Quo Vadis, Aida?

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 02 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Srebrenica, juillet 1995. Modeste professeure d’anglais, Aida vient d’être réquisitionnée comme interprète auprès des Casques Bleus, stationnés aux abords de la ville.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

Bosnie-Herzégovine

… mon amour

En 2006, Sarajevo, mon amour (Grbavica), nous laissait une impression d’accomplissement dans la mise en scène de  Jasmila Žbanić, cinéaste bosniaque que nous découvrions par la même occasion.

Retour quinze années plus tard à Srebrenica pour parler du conflit en Bosnie-Herzégovine, commencé en 1992, pour se terminer en 1995. Les Chrétiens, les Musulmans. Un conflit entre deux peuples, mais bien plus entre deux religions, entre deux croyances. Et une femme, une battante, qui tente d’épargner la vie de son mari et de ses deux fils. Égoïsme sans doute, surtout quand des jeunes enfants sont impliqués.

Drame de guerre, drame intime, condamnation des conflits armés, d’une certaine dictature militaire, mais en même temps, l’obéissance à des lois qui mettent l’humain littéralement en danger de mort, au nom des codes, des lois et des comportements de toutes armées du monde.

Une chose est certaine, Jasmila Žbanić demeure éperdument amoureuse de son pays. Et la religion n’a rien à avoir avec cette excitation de plénitude identitaire.

Les forces de l’ONU sont ici réprimandées, remises en question devant un conflit ignoré du monde, du moins par la majorité. Et qui a dit que les guerres n’existent plus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L’humain finit par se résoudre à la dictature du destin.

Conflits périphériques un peu partout à travers le monde. Qu’il s’agisse de l’Afrique, du Moyen-Orient ou encore du conflit bosniaque. La mise en scène de Žbanić favorise les moments forts, non pas par pur exhibitionnisme graphique, mais pour alerter, mettant en évidence une certaine façon de faire dans les cinémas des Balkans. Les mouvements de foules, magistralement maîtrisés donnent au film cette sensation d’invasion où l’humain doit se résoudre à la dictature du destin.

Et pourtant, une tentative, chez tous ces oubliés de la terre, de sauver sa peau, au nom de la survie, comme une victoire face à l’ennemi. Kusturica n’est pas loin, mais dans un esprit plus dramatique, la cinéaste demeurant constamment en proie à son sujet.

Un contraste entre la clarté du jour et les drames quotidiens nous rappellent jusqu’à quel point les conflits armées et les invasions barbares ne reculent devant rien pour assiéger. Comme cette scène où les « hommes » adultes, seulement les hommes sont rassemblés dans une sorte de hangar. Et puis… Image bouleversante, obscène, dérangeante, qui nous ne cesse de nous importuner, nous hanter, éveillant en nous les plus intimes sensations face à la mort, à la brutalité et à l’indifférence.

Et à la fin, une libération de l’esprit, une résilience face à l’ancien ennemi. Réapprendre à vivre en revenant à une vie antérieure : enseigner aux jeunes enfants. Bouleversant, d’une tristesse infinie. Le titre, en latin, interroge sans cesse cette héroïne qui ne se résout pas à la fatalité.

Une chose est certaine, Jasmila Žbanić demeure éperdument amoureuse de son pays. Et la religion n’a rien à avoir avec cette excitation de plénitude identitaire.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jasmila Žbenić

Scénario : Jasmila Žbenić

Images : Christine A. Meier

Montage : Jaroslaw Kaminski

Musique : Antoni Lazarkiewicz

Jasmila Žbenić en tournage.

Genre(s)
Drame de guerre

Origine(s)
Bosnie-Herzégovine / Autriche
Roumanie / Pays-Bas
Allemagne / Pologne
France / Norvège
Turquie

Année : 2020 – Durée : 1 h 44 min

Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a.

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Dist. [ Contact ] @
Entract Films

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
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★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]