intéresser qu’à l’immédiat). Jusqu’ici tout va plus ou moins bien (puisque ces séquences sont toujours bien reçues), jusqu’à ce que l’un des deux partenaires reçoive le diagnostic du médecin.

Ce qui aurait pu être un mélodrame (comme le pensent d’aucuns) se transforme en « drame », les paroles se retiennent, les visages expriment la douleur, la perte annoncée, les regrets d’avoir mal agi l’un envers l’autre s’exprime par bribes, les escapades inavouées se délient.  Pourtant, on convient qu’une relation homosexuelle (notamment entre deux hommes, et malgré la morale publique) ne suit pas les mêmes codes de comportement que celle entre personnes hétérosexuelles. La dynamique sexuelle, affective, l’indépendance de caractère entre chacun des deux partenaires suivent des codes de conduite totalement divergents.

Le face à face, comme soutien de tous les possibles.

Sur certains points, « une relation amoureuse entre deux hommes n’est pas la même qu’entre un homme et une femme ». Les enjeux sont différents, succomber aux tentations peut être affaire plus courante, les intérêts en termes de carrière ou de changement de lieu de résidence ne subissent pas la même trajectoire que dans une famille, comme on disait autrefois, nucléaire. Bon, il y a des couples gais et lesbiens avec des enfants et les changements de vie affectent la population dans son ensemble. On en convient.

Spoiler Alert joue sur deux pôles d’attraction : la personnalité sympathique des deux garçons (amis, amants) dont il est question, la totale disponibilité de l’un, les quelques doutes de l’autre ; et puis, la maladie, où la vie, dans les deux cas, s’arrête momentanément pour ne tenter que cette incontournable impossibilité d’espérer, de croire à la survie. Tous les miracles sont permis dans la pensée intime.

[ … ] pour une véritable percée dans le cinéma LGBTQ+, le film de Christophe Honoré, également sorti cette semaine (voir ici.) affirme autant de lyrisme que de vulnérabilité.

Sur ce point, le film de Michael Showalter fonctionne bien. L’émotion est prenante (notamment lorsqu’on s’aperçoit, intimement, que ces moments ont été vécus dans la réalité / auto-sic), la justesse de tons, les variantes du quotidien, les enjeux psychologiques du déni, et dans le même temps devoir réévaluer sa propre vie, une joute aussi injuste que difficile à éviter, particulièrement lorsque le reste de la vie continue de mener son cours. Showalter, une fois de plus, manifeste un certaine sensibilité à saisir ces moments de tristesse incontournable, ces instants où le monde semble s’arrêter avant de reprendre ses droits.

Son film aurait pu s’avérer intacte, mais demeure quand même senti malgré son côté hybride. Soulignons que les deux acteurs principaux, Jim Parsons (incarnant Michael Ausiello) et Ben Aldridge (Kit Cowan) manifestent autant de sincérité que de présence.

Mais pour une véritable percée dans le cinéma LGBTQ+, le film de Christophe Honoré, également sorti cette semaine (voir ici.) affirme autant de lyrisme que de vulnérabilité.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Michael Showalter

Scénario
David Marshall Grant
Dan Savage
D’après le livre de Michael Ausiello
Spoiler Alert : The Hero Dies

Direction photo
Brian Burgoyne

Montage
Peter Teschner

Musique
Brian H. Kim

Genre(s)
Mélodrame
Origine(s)
États-Unis
Année : 2022 – Durée : 1 h 52 min
Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Divulgâcheur

Dist. [ Contact ] 
Universal Pictures
Diffusion @
Cineplex
                                         [ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Eyes of Tammy Faye

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 17 septembre 2021

| SUCCINCTEMENT.
Portrait sur le parcours et la personnalité atypique de Tammy Faye Bakker, célèbre évangéliste américaine au maquillage outrancier, épouse du télégénique Jim Bakker.

| Le Film 
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

            Entre 1974 et 1987, Jim Bakker and Tammy Faye Bakker animent le PTL Club, pur spectacle évangélique de ces années ou les convictions religieuses, fidèles aux normes de persuasion d’une certaine Amérique, majoritaire, passe par l’excès, les paroles de Dieu, l’amour du prochain, la morale religieuse.

