The Sweet East

 PRIMEUR
Sortie
Vendredi 12  janvier 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Lilian, jeune lycéenne, fugue durant un voyage sco­laire. Au fil de ses ren­contres, elle découvre un monde insoup­çon­né. Les frac­tures men­tales, sociales et poli­tiques des États-Unis, fil­mées comme un conte de fée.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Lilian au pays

des merveilles

Pour l’anti-héroïne, magnifiquement incarnée par Talia Ryder (entre autres, West Side Story, de Steven Spielberg), de la plume de Nick Pekerton, ainsi que la mise en scène et la direction photo de Sean Price Williams (qui a déjà travaillé avec les frères Safdie) le monde est un conte de fée version-21e siècle où tout est permis, autant les fausses innocences que les excès les plus inavoués, comme s’emparer d’un sac de voyage contenant… et faire ce qu’on veut avec, même si…

Détail d’autant plus fascinant que le personnage en question n’avait rien planifié, comptant sur les évènements d’un film qui ressemble à un exercice d’improvisation magistralement contrôlé.

Un début avec ses camarades d’école, les filles plus entreprenantes que les garçons, eux de vrais représentants, malgré leurs accoutrements et leurs comportements, du fameux club « boys-will-be-boys ». Elle, absente, discrète.

Surtout, ne pas céder au rapprochement.

Lillian, cette jeune lycéenne, a plutôt décidé de partir. Pour voir ailleurs si les choses sont meilleures même si au fond, elle est prête à toutes les expériences.
S’il y a quelque chose de vaillant chez ce jeune réalisateur (mi-quarantaine) c’est cette radiographie de la nouvelle féminité : la nouvelle femme, surtout l’émergente, libre de ses actes, revendiquant certains comportement hérités des hommes pour affranchir son pouvoir; paradoxalement, en revanche, capitalisant sur ses charmes pour soustraire « certains » hommes à son influence.

Cette nouvelle odyssée nous conduit vers des endroits plutôt minables où on fait la rencontre de personnages les uns plus tordus que les autres. Si le titre du film affiche avec véhémence sa signification handicapée, il n’en demeure pas moins qu’aux yeux des auteurs du film, c’est sans doute le portrait d’une nouvelle Amérique héritée de l’ère trumpiste auquel nous avons droit. Deux voies qui s’élèvent et se contredisent et où les rapports de force ne donnent aucun accès à la réconciliation. Mais surtout, où la notion de vérité ou de décence a foutu le camp.

Entre temps, Lillian parfait son éducation, prête à faire ses premiers pas dans une toute Nouvelle Amérique.

Ce discours, chez le réalisateur, vibre pourtant à voix basse. Il s’illustre par quelques moments importants, comme la présence d’une communauté clandestine d’êxtrême droite qui prépare ce qu’on ne verra jamais.

Car Sean Price Williams escamote intentionnellement son projet, nous dirige vers d’autres horizons incertains, bousille le rythme du film à plusieurs reprises, se permet des liberté de style (qui n’est pas vraiment du style), verbalise son projet à travers la notion du non-sens, et c’est sans doute ce qui fait la force du film. De sa part, aucun discours politique, si ce n’est (on vous laisser la liberté de deviner) que…

Entre temps, Lillian parfait son éducation, prête à faire ses premiers pas dans une toute Nouvelle Amérique.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Sean Price Williams

Scénario
Nick Pinkerton
Direction photo
Sean Price Williams
Montage
Stephen Gurewitz
Musique
Paul Grimstad

Sean Price Williams

Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 44 min
Langue(s)

V.o. : anglais
The Sweet East

 

Dist. [ Contact ] @
Utopia
[ Marathon Street / Base 12]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]