Twilight of the Warriors: Walled In

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 9 août 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans les années 80, le seul endroit de Hong Kong où la Loi Britannique ne s’appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

La reconstitution de cette « City of Darkness » (qu’on peut traduire par « ville des ténèbres »), autre titre anglais du film de Soi Cheang est d’une poésie transcendante malgré son côté apocalyptique, glauque, obsédant,  alternant, du point de vue de la caméra, de plongées en contre-plongées, donnant ainsi une puissance d’évocation à la fois hallucinante et déchirante.

Hong Kong

côté sombre

Les tonalités chromatiques grises et basanées, optant pour les lumières sombres sont fréquentes pour illustrer certains lieux. Le Hong Kong des années 80 du siècle dernier, celui des enseignes au néon, des cabarets, des maisons closes, des endroits interlopes, de la pègre locale, des triades, des contrebandes, de la prostitution, des interdits.

Une faune bigarrée de réfugiés venus de partout qui composent une agglomération incontrôlable. Dans les endroits les plus démunis, hors de la grande ville, elle aussi pervertie, filmée comme une jungle en effervescence, toujours sujette aux pires sévices mais où une population largement déshéritée a depuis longtemps été habituée.

Et soudain… ennemis.

De Soi Chean, on se rappellera, entre autres, et avec bonheur, de son Dog Bite Dog (Gau ngao gau, 2006). Ici, et c’est bien intentionnel de sa part, il s’agit d’un regard nostalgique à la fois ethnographique et cinématographique. Il réussit amplement sa proposition par une esthétique de la reproduction, parfois comme s’il s’agissait de peintures allégoriques d’une ville enfoncée dans le néant.

En parallèle, des habitations cossues des poids lourds du blanchiment d’argent et du trafic d’influence et des narcotiques de toutes espèces. La police se mêle dans ces jeux de pouvoir.

Mais le cinéaste, à juste titre, humanise certains personnages de la déchéance morale, comme celui de Cyclone, campée par un Louis Koo exceptionnel, alternant entre un humanisme bon-enfant, parfois incontrôlé et le gangstérisme irréprochable auquel il adhère, et auquel tous ceux du milieu se doivent allégeance, faute de quoi…

Le dernier plan du film, magique, vu presque à vol (bas) d’oiseau est filmé comme l’ode à une ville qui, dans les années qui suivront, changera complètement, suite à la démolition de la ville des ténèbres. Mais les triades, elles, continueront d’exister. Effectivement, le plan a rarement produit un effet aussi transcendant.

La grande surprise du film est la présence foudroyante de Raymond Lam, apportant à son rôle de Chan Lok-kwun une aptitude et un charisme électrisants. Ses combats dans des lieux étroits sont d’une minutie magnifiquement chorégraphiée, à l’intérieur d’un tas de ferraille, des installations insalubres, des lieux clos sans issue, des extérieurs où la foule demeure captive face aux règlements de compte qui se jouent régulièrement.

Le dernier plan du film, magique, vu presque à vol (bas) d’oiseau est filmé comme l’ode à une ville qui, dans les années qui suivront, changera complètement, suite à la démolition de la ville des ténèbres. Mais les triades, elles, continueront d’exister. Effectivement, le plan a rarement produit un effet aussi transcendant.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Soi Cheang

Scénario : Au Kin-Yee, Chan Tai-Lee, Jun Li
Shum Kwan-Sin. Tiré de la BD de Yu Yi
Direction photo : Cheng Siu-Keung
Montage : Cheung Ka-Fai
Musique : Kenji Kawai

Genre(s) : Action
Origine(s) : Hong Kong

Année : 2024 – Durée : 2 h 06 min
Langue(s)
V.o. : cantonais, mandarin ; s.-t.a.
Jiǔlóng chéng zhài·wéichéng
City of Darkness

Soi Cheang


Dist. [ Contact ] @
A-Z Films
[ Well Go USA Entertainment ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]