À propos du Volet accéléré (Fast Track)
Avant-propos
Ce texte émane de l’Union des producteurs et productrices du cinéma québécois. Comme nous le trouvons essentiel et pertinent en ce qui a trait à politique culturelle touchant l’industrie du cinéma au Québec, nous le reproduisons intégralement avec la permission de l’UPPCQ. L’illustration a été choisie par la rédaction de KinoCulture Montréal.com.
Élie Castiel
Éditeur / Rédacteur en chef
TRIBUNE LIBRE.
texte
Collectif
L’UPPCQ en faveur de l’abolition du Volet
accéléré (Fast Track) de Téléfilm Canada et de la
mise de l’avant d’une politique culturelle pérenne
Montréal, le 26 novembre 2020
À la suite de son Assemblée générale annuelle de fondation tenue le 16 novembre, l’Union des producteurs et productrices du cinéma québécois (UPPCQ) réaffirme la nécessité d’une refonte de l’industrie du cinéma, afin de répondre aux problématiques urgentes que sont les vieillissements des publics du cinéma d’ici, la transformation des habitudes de visionnement et le besoin de refléter la diversité dans l’espace culturel. Ainsi, l’Union soutient l’équipe de Téléfilm Canada dans son projet d’abolir le programme du Volet accéléré, qui est l’exemple type d’une politique contraire à l’intérêt public. Donnant automatiquement 30 % du budget annuel de Téléfilm Canada à une poignée de producteurs privilégiés au pays, la mise en place de ce programme est considérée comme une aberration par les membres de l’Union.
Les effets néfastes du programme Volet accéléré se font sentir d’abord et avant tout sur la diversité et l’inclusion de nouvelles voix. On constate ainsi que ce petit groupe de producteurs a, pendant deux décennies, contribué à restreindre l’offre, en mettant systématiquement au sein de leurs productions coûteuses les mêmes créateurs établis. C’est dans un tel paysage uniformisé, aux coûts hypertrophiés, qu’on a laissé le soin de soutenir tous les autres créateurs et créatrices du Québec, avec des budgets faméliques. Il va sans dire que ce fut un frein à l’émergence de nouveaux talents et de nouvelles entreprises, en plus de garder dans un état de précarité constante plusieurs petites entreprises ayant fait leurs preuves. Une situation évidemment inéquitable pour les producteurs de l’UPPCQ et les artistes qu’ils épaulent, mais surtout parfaitement contraire à l’intérêt public, tant en termes d’efficience que de diversité. Sans obligation à encourager la pluralité de voix et laissant carte blanche aux producteurs privilégiés de disposer de cet argent public, il n’est pas étonnant que l’offre cinématographique canadienne issue de ces enveloppes à la performance ne représente qu’une petite partie de la population.
Par ailleurs, l’UPPCQ réitère ses inquiétudes face à l’influence grandissante des plateformes de contournement au contenu majoritairement anglophone et au risque que s’amenuisent les financements et la visibilité de la production francophone si le gouvernement fédéral ne légifère pas clairement en la matière. L’Union pense que la place du français doit être celle d’une culture commune où chacun et chacune, quelle que soit son origine, se retrouve. Dans le contexte où Bell Média a récemment mis fin au financement du Fonds Harold Greenberg, qui soutient le développement et la production de longs métrages en français, l’avenir est préoccupant.
À la lumière de ces enjeux, on comprendra l’indignation de constater qu’encore aujourd’hui des lobbys pilotés par quelques producteurs privilégiés conseillent au ministère le maintien de politiques affairistes en culture. Il est clair que cela ne reflète pas la vision et les idéaux de la plupart de confrères et consœurs producteurs.
C’est pourquoi aujourd’hui, l’UPPCQ demande une refonte de l’industrie cinématographique et une vraie politique culturelle s’inscrivant dans la durée, basée sur les principes de l’inclusion de la diversité, de la protection de la diffusion et de la production de contenu francophone, ainsi que la création d’un écosystème équitable pour tous les acteurs du milieu. Il est demandé également à Patrimoine Canada la compréhension des enjeux spécifiques de la culture québécoise et une approche adaptée. Les membres de l’UPPCQ estiment que la culture est un espace essentiel dans la société pour alimenter la réflexion et préserver une pensée citoyenne nuancée et critique, où l’on peut éviter une dérive politique à l’américaine et envisager le devenir ensemble. Ils souhaitent que la culture soit à l’image de notre société et au cœur de nos vies.
À propos de l’UPPCQ
L’Union des producteurs et productrices du cinéma québécois est une organisation regroupant essentiellement des producteurs de cinéma, provenant de la relève et de la production de films d’auteur. Ce sont souvent de plus petites entreprises où l’art, la culture et l’accompagnement des créateurs sont au centre des préoccupations. Avec 45 membres corporatifs des plus actifs dans la production de cinéma, elle compte un total de plus de 100 sympathisants chez les producteurs du Québec.