Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 16 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Chassés-croisés amoureux entre Paris et la province.

LE FILM
de la semaine.

texte
Luc Chaput

★★★ ½

Une jeune femme et un jeune homme se promènent dans une vallée ombragée. Arrivés sous un pont, ils s’assoient l’un et l’autre dans les cercles de pierres qui forment la structure de cet édifice et lisent. Ils sont bien ensemble mais un peu séparés.

Le cinéaste provençal Emmanuel Mouret s’est édifié une filmographie sérieuse sur le thème de l’amour et de ses aléas et ce sur le mode de comédies disertes. Après le succès mérité de Mademoiselle de Joncquières, adaptation réussie en costumes d’un roman de Diderot, il revient à l’époque contemporaine avec ce film où des couples se forment, se déforment et se reforment même. Le milieu est intellectuel et lettré et cela paraît tant dans les dialogues que les références qui perlent tout au long de ce récit complexe. Des traducteurs interprètent mal ou trop tard les signaux reçus et des amis deviennent rivaux ou spectateurs dans ces ballets de désir et de hasard.

Les jeux

de l’amour

et du hasard

La cinématographie de Laurent Desmet, collaborateur habituel du réalisateur, embrasse en Scope les paysages du Vaucluse, de l’Île-de-France ainsi que les rues, carrefours et intérieurs parisiens. La mise en scène dans ces cadres diversifiés rapproche les duos ou distend les couples selon les confidences et les gestes qui expriment ces pulsions. Une double mise en abyme s’insère naturellement dans ces péripéties.

Daphné est monteuse et on la voit travailler sur un documentaire dans lequel plus tard un autre extrait présente l’idée de la mimésis acquisitive inventée par le philosophe René Girard. Cette idée est reprise par une téléspectatrice qui échafaude ensuite un scénario et une mise en scène de théâtre de chambre en son domicile. L’acolyte dit même qu’il est plus libre dans un rôle différent de son existence habituelle.

Le thème de l’amour et ses aléas.

Un écrin musical classique très fourni de Chopin, Satie et Puccini entre autres apporte un contrepoint ludique ou plus grave à ces échanges verbaux ou gestuels qui enlacent de jour et de nuit ces personnes dans ce Mouret de belle cuvée qui aurait mérité plus de Césars qu’il n’en a récolté.

Le nombre des retours en arrière est important et les premiers sont d’ailleurs longs puisqu’ils servent à donner une assise à l’intrigue par ces secrets dévoilés. Chaque personnage est assez typé, ce qui facilite ensuite la compréhension des allers et venues entre ces individus servis par de talentueux acteurs. Parmi ceux-ci, Émilie Dequenne renouvelle de belle manière le discours de la conjointe trompée et Vincent Macaigne, habitué à incarner des perdants sympathiques, étonne quelque peu dans un rôle d’un ingénieur affectueux. C’est pourtant la chanteuse Camélia Jordana et le Franco-québécois Niels Schneider qui, au centre de ce dispositif complexe, permettent par leurs jeux tout en subtilité à l’édifice narratif de déployer ses ailes.

Un écrin musical classique très fourni de Chopin, Satie et Puccini entre autres apporte un contrepoint ludique ou plus grave à ces échanges verbaux ou gestuels qui enlacent de jour et de nuit ces personnes dans ce Mouret de belle cuvée qui aurait mérité plus de Césars qu’il n’en a récolté.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Emmanuel Mouret

Scénario
Emmanuel Mouret

Direction photo
Laurent Desmet

Montage
Martial Salomon

Musique
Classiques divers
& Giovanni Mirabassi

Emmanuel Mouret : l’idée de la mimésis acquisitive.

Genre(s)
Comédie sentimentale

Origine(s)
France

Année : 2020 – Durée :2 h 02 min

Langue(s)
V.o. : français

Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

Dist. [ Contact ] @
K-Films Amérique

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]