The Whale
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Mercredi 21 décembre 2022
Charlie, professeur d’anglais reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption.
CRITIQUE.
★★★★
État
contemplatif
texte
Élie Castiel
Le nouveau film de Darren Aronofsky repose sur une proposition morale, voire philosophique, car émanant d’un regard idéologique du monde. Réaliser l’utopie tant souhaitée du bien contre le mal. Admettre que dans tout acte rédempteur, la voie de la raison peut l’emporter sur le chaos.
Un des films les plus atypiques de l’auteur, en autres, du très beau Mother! / Mère! (2017). Force est pourtant de souligner que dans The Whale, on retrouve de nombreux périmètres narratifs et de style de ses films précédents; et même cette symbolique qui s’illustre par des fréquents détournements du plan et même de la couleur et qui font partie de son univers intellectuel comme cinéaste-auteur.
Il est question ici d’un huis clos anxiogène où la parole domine – puisque tiré d’une pièce de théâtre éponyme du coscénariste Samuel D. Hunter. Pour « faire cinéma », le recours au gros plan, particulièrement en ce qui a trait au personnage de Charlie (illustre personnification de Brendan Fraser, sans doute l’une de ses meilleures prestations), qui doit composer avec les multiples états d’âme dans un espace restreint où la caméra le colonise sans cesse.
Prothèse exemplaire d’Adrien Morot qui donne au personnage cet aspect entre le grand-guignolesque et la réelle empathie – belles poussées de chaleur humaine entre Charlie et Liz, son infirmière attitrée; Hong Chau, exemplaire dans son humanité, rare de nos jours, et les liens authentiques qu’elle entretient avec son patient, des rapports fraternels.
Et narrativement, subtilement, ingénieusement, non pas pour porter vulgairement atteinte à la condition physique de Charlie; bien au contraire, pour mettre en perspective le sens de ce « cétacé marin » dans Moby Dick, l’œuvre de Herman Melville, dont il largement question dans le film.
Mais chez Aronofsky, persiste ce côté quasi fantomatique du plan, une dépendance avec les couleurs et les éclairages qui passe par ce refus de réalisme. Et puis, vers la fin, Elli (la fille de Charlie, celle par qui le conflit arrive – très habitée Sadie Sink – ouvre la porte de la maison et l’image s’éclaire d’une lumière quasi artificielle brillante, sur son beau visage, cette fois-ci, apaisé; comme si Aronofsky refusait ainsi le recours au concret, optant pour la métaphore.
À voir par, notamment, ceux et celles pour qui suivre la carrière d’un cinéaste qui compte est une affaire de morale.
On passe du 1.33 : 1 au 1.85, non pas par caprice, mais pour signifier la proposition, pour explique le huis clos, cet espace restreint. En quelque sorte, un voyage intime dans la pensée d’un homme qui se sait condamné.
À voir par, notamment, ceux et celles pour qui suivre la carrière d’un cinéaste qui compte est une affaire de morale.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Darren Aronofsky
Scénario
Samuel D. Hunter,
d’après sa propre pièce
Direction photo
Matthew Libatique
Montage
Andrew Weisblum
Musique
Rob Simonsen
Genre(s)
Drame
Origine(s)
États-Unis
Année : 2022 – Durée : 1 h 57 min
Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
La baleine
Dist. [ Contact ] @
Entract Films
Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]