Inspiré du documentaire éponyme (2000) de Fenton Bailey et Randy Barbato, la fiction de Michael Showalter se permet des libertés, propres à toutes œuvres à récit, comptant surtout sur des acteurs totalement investis dans leurs rôles respectifs.

La mise en scène, kitsch, suivant une approche camp héritée d’une certaine cinématographie LGBT demeure constamment sur le qui-vive, de peur des faux pas, d’une quelconque erreur biographique, quitte à éviter certains détails importants pour ne pas se tromper.

Car dans The Eyes of Tammy Faye, tout semble reposer sur l’interprétation magnifique de Jessica Chastain, atteinte ici d’une forme de représentation frôlant, intentionnellement, la caricature. Parodie en quelque sorte, simulacre qui cache au fond de soi des tourments de l’âme, des rêves féériques de jeunesse, d’une religiosité transformé en jeux d’enfant.

Les hauts et les bas du PTL Club

Comme si, du coup, Chastain ne pouvait jouer ce rôle que de cette façon. Aucune autre n’aurait été aussi persuasive.

Des jeunes années à l’âge adulte, un amoncellement de poupées mal assorties paraît souvent dans le décor, non seulement fruit d’une imagination sans bornes de la part de Tammy Faye, mais un refus, malgré tout, de grandir, de voir une réalité chimérique s’en aller.

Entre Jim Bakker (très solide Andrew Garfield) à la sexualité ambiguë, également fidèle à la norme américaine du capitalisme effréné, une Tammy Faye qui aime la vie, ouverte d’esprit, prenant la religion comme un rapport harmonieux à Dieu.

Un décor Kitsch, comme une forme de capitalisme débridé.

Guerre de nerfs, de conflits internes avec le fameux PTL Club où Jimmy Falwell (excellent Vincent D’Onofrio) bien que non impliqué directement, acquiert une certaine influence.

Ce que le film de Showalter montre, c’est aussi que ces cercles d’enfermement de la foi sont des organismes corporatifs œuvrant selon les règles du capitalisme sans concessions, qui se cachent derrières les paroles des Évangiles. Conflits dans les idées, conflits d’intérêts, mauvais pas, relations parfois douteuses avec le gouvernement en place.

Et au milieu, une Tammy Faye, véritable victime d’un microcosme où la foi n’est pas prise pour ce qu’elle est, mais comme un produit de consommation de masse qu’il faut savoir constamment contrôler.

Ceux et celles qui ont connu cette époque particulière de l’Histoire sociale américaine seront probablement charmés par la performance exceptionnelle de Chastain, le plus souvent méconnaissable.

D’où ces paroles de Rachel, la mère de Tammy Faye, qui rappelle souvent à sa fille que l’amour de Dieu a aussi des limites. Dans ce rôle clé, la comédienne Cherry Jones apporte son aura nécessaire de subtilité, de simplicité et notamment de rigueur.

Ceux et celles qui ont connu cette époque particulière de l’Histoire sociale américaine seront probablement charmés par la performance exceptionnelle de Chastain, le plus souvent méconnaissable. Quant aux milléniaux, ou si vous préférez, millénariaux, cette biographie fort intéressante et hautement cinématographique ne leur dira rien. La raison : le rapport à l’histoire sociale importe bien peu aujourd’hui.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Michael Showalter

Scénario
Abe Sylvia

Inspiré du documentaire éponyme
de Fenton Bailey et Randy Barbato

Direction photo
Mike Gioulakis

Montage
Mary Jo Markey

Andrew Weisblum

Musique
Theodore Shapiro

Michael Showalter
Crédit : @ Alison Grasso

Genre(s)
Drame biographique

Origine(s)
États-Unis
Canada

Année : 2021 – Durée : 2 h 06 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Dans les yeux de Tammy Faye

Dist. [ Contact ] @
Searchlight Pictures

Classement
Visa Général

En salle(s) @
Cinéma du Parc
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]