The Brutalist
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 17 janvier 2025
La carrière d’un architecte juif hongrois aux États-Unis.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Luc Chaput
★★★★
Le coût
de la
beauté
Lors d’un repas dans son manoir, un industriel américain lance une pièce d’un dollar à son vis-à-vis l’architecte et lui demande de la lui redonner.
László Toth est un diplômé du Bauhaus qui avait réalisé des immeubles en Allemagne et qui a survécu aux camps de concentration. Arrivé aux États-Unis après la victoire contre l’Axe, il se rend à Philadelphie où son talent a peu de possibilités de s’exprimer. Une rencontre tout d’abord désastreuse le met en contact avec Harrison Van Buren dont les prénoms et nom de famille WASP font référence à trois présidents de ce pays. Le scénario du réalisateur et de sa conjointe nous introduit dans ces temps pas si lointains en privilégiant le regard de László qui essaie de comprendre ce nouveau milieu pas toujours accueillant. La présentation désarçonnante de la Statue de la Liberté constitue un premier signe que ce séjour sera compliqué.
La commande par Van Buren d’un institut en hommage à sa mère permet à la mise en scène de déployer ses ailes en VistaVision utilisant de manière frappante la profondeur de champ et les couleurs de ce format plutôt oublié. La puissance industrielle et les inégalités sociales sont associées dans le fin montage de David Jancso avec des extraits documentaires sur la Pennsylvanie. Les relations entre l’artiste et le financier qui l’emploie se construisent dans des variations dans lesquelles les caractères des deux protagonistes rajoutent des pièces sur l’échiquier. Une mise en abyme évidente entre la construction d’un édifice majeur et la production cinématographique avec ses multiples corps de métier, artisans et collaborateurs sous-tend la mise en œuvre de ce monument sur une colline. Des jeux d’ombre et de lumière, de soubassements et d’élévations, se déclinent dans des images qui donnent à voir ce que représente ce mouvement brutaliste et ses rapports avec les conséquences de la Seconde Guerre mondiale.
Par le travail remarquable de son équipe soudée dont Judy Becker à la conception des décors et de Lol Crawley, le directeur photo, Brady Corbett, auparavant acteur pour certains grands cinéastes, a réussi une œuvre littéralement monumentale, évoquant par exemple The Magnificent Ambersons (La splendeur des Anderson), le Orson Welles de 1942, qui distille avec intensité la relation entre argent et art dans un univers encore si présent aujourd’hui.
Adrien Brody incarne avec ferveur ce László, rendant hommage par la précision de son accent à la famille de sa mère la photographe Sylvia Plachy. Guy Pearce fait de Harrison un capitaine d’industrie sûr des droits que lui permet sa fortune et usant de gentillesse et de colères subites pour assurer la persistance de son patrimoine et de son bon nom. Felicity Jones, dans le rôle d’Erzsébet, déploie tout son talent dans la deuxième partie en tant que compagne et associée de László. Les autres acteurs rajoutent une grande palette de tons spécialement Isaach de Bankolé en Gordon et Joe Alwyn dans celui d’Harry, le fils Van Buren.
Après une pause de 15 minutes, la montée perceptible dans la partie initiale se mue en descente tout d’abord dans la beauté des marbres de Carrare et une séquence déstabilisante qui mène à des conflits dans lesquels l’un s’enfoncera et l’autre retrouvera bien tard la lumière inhérente à son art.
Par le travail remarquable de son équipe soudée dont Judy Becker à la conception des décors et de Lol Crawley, le directeur photo, Brady Corbett, auparavant acteur pour certains grands cinéastes, a réussi une œuvre littéralement monumentale, évoquant par exemple The Magnificent Ambersons (La splendeur des Anderson), le Orson Welles de 1942, qui distille avec intensité la relation entre argent et art dans un univers encore si présent aujourd’hui.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Brady Corbet
Scénario : Brady Corbet, Mona Fastvold
Direction photo : Lol Crowley
Montage : Dávid Jancsó
Musique : Daniel Blumberg
Genre(s)
Drame
Origine(s)
États-Unis / Hongrie
Grande-Bretagne
Année : 2024 – Durée : 3 h 40 min
Langue(s)
V.o. : anglais
VF & s.-t.f. – Dès le 24 janvier 2025
@ Cineplex / Cinéma du Parc
Le brutaliste
Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]
Diffusion @
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Érotisme ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]