Visualization
CRITIQUE.
[ court métrage ]
★★★ ½
texte
Élie Castiel
L’exil
et
l’image dépareillée
Une idée lumineuse, un concept surtout, une radicalisation de l’image et pour le message politique, puisque le cinéaste ne peut s’en empêcher dû à ses premières origines, des intentions louables, sans nul doute des risques non calculés. Mais peu importe.
Le projet est plus important que les peines encourues, même si on doit transformer les plans en mouvement, les situer dans un contexte d’expérimentation où seul l’esprit lucide fonctionne, transformant les cadres traditionnels en de gros plans qui montrent les yeux perdus, parfois découlant d’une timide larme (celle d’une femme), hagards. Le cinéaste lui-même devant la toile qui ressemble plus à un outil de psychanalyste et qu’à la fin, il « arrose » de son propre sang. L’objet qu’il faut reconnaître où à quoi il nous fait penser devient la proposition même du film.
Deux mains tâchées de sang noir. La liberté d’expression, les exactions subies, les dangers que fermentent les régimes totalitaires. Tout est là et bien encore. Onze minutes d’expérimentation durant lesquelles le réalisateur dialogue avec la forme, l’esthétique, la narration, celle-ci estropiée, mise en morceaux, comme pour la situer dans un contexte de lutte incessante, indélébile.
Le personnage féminin dira, entre autres, que c’est comme « vivre dans une forêt sans arbre. » Nudité terrestre, nudité des libertés. Néant.
Voici donc un jeune cinéaste pour qui le cinéma est avant tout un « arsenal de lutte », un geste politique, une déclaration contre les régimes totalitaires. En somme, prouvant qu’entre le cinéma et la politique, les frontières doivent être inexistantes.
Le cinéaste lui-même devant la toile qui ressemble plus à un outil de psychanalyste et qu’à la fin, il « arrose » de son propre sang. L’objet qu’il faut reconnaître où à quoi il nous fait penser devient la proposition même du film.
Plus qu’un statement (j’aime bien le terme en anglais, il est plus fort), une preuve comme quoi certains cinéastes ont des rapports responsables au monde, soumettant leur art à dialoguer avec les enjeux auxquels il nous soumet.
Et pour la forme, user de certaines formes d’afféteries et de subtiles sophistications que le médium peu offrir. Mais toujours avec savoir-faire, intelligence et humilité.
Sarrei vise sans doute les Oscars 2023 dans la catégorie « courts métrages de fiction étrangers ». On ne peut que lui souhaiter « bonne chance ».
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Abdolrahman Sarraei
Scénario
Abdolrahman Sarrei
Direction photo
Falah Hassan
Montage
Abdolrahman Sarraei
Musique
Jazzephin
[ Drok.Par ]
Interprètes
Abdolrahman Sarraei
Mojo Mona
Genre(s)
Fiction expérimentale
Origine(s)
Grande-Bretagne
États-Unis / France
Année : 2022 – Durée : 11 min
Langue(s)
V.o. : anglais, français; s.-t.a.
Visualisation
Tajassom
Dist. [ Contact ] @
[ M&R Pictures ]
Classement (suggéré)
Interdit aux moins de 13 ans
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen.★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]