Slalom
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 12 mars 2021
SUCCINCTEMENT
La jeune Lyz Lopez, 15 ans, vient d’être admise au sein d’une équipe de ski. Fred, le directeur de l’établissement s’assure qu’elle reçoit un entraînement rigoureux. Mais un jour, contre toute attente…
CRITIQUE.
★★★ ½
texte
Élie Castiel
Pas craintifs
Quelques courts, un moyen métrage documentaire et ce premier long, un film casse-gueule du fait de son sujet intemporel, traité à toutes les sauces ces derniers temps. Dans le cas de Charlène Favier, grâce aussi à ses partenaires dans l’écriture, Antoine Lacomblez et Marie Talon, une rigueur, une subtilité à aller vers l’essentiel, voire même se permettre la litote, si difficile à exprimer au cinéma.
Et pourtant, ici, la faute est commise suite sans doute à un désir qui nous paraît non prémédité. Ou est-ce bien le cas? La réalisatrice, intentionnellement ou pas, manipule allègrement le spectateur. Et c’est bien ainsi, le situant dans une situation de témoin complice à ce qui va se passer, comme ça, du coup, sans qu’on s’y attende, ou du moins pas à ce moment. En fait, ce n’est jamais le moment.
La mise en scène de Favier demeure clinique, distanciée, et pourtant teintée d’une sorte d’attrait aussi sensuel que rigide, donnant la possibilité à la cinéaste de parfaire son projet. Sans doute que ses expériences dans le court métrage et son regard particulier sur le sujet ont été des influences honorables.
Il y a d’abord l’entraînement de l’adolescente, que Favier montre déjà presque femme – Noée Abita, la nouvelle venue dans le remarqué Ava (2017) de Léa Mysius, ainsi, entre autres, dans Genèse (2018) le très beau film québécois de Philippe Lesage, est totalement consciente de sa physicalité qui change de film en film – mais comme si cette maturité bienvenue n’était pas non plus un appel au désir. Encore une fois, est-ce vraiment le cas? D’où le caractère ambigu d’un film qui ose revendiquer le droit à autant la controverse que l’analyse freudienne. Les intentions, dans le cas de Fred – Jérémie Renier, impeccable dans sa béatitude, son désir soudain, résultat de pulsions du moment incontrôlables – dépassent-elles la morale, l’éthique, les tourments inconscients et, oserons-nous dire exigeants, d’une certaine libération des sens?
Serait-il prudent de souligner que Charlène Favier interroge les démons intérieurs, une certaine sexualité de l’Homme, un penchant vers la transgression, espérant que le moment sera consensuel?
Et pourtant, Fred est agressif dans l’entraînement sportif qu’il accorde à Lyz. Pour le spectateur, il n’y a que leur relation professionnelle; la seconde, osée, cruelle, se dirige vers un no man’s land découpé du monde, irréel, désordonné.
La mise en scène de Favier demeure clinique, distanciée, et pourtant teintée d’une sorte d’attrait aussi sensuel que rigide, donnant la possibilité à la cinéaste de parfaire son projet. Sans doute que ses expériences dans le court métrage et son regard particulier sur le sujet ont été des influences honorables.
Slalom est filmé discrètement, par le petit bout de la lorgnette, sans grandes éclaboussures, sans rituels codifiés. Et c’est peut-être ainsi pour que le récit nous paraisse encore plus violent. Dans son silence, son non-dit, son cynisme sournois, ses moins bonnes intentions, dans un sens, à notre insu, aussi complexe, étonnant et jouissivement déroutant.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Charlène Favier
Scénario
Charlène Favier, Marie Talon
Avec la collaboration d”Antoine Lacomblez
Images : Yann Maritaud
Montage : Maxime Pozzi-Garcia
Musique
Alexandre Lier, Sylvain Ohrel
Nicolas Weil
Genre(s) : Drame psychologique
Origine(s)
France
Belgique
Année : 2020 – Durée : 1 h 33 min
Langue(s)
V.o. : français
Slalom
Dist. @
K-Films Amérique
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]