Vues d’Afrique 2023.
IV

ÉVÈNEMENT.
Festival ]

texte
Luc Chaput

 

Les documentaires

 

 Jean-Jacques Dessalines
le vainqueur de Napoléon Bonaparte

Le creuset

de l’histoire

Sur le grand plateau du sud-ouest de Madagascar, un homme s’affaire à creuser l’intérieur d’un baobab pour qu’il serve de réservoir pour l’eau pendant la saison sèche. Mamody a donné un nom à son arbre-bouteille comme les autres familles de cette région pauvre de l’île de l’Océan Indien. Ce moyen métrage à caractère ethnologique de Cyrille Cornu nous fait partager avec douceur la vie de ces populations qui ont trouvé un autre moyen de survivre en employant un moyen traditionnel qui semble être appelé à disparaître comme l’indique le titre Mamody, le dernier creuseur de baobabs.

Après nous avoir présenté des personnalités contemporaines de son pays, Anthony Phelps et Levoy Exil, le réalisateur Arnold Antonin tente de redonner une place prépondérante à Jean-Jacques Dessalines, 1er empereur d’Haïti qui lui donna ce nom ancré dans ses origines autochtones. Jean-Jacques Dessalines, le vainqueur de Napoléon Bonaparte est un voyage dans des lieux iconiques de la vie et de l’œuvre de ce militaire et homme politique, promulgateur de la Constitution de son pays est associé à des discussions entre des historiens et des intellectuels sur ce que ce militaire, surtout reconnu comme vainqueur de l’armée expéditionnaire de Napoléon, a inséré dans la structure sociale toujours persistante dans son pays. Des extraits d’archives diverses permettent de rendre plus visibles ces propos éclairants.

Hommage d’une fille à son père : Souleymane Cissé

Un cinéaste malien retourne dans la ville de ses ancêtres pour y fonder un festival de films et il est acclamé dans d’autres manifestations. Parcours d’une vie très remplie du réalisateur de Yelen, le film de sa fille Fatou Hommage d’une fille à son père : Souleymane Cissé rend un hommage multiforme à ce monument de la cinématographie mondiale. Les archives photographiques sont toutefois peu informatives, entre autres sur ses collègues-étudiants au fameux VGIK de Moscou et les extraits de films sont malheureusement un peu courts. il faut de plus espérer que l’appel pour un meilleur financement de ces institutions et productions africaines soit entendu.

Exploiter l’Eden, Île-à-Vache

Une fille retourne avec son père dans le département d’outre-mer où il est né. Érika Étangsalé emploie à bon escient les films super 8 de famille de Jean-Yves pour documenter la vie en Bourgogne de ce Réunionnais envoyé à 17 ans par le BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) comme travailleur en métropole. Des interrogations sur l’origine des ancêtres côtoient des extraits de Sucre amer, le court métrage longtemps interdit de Yann Le Masson sur l’élection de Michel Debré en 1963. La réalisatrice a réussi dans le moyen métrage Lèv la tèt dann fénwar (Quand la nuit se soulève), un mélange de l’intime et de l’universel qui lui a permis de mériter déjà plusieurs prix.

Certaines œuvres telles Rebeuss, chambre 11, un autre moyen métrage, réquisitoire de la réalisatrice Mame Woury Thioubou sur les conditions de détention au Sénégal et l’enquête de l’Espagnole Raquel Gómez-Rosado, Exploiter l’Eden, Île-à-Vache, sur les conditions de mainmise gouvernementale sur cette île des Caraïbes font également partie de cette offre diversifiée tant dans la forme que le fond.

Vues d’Afrique
Du 20 au 30 avril 2023