Un poyo rojo

SCÈNE – Élie Castiel

| ★★★ |
Le sport favori de l’homme

Sur la scène de la grande salle du Centaur, un décor minimaliste, quelques accessoires, un vieille radio portative des années 1980 ou 1990 et comme lieu, le vestiaire (mieux dit : locker room) d’un établissement sportif. Deux hommes, et personne d’autre.

Un poyo rojo

©Ishka Michocka

Entre eux, une attraction mutuelle qui n’ose se prononcer, à moins que l’un d’eux fasse les premiers pas, les premiers gestes. Même si ces signes sont gauches, mal préparés puisqu’ils sont improvisés et instinctifs, impulsifs même. La personne à laquelle ils s’adressent ne semble pas répondre immédiatement.

D’où un faux « pas de deux » théâtral qui ressemble à de la gymnastique, sans l’être, à une gestuelle latente de la séduction, sans vraiment l’assumer. Une heure de tension entre deux hommes visiblement gais, mais qui sentent que l’endroit n’est pas propice à cette soudaine attirance.

Mais quand même : il faut oser. Et ça se termine sur une lumière rouge, un rouge profond, sensuel, érotique… il ne faut pas en dire plus. La mise en scène signée Hermès Gaido, comme le décor, se veut minimaliste, laissant les deux protagonistes, Luciano Rosso et Nicolás Poggi, maîtres de la scène, guidés par un humour particulier hérité du camp, connaissant les limites requises pour ne pas trop défier le public d’aujourd’hui, usant de la provocation avec autant de courage que de filtre. Sur ce point, Un poyo rojo est réussi.

Quand le sport se mêle à la sexualité et au possible rapport à l’autre, cela fait jaillir des étincelles.

Mais narrativement, le show se perd parfois dans des voies de garage qui ne conduisent nulle part. Mais c’est peut-être ce qui caractérise les lois de la drague. Le mime est au rendez-vous et laisse les corps exploiter cette discipline. Le théâtre devient danse et vice-versa. Les formes se confondent pour, finalement, oser un dernier geste amoureux, sensible, approuvé ce soir de Première par la grande majorité des spectateurs et particulièrement des spectatrices. Quand le sport se mêle à la sexualité et au possible rapport à l’autre, cela fait jaillir des étincelles.

FICHE TECHNIQUE

Idée: Luciano Rosso, Nicolás Poggi, Alfonso Barón, Hermès Gaido
Mise en scène: Hermès Gaido
Chorégraphie: Luciano Rosso, Nicolás Poggi
Production: Producciones Teatrales T4 [Jonathan Zak, Maxime Seuge] En collaboration avec la TOHU
Durée: 1 h 05 [ Sans entracte ]
Représentations: Jusqu’au 29 septembre 2019, Centaur [Grande salle]
Avis: Interdit aux moins de 12 ans