The Irishman
Semaine 46
du 15 au 21 novembre 2019
EN QUELQUES MOTS : En Pennsylvanie, dans les années 1960, Frank « The Irishman » Sheeran délaisse son travail de camionneur pour devenir tueur à gages pour le compte de la famille Bufalino. Impliqué dans le monde syndical, il est nommé responsable de section sous la direction de Jimmy Hoffa, leader du puissant syndicat des Teamsters.
Primeur
COUP DE CŒUR
de la semaine
Élie Castiel
★★★★★
ÉLÉGIE AU TEMPS QUI PASSE
Magistral, hommage amoureux aux films de mafia, un genre qui a bien marqué son temps. Mais aussi, de la part de Martin Scorsese, un regard à la fois candide et nostalgique sur son propre cinéma, sur son parcours, sur les comédiens qui l’ont entouré dans plusieurs de ses films.
Pour les spectateurs de cet âge d’or du cinéma américain, des moments de pure anthologie, un retour vers soi en tant qu’humain et que spectateurs. Et pour le critique, de voir à quel point les nouvelles écritures se sont manifestées à un temps record. Mais dans le même temps, la réalisation que le cinéma, tout en étant un art éphémère, ou du moins peut l’être, nous soumet à un miroir de nous-même et nous oblige toujours à prendre comme guide le passé.
Car les personnages des films de Scorsese, comme c’est aussi le cas dans The Irishman (en français, L’Irlandais) vivent les moments, les secondes, ces vies que le scénario a choisi pour chacun d’eux selon l’époque dont il est question. Mais en même temps, existe aussi quelque chose que seul le cinéma, et parfois les arts de la scène, peuvent inventer ou suggérer, la notion d’intemporalité.
Chant du cygne? Pas du tout, mais la fin triste d’une époque où le cinéma-spectacle voulait dire quelque chose et nous amenait dans un univers qui ressemblait au notre, mais qui ne l’était pas. L’art de rêver et de prendre le pouls de la société.
Ces grands acteurs, ces légendes d’un Hollywood en perdition se côtoient, se voient jouer les uns les autres et profitent de ce temps pour avouer leur amour au 7e art. Un cadeau inestimable de Martin Scorsese… Oui, sans aucun doute, The Irishman se classe parmi les meilleurs films de l’année.
Cette fois-ci, l’aventure psychologique des personnages est plus prononcée. Ils ont vieilli, autant eux que les acteurs, tous extraordinaires, se dépassant – avec une ovation debout méritée à Joe Pesci, qui vole presque la vedette, mais se retient lorsqu’il va trop loin. Par dignité, par amour pour ses collègues, par fierté, par justice et respect envers un cinéaste qui n’a jamais été aussi nostalgique.
Oui, effectivement, The Irishman est le genre de film qui rassemble le plus grand nombre de spectateurs. Comme distributeur, Netflix, sans doute le plus payant et qui a poussé Scorsese à se plier, comme c’est le cas de Noah Baumbach et son Marriage Story, notre grand coup de cœur de la semaine prochaine.
Mais le film, malgré les impératifs des nouveaux marchés en terme de diffusion, conserve ce côté cinématographique et encore plus, le renforce davantage. Le scénariste Steven Zaillian (entre autres, Schindler’s List), a réussi à conserver le ton-Scorsese, la dynamique, les inserts prodigieux, silencieux, mais qui veuleut dire beaucoup; idem pour le montage de Thelma Schoonmaker… et surtout, un choix musical magnifique et qui dans les films de ce grand metteur en scène, sont des hommages à la musique populaire de l’époque, aussi bien insulaire que transalpine.
Et puis, bien entendu, le récit. On vous dira simplement qu’il est question de mafia (inutile de le rappeler) et de syndicat, et que le président des célèbres Teamsters, Jimmy Hoffa (magnifique Al Pacino) et une des caractéristiques dans cette histoire. Ces grands acteurs, ces légendes d’un Hollywood en perdition se côtoient, se voient jouer les uns les autres et profitent de ce temps pour avouer leur amour au 7e art. Un cadeau inestimable de Martin Scorsese : une sorte d’élégie au cinéma et au temps qui passe. Oui, sans aucun doute, The Irishman se classe parmi les meilleurs films de l’année.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Vendredi 15 novembre 2019
Réal.
Martin Scorsese
Genre(s)
Gangsters
Origine(s)
États-Unis
Année : 2019 – Durée : 3 h 30
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.
L’Irlandais
Dist. @
Netflix
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Langage vulgaire / Violence ]
En salle(s) @
[ Cinéma Moderne ]
[ Cinémathèque québécoise ]
Dollar Cinéma
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]