The Summer with Carmen
Sortie
[ Format DVD ]
Mardi 15 octobre 2024
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
Comme
un
été
brûlant
Avouons qu’en termes de production de films LGBT, comparé à d’autres pays dits libérés de l’UE, la Grèce figure parmi les enfants pauvres – malgré les apparences, société conservatrice, poids de la religion orthodoxe sans doute, allez savoir quoi d’autres.
Si la mouvance gaie s’est quand même rarement illustrée, c’est par intermittences à travers les décennies, ne laissant aucune marque. Voici donc un film étonnant, justement par ses faiblesses, totalement assumées, ses limites, son attachement au sujet – qui n’en est pas un en quelque sorte – de la part des auteurs.
Un lieu, une plage de nudistes fréquentée par des homosexuels. Je sais, elles existent en Grèce. Et des personnages créés de toute pièce par un Zacharias Mavroeidis en plein délire de provaction, comme l’avait fait un certain Pedro Almodóvar dans ses premiers essais pseudo pornos qui, malgré tout, l’ont conduit à ce qu’il est aujourd’hui, l’un des plus grands réalisateurs de films.
Quelques courts, documentaire(s), et un premier film queer, O Xenagós (The Guide / Le guide touristique), en 2010, que j’avais vraiment apprécié, en raison de sa discrète affection pour le cinéma de Constantin Giannaris, son compatriote, lui, plus libéré dû sans doute à son long séjour en Grande-Bretagne. Pour le cinéma LGBT made-in-Greece, un va-et-vient, selon les époques, les régimes politiques, la dynamique sociale, un pays, jadis, situé socialement entre l’Orient et l’Occident, et un peu de tout ça.
Ce Summer with Carmen, c’est aussi l’été passé à s’occuper, justement, de Carmen, le petit chien femelle, totalement adorable, parfois témoin des agissements du personnage principal, ce qu’on appelait jadis un « Dieu Grec » et dont les parties intimes sont très souvent montrées dans le film.
Exprès ou pas, Mavroeidis renvoit avec certitude à divers genre de cinéma LGBT, soft porno, que nos voisins du Sud, les Américains, avaient valorisé vers la fin des années 1960 et tout au long des 80… aussi, la fiction mainstream, la comédie dramatique queer où les véritables sentiments demeurent occultés, notamment dans le cas de Démosthène – un prénom antique, pas de hasard, pas de coïncidence – campé par un Yorgos Tsiantoulos, qui aurait très bien pu figurer dans l’un des spectacles, dits « osés » du remarquable artiste multidisciplinaire Grec Dimitris Papaioannou, un génie.
Une rupture amoureuse, une possibilité de faire partie d’un film, une mise en abyme un peu mal ajustée… et finalement, un petit grand film qui se savoure comme ce soleil grec estival jouissivement brûlant, séduisant.
Mais soyons honnêtes et plus que tout, justes, envers Mavroeidis. À partir d’un petit film sans vraiment d’ambition, un caprice peut-être, il signe une sorte de revendication de l’image queer à l’écran, et particulièrement venant de Grèce, mais récrimination qui ne s’observe qu’en filigrane, la nudité prenant trop de place, les excès du camp trop présents et une tendance à idéaliser le charnel. Aurait-il pu être plus revendicateur ?
Une rupture amoureuse, une possibilité de faire partie d’un film, une mise en abyme un peu mal ajustée… et finalement, un petit grand film qui se savoure comme ce soleil grec estival jouissivement brûlant, séduisant.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Zacharias Mavroeidis
Scénario : Zacharias Mavroeidis, Fondas Chalátsis
Direction photo : Theodoros Mihalopoulos
Montage : Livia Neroutsopoulou
Musique : Ted Regklis
Origine(s)
Grèce
Année : 2023 – Durée : 1 h 46 min
Langue(s)
V.o. : grec; s.-t.a.
To Kalokaíri tis Kármen
Dist. [ Contact ] @
Cinephobia Releasing
[ Be for Films ]
Diffusion @
Format DVD
Public (suggéré)
Interdit aux moins de 18 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]