Un silence
PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 3 mai 2024
Silencieuse depuis 25 ans, Astrid, la femme d’un célèbre avocat, voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.
C H O I X
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Les intimités
particulières
Déjà, le titre, désincarné, abroge toute possibilité de concilier les enjeux de cette histoire innommable, grave, qui arrive parfois dans la vie sociale, mais qu’à chaque fois jette son dévolu sur les enjeux moraux et éthiques du comportement. Comme dans la grande majorité des cas dans ce genre d’affaire, « l’homme » et non la femme est celui par qui le scandale arrive.
Mais le « silence » règne dans la demeure de cet avocat plaidant, en temps normal, les bonnes causes et qui, comme ça, sur un ton intentionnellement proverbial, avouera à son fils (adoptif) l’infâme, mais a appris à changer avec le temps. Un temps, d’ailleurs très long. Vraiment ?
La rigueur du film, son austérité, regard, tient justement dans sa déconstruction du silence, à le rendre relativement audible, quitte à ce que les spectateurs se sentent, une fois n’est pas coutume, désorientés par la fuite de tant de vérités cachées. Particulièrement dans une société actuelle occidentale qui ne jure que par la marginalisation des comportements outranciers.
Belle proposition de la part de Joachim Lafosse, dans son film fort certainement le plus glauque. Tournage presque dans l’ensemble dans l’obscurité de la nuit, à part quelques séquences qui, par leur lumières claires diurnes, vu les circonstances, jettent leur contraste entre deux atmosphères que tout oppose mais qui finissent par s’assembler.
Joachim Lafosse, celui-là même du superbe Les intranquilles (voir ici.] n’essaie pas d’imposer ce sujet grave comme le font souvent les reportages télés sensationnalistes, mais opte pour une mise en scène clinique, rejetant le côté organique, comme si les corps qui traversent ce récit impie se muaient comme des fantômes venus d’un autre ailleurs.
Si Un silence s’inspire de l’affaire Victor Hissel, Lafosse, par contre, rejette catégoriquement les clichés associés à ces cas pour construire un film d’un rare équilibre formel.
Pour y parvenir, trois excellents interprètes qui jouent indiscutablement le rigorisme dans l’art d’interprétation. Compte tenu du sujet dont il est question, Daniel Auteuil, inscrit son rôle (François Schaar, l’avocat en question) dans une dynamique entre l’impuissance, la prise de contrôle et le souci de défendre « l’indéfendable » grâce à une mise en scène du comportement extraordinairement orchestrée.
Et puis Astrid Schaar, sa femme, dont Emmanuelle Devos défend avec un soin viscéral apporté à sa magnifique interprétation. Diverses expressions faciales qui expriment ces silences, des non-dits accumulés au cours des ans avec un mécanisme visant à retenir le couple, autrefois soudé, craignant néanmoins les nouveaux enjeux qui risquent indubitablement de le détruire.
Et puis, un point central, la présence de Raphaël Schaar, le fils d’ailleurs, lui aussi… qu’interprète avec un relâchement physique et un ricanement des plus cyniques Matthieu Galoux, dans un premier rôle à l’écran qui devrait, en principe, lui ouvrir des portes.
Si Un silence s’inspire de l’affaire Victor Hissel, Lafosse, par contre, rejette catégoriquement les clichés associés à ces cas pour construire un film d’un rare équilibre formel.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Joachim Lafosse
Scénario : Joachim Lafossse, Chloé Duponchelle
Paul Ismael, Thomas van Zuylen
Direction photo : Jean-François Hensgens
Montage : Damien Keyeux
Musique : Ólafur Arnalds
Genre(s)
Drame social
Origine(s)
Belgique / France
Luxembourg
Année : 2023 – Durée : 1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : français
Un silence
Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique
[ Les Films du Losange ]
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Thème sensible ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]