Un divan à Tunis
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 31 juillet 2020
SYNOPSIS SUCCINCT
Selma, née en Tunisie, a émigré en France à l’âge de 10 ans. Adulte, elle retourne dans sa ville d’origine afin d’ouvrir un cabinet de psychanalyse et ainsi servir les membres de sa communauté.
< CRITIQUE >
texte
Élie Castiel
★★★ ½
Mœurs traditionnelles encore obligent malgré les élans libérés de la modernité, toutes les couches de la société confondues, la franco-tunisienne Manele Labidi ne pouvait faire autrement que d’apaiser ses ardeurs, d’autant plus soulignés par la présence de cette (jeune) femme émancipée, prenant des risques, pourvue de tous les moyens affranchis par son aventure à l’étranger. Elle revient de France et, ironiquement, comme battante, préfère lutter de l’intérieur. Socialement, pas politiquement. Mais oublie que tout est politique, que toutes les tendances de la mouvance humaine sont imbriquées les unes dans les autres. Impossible de s’en sortir. Même dans nos rapports et liens familiaux.
Déballage
sur canapé
Pour notre grand bonheur puisqu’il s’agit ici d’une comédie dramatisée qui, en mode fiction, ne peut afficher, à condition d’avoir la dextérité acquise, que de bons résultats. Outre la réalisation alerte, dynamique, subtilement outrancière, on peut compter ainsi sur le montage habile du Grec Yorgos Lamprinos (entre autres, le très beau documentaire multi-genre d’Evangelia Kranidi, Obscuro Barroco (2018). Tout en soulignant le travail à la caméra du Français Laurent Brunet – du satirique Tel Aviv on Fire (2018) de Sameh Zoabi et plus loin avant ça, Séraphine (2008), de Martin Provost, où il prenait un plaisir à la fois étrange et quasi incestueux à filmer Yolande Moreau.
Voici un tout premier long qui évoque, pour tout cinéphile, par son titre uniquement, Un divan à New York (1996) de Chantal Akerman. Comme dénominateur commun aux deux : la psychothérapie. Une star du cinéma indie européen, la franco-iranienne Golshifteh Farahani, toujours aussi autonome dans le geste et l’esprit. Elle quitte Paris et se retrouve à Tunis, comme ça, pour se réapproprier ses racines et… ouvrir un petit cabinet de psychanalyse. Endroit peu rêvé qui conduit un nombre incroyable de patients (femmes et, oui, presqu’autant d’hommes). Comme quoi les mythes normalement associés à la nouvelle Tunisie (il faudrait ajouter l’Algérie et le Maroc) s’avèrent vraiment des affabulations, tant ces pays ont atteint un niveau d’occidentalisation et par là-même (grâce ou à cause d’Internet et des réseaux sociaux) commencent à saisir les enjeux psychologiques qui les tenaillent – chose impensable il y a quelques décennies.
Quel beau geste également de la part de Labidi – autant dans l’affiche que dans un tableau dans le cabinet de la psychanalyste, un portrait de Freud, père moderne du psyché, portant un tarbouch. Judaïsme et Islam se côtoient de ce fait allègrement.
Mais Labidi prend le soin de montrer ces nouveaux engagements sociétaux selon l’approche passe-partout de la comédie. Il y a même un personnage homosexuel (dommage pour la légère caricature, même s’il conserve fièrement son allure masculine et finit par assumer, grâce à la belle psychanalyste, son orientation sexuelle) qui se trouve parmi cette horde de citadines, pour une fois, profitant elles aussi de la présence de la belle psychologue, pour apaiser leurs angoisses… et comme tout récit qui se respecte, s’en sortir. Quel beau geste également de la part de Labidi – autant dans l’affiche que dans un tableau dans le cabinet de la psychanalyste, un portrait de Freud, père moderne du psyché, portant un tarbouch. Judaïsme et Islam se côtoient de ce fait allègrement.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Manele Labidi
Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
France
Tunisie
Année : 2019 – Durée : 1 h 28 min
Langue(s)
V.o. : français, arabe ; s.-t.f. ou s.-t.a.
Arab Blues
‘Arikat fi Ťúnis
Dist. @
Eye Steel Films
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]