The Times They Are A Changin’
CRITIQUE
scène
Élie Castiel
★★★ ½
Chanter pour changer un monde fracturé
Uniquement, deux personnages sur scène, une narratrice-chanteuse et son pendant masculin. Une bande de musiciens aussi enthousiastes que persévérants. Non pas une comédie musicale que ce The Times They Are a Changin’, mais un concert-hommage aux années 1960, particulièrement la fin de cette décennie particulière.
À travers le prisme et l’éthique de chansons engagées, aussi bien que chargées d’airs inoubliables, tout simplement. On évitera la liste d’épicerie, mais comment ne pas citer le Suzanne de notre Cohen national, The Sound of Silence de Paul Simon, Like a Rolling Stone de Boy Dylan, et le nostalgique Changes de Phil Ochs, qui émeut l’âme et ravive l’esprit, disparu trop tôt dans des circonstances tragiques (suicide par pendaison). Déjà, sa chanson There But for Fortune (également au programme) fait part d’un pessimisme pourtant annonciateur des temps qui vont suivre.
Voyage nostalgique, retour sur la mémoire, théâtre musical digne de son nom, The Times They Are A Changin’ illumine la grande scène du Segal, subtilement, sans trop de bruit, mais avec assez de prestance, d’élégance, de bon-goût et, plus que tout, d’un rapport au public des plus bienveillants.
Louise Pitre (magnifique dans l’immortel The Angel and the Sparrow) et W. Joseph Matheson (également dans The Angel… ) s’assurent du parfait équilibre entre la narration, que viennent appuyer des documents d’archives et les airs choisis. Les voix ne sont peut-être pas parfaites, et c’est tant mieux car on a l’impression d’assister à un spectacle intime, là où l’émotion n’est pas préfabriquée, mais germe de l’âme, des tripes, des souvenirs qui reviennent nous hanter sans s’annoncer. Et ça nous fait plaisir.
Avec un spectacle comme The Times They Are Changin’, en référence à la chanson de Bob Dylan, le légendaire troubadour, qui sera reprise en pièces méticuleusement détachées, on prend conscience que sans une charge d’émotion, même minime, toutes les formes de la représentation artistique (ballet, concert, pièce de théâtre, films dans la plupart des cas… ) n’ont plus la même vigueur et risquent de s’avouer vaincus.
Voyage nostalgique, retour sur la mémoire, théâtre musical digne de son nom, The Times They Are A Changin’ illumine la grande scène du Segal, subtilement, sans trop de bruit, mais avec assez de prestance, d’élégance, de bon-goût et, plus que tout, d’un rapport au public des plus bienveillants.
On fait référence aux nombreux chanteurs et chanteuses juif(ves) du début des années 1960 qui ont dû (sauf dans le cas de Leonard Cohen) changer de nom pour réussir dans le métier et étaient, pour la plupart, des artistes politiquement engagés. Un bémol : les Beatles, par exemple, ont été oubliés. Mais sans doute que les créateurs ont voulu se distinguer en se concentrant sur notre côté de l’Atlantique.
À voir à un moment de l’Histoire de la condition humaine qui se noie de plus en plus profondément dans des dystopies inquiétantes. À moins que… !
ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Mise en scène
Avery Saltzman
Apprenti à la mise en scène
Orlando López
Régisseuse
Daniellle Skene
Scénographie
Sabrina Miller
Styliste
Louise Bourret
Projections
Dan Bowman
Éclairages
Emily Soussana
Orchestration
Mark Camilleri
Direction musicale / Montréal
Nick Burgess
Musiciens
Nick Burgess (claviériste)
Simon Legault (guitare)
Jason Fiels (guitare)
Evan Stewear (basse)
Peter Colantonio (batterie)
Artistes
Louise Pitre
W. Joseph Matheson
Production
Segal Center
avec l’appui du Harold Green Jewish Theatre
(Toronto)
Durée
1 h 30 min
[ Sans entracte ]
Représentations @
Jusqu’au 22 mars 2020
Classement
Tous publics
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]