White Noise

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 02 décembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Tandis que parents et enfants au sein d’une famille d’aujourd’hui tentent de gérer tant bien que mal les conflits du quotidien, ils explorent aussi les mystères universels de l’amour et de la mort, et se demandent comment faire pour être heureux dans un monde instable.

CRITIQUE.

★★★

texte
Pascal Grenier

 

Le consumérisme aéroporté

Il n’est pas faux de prétendre que Noah Baumbach est l’un des cinéastes américains les plus intéressants depuis près de 20 ans. Natif de Brooklyn, l’auteur-réalisateur se révèle parfois inégal, mais il réussit toujours à conquérir de plus en plus d’admirateurs de telle sorte que chacun de ses films est attendu avec une grande impatience et constitue un événement en soi.

Trois ans après  Marriage Story (Récit d’un mariage), l’un de ses films les plus aboutis et le plus bergmanien à ce jour, Baumbach adapte à l’écran le roman post-moderne White Noise de Don Delillo paru en 1985. Il retrouve Adam Driver (également dans Marriage Story) dans le rôle d’un professeur d’études hitlériennes et de sa famille recomposée avec son épouse (Greta Gerwig, la muse de Baumbach à la ville) et de leurs enfants issus de divers mariages. Suite à un accident et une catastrophe toxique, leurs vies seront bouleversées à jamais alors que Jack et son épouse vivent une crise existentielle.

Une sorte de drame d’anticipation.

Souvent considéré comme une oeuvre inadaptable, le roman de l’un des plus importants auteurs américains contemporains passe plus ou moins bien. Si Baumbach réussit è reprendre les thèmes marquants du livre, à savoir le consumérisme, la dépendance aux médicaments et la paranoïa, il n’en demeure pas moins que la satire sombre tombe souvent à plat. Ne sachant trop sur quel pied danser et employant souvent un ton décalé, mais suffisant, on a affaire à un fourre-tout boulimique qui à force de vouloir jongler avec différents genres (le drame familial, la comédie sociale, l’horreur et le film de catastrophe) finit par s’enfarger dans les fleurs du tapis. Un spectacle cinématographique plus chaotique que convaincant sur la mort. On peut certes faire un parallèle avec la catastrophe environnementale qui constitue le pivot du film et notre retour à une forme de vie «normale» postpandémique.

Dans un futur incertain et face à la mort certaine, on trouve peut-être cette paix intérieure et ce moment de lucidité en assimilant les produits génériques du supermarché comme cette finale empreinte de cynisme.

Mais toujours est-il que le discours et les nombreuses digressions manquent de densité et de mordant et s’avèrent superflus. En revanche, malgré ces nombreux bémols, il y a des moments saisissants comme tout ce second chapitre où l’on nage en plein film de catastrophe et dans la science-fiction.  À cet égard, White Noise se définit davantage comme une forme d’expérience qui pourrait s’apparenter au style d’horreur élevée (quoiqu’ici il faudrait le renommer film de «catastrophe élevée») très à la mode en ce moment avec des cinéastes comme Alex Garland, Jordan Peele et Ari Aster. Mais pour ce qui est de jouer avec le brouillage des simulacres et de la réalité, le film n’y parvient pas toujours, mais s’avère plus convaincant lorsqu’il démontre clairement à quel point le modèle de vie en société est multidimensionnel et radical.

Dans un futur incertain et face à la mort certaine, on trouve peut-être cette paix intérieure et ce moment de lucidité en assimilant les produits génériques du supermarché comme cette finale empreinte de cynisme.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Noah Baumbach

Scénario
Noah Baumbach
Don DeLillo, d’après son roman éponyme

Direction photo
Lol Crawley

Montage
Matthew Hannam

Musique
Danny Elfman

Noah Baumbach.
Encadrer le quotidien.

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
États-Unis
Grande-Bretagne

Année : 2022 – Durée : 2 h 15 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Bruit de fond

Dist. [ Contact ] @
Netflix
[ Equinoxe Films ]

Classement
Visa GÉNÉRAL

[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Diffusion @
[ Cinémathèque québécoise ]
[ Cinestarz Cavendish ]
[ Cinéma Moderne ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]