Vers l’abrutissement de l’espèce humaine

RECENSION.
[ Sociologie ]

★★★ ½

Et dieu créa

l’être

(im)parfait

 …à son image

texte
Élie Castiel
Polémiste, fauteur de trouble, rabat-joie (ici, casseux de party – prononcez parté), pour certains, extrémiste; pour d’autres, orateur des quatre vérités. De quel côté électoral se range-t-il? À droite? À gauche? Au centre? Nulle part?

Toujours est-il que même après la lecture de Vers l’abrutissement de l’espèce humaine, essai on ne peut plus apocalyptique, on sort de ces heures de lecture, épuisés, déconcertés, la mine basse, comme soudainement pris dans une espèce d’agitation iqui nous rappelle ou nous fait découvrir nos faiblesses, nos doutes, nos préjugés, notre humanité dans ses formes les plus impures et radicales.

Une plume, on peut même parler de lame, acérée, assassine, qui ne recule devant rien pour fustiger autant la gauche que la droite, et surtout cette nouvelle gauche qu’il classifie de wokée, puisque idéologique, fanatique, issue des campus académiques (les universités étant les sanctuaires les plus reluisants de cette nouvelle culture émanant des esprits chauffés d’une certaine intelligentsia urbaine), s’en tenant à des principes qu’accuse un Romain Gagnon qui ne mâche pas ses mots lorsqu’il pointe du doigt.

Parfois même allant trop loin, comme prisonnier de sa propre proposition, une idée risquée pour le lecteur québécois, en principe, pacifiste et manquant de courage face aux « vrais » débats, les enjeux qui comptent.

On peut, en fait, on doit ne pas être d’accord avec toutes les théories (et statistiques douteuses) de Gagnon, ces hypothèses, doctrines qu’il dégage dans cette étude un peu fourre-tout, peut-être trop ambitieuse, mais force est de souligner que l’auteur soulève des questions auxquelles une bonne partie du public est consciente, mais préfère ne pas en parler. Flegme? Je-m’en-foutisme? Allez savoir !

Une chose est certaine : effet de mode, peut-être, mais petit à petit, « sûrement, pas vite », la plume québécoise est-elle en train de former de nouveaux débateurs d’idées, ces enquêteurs qui sillonnent les bas-fonds idéologiques de la société – qu’il s’agisse de politique, d’éducation, de familles normatives, d’autres monoparentales et de phobies, comme l’islamophobie, l’homophobie (Gagnon ne citera jamais l’antisémitisme).

Il aborde la question du climat, l’écologie, les jeunes milléniaux qu’il décrit comme atteint d’une sensibilité à fleur de peau. Il se montre très critique envers les trois religions monothéistes. Nous sommes prêts à croire ses interventions puisque ce livre de 246 pages est ponctuée de plus de 350 notes bibliographiques. Preuves à l’appui qui viennent justifier ses théories.

Comme c’est le cas dans ce genre de publications, le français utilisé conserve une rigueur appropriée même si Romain évite l’approche philosophique qui peut être, en principe, barbante et hautaine.

Romain Gagnon est trop conscient de ses connaissances. L’humilité, c’est pour les autres; il les expose pourtant avec une telle sincérité et façon altière que nous sommes prêts à lui pardonner cette offense.

La nouvelle orientation ayant rapport au genre ne lui plaît guère, pas du tout. Chez les individus, il y a les « hommes » et les « femmes ». Entre les deux? Muni de preuves scientifiques, il établit les bases originelles des deux sexes, dénonce les nouvelles transformations génétiques, pousse des hurlements devant toutes ces nouvelles modes qu’il espère passagère.

Un espoir lorsqu’à la fin du livre il espère de tout cœur que ses filles pourront écrire un épilogue à ce « récit apocalyptique », plus tard sans doute, lorsqu’il ne sera plus de ce monde.

Il est question de cette fameuse culture du bannissement (cancel culture), issue du manque de contextualisation des gens de notre époque, et pas seulement de la part des millénaux universitaires, également une partie de la population at large atteinte de ce nouveau virus idéologique qui consiste à effacer ce qui est devenu, depuis l’affaire Floyd, blâmable.

La quatrième de couverture indique que « Le livre contient des mots et des idées qui pourraient offenser ». Est-ce la raison pour une page couverture vantant les mérites de la bande dessinée, une façon d’atténuer le propos? Pour ma part, je pense que Romain Gagnon aurait dû aller plus loin. Ceux qui osent aborder certaines questions de front, méritent notre adhésion.

Les obèses, les compétitions sportives féminines et surtout les trans qui veulent en faire partie, sont commentés par Gagnon. Ce qui n’existait pas auparavant et qui existe aujourd’hui est-il valable?

Romain Gagnon, une fois de plus ne se pose pas la question. Il attaque de front, s’en fiche totalement du qu’en-dira-t’on. Mais en même temps, serait-il nostalgique d’un espace social occidental d’autrefois, moins agité, plus apte à une certaine idée équilibrée du monde?

Sans doute que oui, mais force est de souligner que le monde d’aujourd’hui, à moins d’être apathique (comme c’est largement le cas), ne ressemble en fin de compte qu’à un miroir déformé de notre humanité perdue.

La quatrième de couverture indique que « Le livre contient des mots et des idées qui pourraient offenser ». Est-ce la raison pour une page couverture vantant les mérites de la bande dessinée, une façon d’atténuer le propos? Pour ma part, je pense que Romain Gagnon aurait dû aller plus loin. Ceux qui osent aborder certaines questions de front, méritent notre adhésion.

Romain Gagnon
Vers l’abrutissement de l’espèce humaine :
Inventaire des délires idéologiques du XXIe siècle
Préface de Yvon Dallaire
Montréal : Éditions Stratégikus, 2022
246 pages
[ Illustré ]
ISBN : 978-2-9819-4415-3
Prix suggéré : 24,95 $

Avertissement
Le livre contient des mots et des idées
qui pourraient offenser certains lecteurs.

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]