Falling

PRIMEUR
[ En ligne ]
Sortie
Vendredi 05 février 2021

SUCCINCTEMENT
John, homosexuel, la cinquantaine, accompagne son vieux père Willis dans l’Ouest pour trouver un foyer proche de chez lui.

CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]

texte
Élie Castiel

★★★

Territoires discordants

Nous sommes agréablement frappés par l’immense talent de Lance Henriksen dans le rôle de Willis, ce père d’une autre époque, raciste, homophobe, d’un rapport à la virilité misogyne, vulgaire, véritable personnage de l’Amérique profonde d’une époque révolue – vu les dernières nouvelles de nos voisins du Sud, est-ce bien le cas ? – toujours est-il que malgré ses efforts à ne pas voler la vedette, nos regards sont le plus souvent posés sur lui. À lui seul, il incarne un pan de l’histoire du cinéma américain d’un autre âge.

Cette caractéristique, Viggo Mortesen, le plus souvent acteur puissant, se l’accapare pour construire un drame familial comme savent les construire les Américains. Pour s’adapter à l’air du temps, le comédien, qui signe ici son premier long métrage, invente un couple gai – « He is my husband, not my partner » – dira-t’il lors d’un conversation avec son père. Jusqu’à récemment, jouer un personnage homosexuel dans un film américain était nul doute un risque énorme à prendre. Comment garantir un prochain rôle dans un Hollywood encore géré majoritairement par des hommes blancs hétérosexuels? Les choses changent… et rapidement. Du moins faut-il le souhaiter.

On peut se laisser envouter par les productions values (en français, mal traduit par valeurs de production) de Carol Spier et Jason Clarke, notamment dans les séquences extérieures enneigées. Un hommage aux grands productions américaines sans doute, même si le film est une coproduction entre le Canada, le Danemark et la Grande-Bretagne.

À 62 piges, un premier film de long métrage réussi, un acte courageux d’auto-discipline, sans équivoque, discipliné, une réussite qui prouve qu’il n’est jamais trop tard pour gravir les échelons.

Une famille non seulement dysfonctionnelle, mais éclatée, entre les choix politiques, les revendications sexuelles, l’adoption d’enfant(s) de l’immigration, deux ex-femmes décédées, un goût pour la boisson et derrière ces façades, un vieil homme qui souffre les tourments de ne pas avoir succombé aux nouvelles donnes sociales.

Mais Mortensen essaie de toucher plusieurs thèmes à la fois. Pour se racheter, il a recours à une mise en scène digne des meilleures productions-Sundance, perçoit le jeu d’interprétation comme un acte de foi et s’accorde aux nouvelles normes sociales avec une franchise à la fois resplendissante et assurée.

Le montage constamment parallèle pourrait occasionner quelques frissons chez certains, mais force est de signaler que le « jeune » cinéaste voit en ce choix un véritable jeu de miroir intergénérationnel en même temps qu’un affrontement entre la rectitude impitoyable et la modernité qui cherche encore sa place.

À 62 piges, un premier film de long métrage réussi, un acte courageux d’auto-discipline, sans équivoque, discipliné, une réussite qui prouve qu’il n’est jamais trop tard pour gravir les échelons.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Viggo Mortensen

Scénario
Viggo Mortensen

Direction photo
Marcel Zyskind

Montage
Ronald Sanders

Musique
Viggo Mortensen

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada – Danemark
Grande-Bretagne

Année : 2020 – Durée : 1 h 52 min

Langue(s)
V.o. : anglais, espagnol / s.-t.a. & s.-t.f.
Falling

Dist. @
Métropole Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Langage vulgaire ]

Diffusion
En ligne
À l’achat & En location sur différentes plateformes VsD

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]