La mécanique Lucas Belvaux

 RECENSION
[ Cinéma ]

texte
Luc Chaput

★★★ ½

En 2003, une trilogie composé d’Un couple épatant, Cavale et Après la vie remporte (ex-æquo) le prix Louis-Delluc surnommé le Goncourt du cinéma et nommé en l’honneur d’un cinéaste, critique et fondateur des ciné-clubs. Lucas Belvaux y mélange les genres et les styles pour y raconter des destinées qui se croisent dans la ville de Grenoble.

Dialogues à trois voix

Le critique Louis Séguin visite avec acuité les thèmes qui irriguent l’œuvre de cet acteur belge devenu un cinéaste reconnu. Il y montre l’importance pour Belvaux de montrer la vie des ouvriers et des classes populaires dans des films qui s’imprègnent d’une cinéphilie abreuvée à Fuller, Lang, Melville et Wilder. Après cette mise en contexte de l’œuvre du réalisateur de 38 témoins, son confrère, le délégué général de l’Acrif Quentin Mével, revisite la filmographie complète de Belvaux lors d’entretiens rigoureux. Le cinéaste explique sa méthode de travail différenciant (p. 65) réalisation et mise en scène. Celle-ci se concentre sur le travail des acteurs avec une visite avec eux du décor du jour et une mise en place en compagnie du chef opérateur. De nombreuses anecdotes illustrent la complicité de Lucas avec ceux-ci et son équipe. L’apport d’un régisseur pour La Raison du plus faible, des monteurs pour les différents films et d’autres artisans pour chaque production est ainsi reconnu et ils sont par le fait même remerciés.

… la collaboration éditoriale entre Séguin et Mével permettra à plusieurs de voir ou revoir ces divers longs métrages avec une meilleure compréhension de leurs tournages et de l’esprit de Belvaux.

Des éléments biographiques sur son enfance et son parcours avant de devenir acteur puis réalisateur sont ainsi insérés au fil des conversations entre Mével et Belvaux. En ressort également une morale du plan et de la séquence qui sous-tend la rigueur du parcours de ce cinéaste. La préparation en amont de la production par de nombreuses recherches ou repérages percole au cours de ces entretiens. Il est donc étonnant que La Guerre sans nom, de Bertrand Tavernier et de Patrick Rotman en 1992 ne soit pas mentionné dans le chapitre sur Des hommes (voir court aperçu ici) alors que ce documentaire donne la parole à des anciens soldats venant de la région de Grenoble. La filmographie à la fin du volume aurait pu inclure plus d’informations avec par exemple les noms des directeurs photo et des artisans dont le travail avait été auparavant souligné dans les interviews. À part ces deux bémols, la collaboration éditoriale entre Séguin et Mével permettra à plusieurs de voir ou revoir ces divers longs métrages avec une meilleure compréhension de leurs tournages et de l’esprit de Belvaux.

Quentin Mével & Louis Séguin
La mécanique Lucas Belvaux
[ Coll. « Face B » ]

Paris : Playlist Society, 2020
136 pages
[Sans ill. ]
ISBN : 979-1-09609-9837-8
14.95 $

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]