To Kill a Tiger
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 10 février 2023
Dans un petit village indien, Ranjit décide de poursuivre en justice les trois assaillants de sa fille de 13 ans, tous trois accusés de viol.
COUP de ❤️
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★ ½
Le
viol
d’une
jeune
fille
douce
Cinéaste indépendante canadienne, Nisha Pahuja signe en premier lieu des documentaires où l’Inde, son pays d’origine, est représentée dans des contextes hors de l’ordinaire (Bollywood Bound / 2002, The World Before Her, 2012), réponses à l’industrie Bollywood, usine à rêves, bien que ces derniers temps [n.d.l.r.] les nouveaux cinéastes ont de plus en plus recours aux critiques sociopolitiques et à la corruption endémique.
texte
Élie Castiel
Est-ce la raison pour laquelle, dans To Kill a Tiger, Pahuja mêle avec une justesse de ton impressionnante documentaire et fiction, deux formes s’enchevêtrant adroitement, souvent subtilement, au fur et à mesure des évènements. Dans un village, le viol d’une jeune adolescente de 13 ans, perpétré par trois jeunes hommes du même endroit ne suscite presque pas d’indignation.
Image concluante d’une Inde divisée en deux; celle occidentalisée (et instruite), ayant épousé les valeurs d’un Occident démocratique; d’autre part, celle des populations de villages périphériques, très souvent éloignés, où règnent la tradition, la supériorité des Hommes, la résignation et une idée inégalitaire, massivement partagée, de la femme.
Si les villageois sentent la nécessité de tout oublier en faisant en sorte que l’un des agresseurs épouse la victime, le père de celle-ci décide de les poursuivre en justice. Un chambardement face aux valeurs ancestrales. Qu’un homme, comme pris d’un élan de justice venu d’on ne sait où, puisse être le précurseur d’un changement de cap risque de tout chambarder. La mère, elle, d’abord réticente, change d’avis en cours de route. Comme « instruite » par ces groupes de militants venus de la grande ville, comme ceux de la fameuse fondation Srijan.
L’Inde est au courant de ce drame rural puisque les diverses voies et voix de la communication (Internet, télévisions, radios), fidèles à leur tâches, bouleversent et catapultent l’opinion publique.
Menaces, intimidations, rejet, autant de mises en garde envers ce père « indigne » envers la tradition. La cinéaste soulève ainsi un thème récurrent dans le cinéma indien, un rejet catégorique de la démocratie dans certaines communautés, prouvant ainsi que dans ce pays, la notion de ce concept grec est une variante à deux voies.
Nisha Pahuja réussit admirablement un essai cinématographique aux parois solides d’un bâtiment humain d’une fragilité déconcertante. C’est bel et bien l’originalité du film, tout en soulignant une narration d’une force émotive et circonstancielle étonnante.
Plus qu’un film d’intervention sociale, To Kill a Tiger / Tuer un tigre investit le plan et ses dérivés pour participer à une fable morale, digne et définitivement solidaire.
À mesure que l’enquête s’organise, avec son lot de divergences d’opinions, de tentatives de faire changer d’avis autant la victime que le père, personnage central du film, le film s’inscrit dans des genres particuliers, le drame judiciaire (auquel on n’assistera jamais physiquement) aussi bien que le documentaire, ici, rarement atteint par une mise en images particulièrement obsédante, comme prise par ces effroyables silences qui ne cessent de hurler le désarroi.
Mais aussi par des participants pris au piège de la fiction, comme si leurs rôles devaient non seulement être pris au sérieux, mais bien plus, intégrer toute l’émotion, la colère, la honte et ces incongruités issues du drame.
Nisha Pahuja réussit admirablement un essai cinématographique aux parois solides d’un bâtiment humain d’une fragilité déconcertante. C’est bel et bien l’originalité du film, tout en soulignant une narration d’une force émotive et circonstancielle étonnante.
J., la jeune fille, dira… « Je pense qu’on doit faire son devoir et toujours faires ce qui est juste. Ne jamais faire le mauvais choix… ». Simples mots qui en disent long sur une possible émancipation des mentalités, lente mais possible. Nous préférons ne pas vous en dire davantage sur les aspects narratifs de ce très beau film, vous laissant le soin de les découvrir pour, ensuite, tirer vos propres conclusions.
Plus qu’un film d’intervention sociale, To Kill a Tiger / Tuer un tigre investit le plan et ses dérivés pour participer à une fable morale, digne et définitivement solidaire.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Nisha Pahuja
Scénario
Nisha Pahuja
Direction photo
Mrinal Desai
Montage
David Kazala, Mike Munn
Musique
Jonathan Goldsmith
Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Canada
Année : 2022 – Durée : 2 h 05 min
Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a. ou s.-t.f.
Tuer un tigre
Ek Baagh Ko Maar Daalo
Dist. [ Contact ] @
Office national du film
Diffusion @
Cinéma du Parc
Classement
Visa En attente
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]