Black Widow
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 09 juillet 2021
SUCCINCTEMENT.
Alors que les Avengers sont divisés sur les accords de Sokovie et que les autorités cherchent à la capturer, Natasha trouve refuge auprès de ses anciens contacts. Cela lui permet d’apprendre les détails d’un plan dangereux qui met en cause Yelena, une jeune femme qu’elle a déjà considérée comme sa sœur.
CRITIQUE.
★★★ ½
texte
Élie Castiel
Nous l’avons vu il y a quelques heures, en séance d’avant-première publique, alors qu’un visionnement de presse n’avait pas été organisé, ou du moins en ce qui nous concerne, alors que nous faisons ce métier depuis fort longtemps. Mais bon…
De la part de l’Australienne Cate Shortland – Berlin Syndrome (2017), précédé de deux autres longs et quelques courts, on assiste à un changement de cap avec Black Widow ; entrée tout de même surprenante dans le monde de la franchise Marvel et de la science-fiction. À en juger par le résultat, beau travail d’introspection d’un genre qu’elle déconstruit subtilement tout en conservant les ficelles associées, combat, héroïsme super-héros et particulièrement une présence féminine ne laissant aucune place à la romance habituelle hétérosexuelle et confirmant, pour ainsi dire, les nouveaux rôles sociaux.
Il y a Natasha (Romanoff), campée avec un énergisant dynamisme par Scarlett Johansson, toujours aussi proche de son personnage ; et Yelena (Belova), que Florence Pugh (de l’excellent Midsommar) rend si efficace qu’elle annonce, si on prend la peine de voir le générique de fin au complet – comme on devrait toujours le faire – qu’elle sera l’héroïne du prochain épisode avec, comme partenaire masculin…
Elles sont sœurs depuis leur enfance, mais pas vraiment, par accoutumance, par manipulation politique et par les défis que présentait Captain American – Civil War (Capitaine American : La guerre civile). Pour ceux qui ont suivi la série, donc des spectateurs devenus adultes, un voyage dans le temps où par le biais du retour en arrière, et pas nécessairement abondamment illustré, on se plait à sentir un sentiment de nostalgie d’une autre époque.
Un étrange élan de nostalgie
Et c’est justement sur les effets psychologiques, sur la relation entre femmes que joue Shortland. On a déjà dit du film que l’approche est féministe. Elle est plutôt féminine, la cinéaste quinquagénaire connaissant les hauts et les bas de sa condition de femme, comprenant son propre sexe. La séquence montrant Natasha et Yelena, adultes, assises face à face dans une banquette de restoroute montre jusqu’à quel point l’entente, le rapport complice peut atteindre une sorte de sensualité entre femmes – deux hommes, hétéros bien entendu, ne seraient jamais filmés de la sorte.
Si la plupart des critiques vont se concentrer sur la série Marvel pour en déduire les moindres détails et continuités du récit, force est de souligner qu’il est également possible de prendre une tangente en notant plutôt les contours humanistes de l’intrigue, sans forcément trop insister : les thèmes de la vengeance, l’amour filial, le sentiment d’appartenance, la déchéance du pouvoir (cette fameuse Red Room – cette pièce rouge, tributaire de tout le mal sont autant d’exemples où la psychologie des héroïnes (et de certains personnages masculins) se heurte à l’univers de la science-fiction, point central du film. Ou l’est-ce vraiment.
Johansson achève ainsi un rôle qu’elle a caressé depuis une décennie, donnant sa place à une nouvelle venue. Pour ainsi dire, une fois de plus, nous forçant à voir le passage du temps. Réaliser en fin de compte que chaque franchise cinématographique, tôt ou tard, doit s’ajuster à de nouvelles générations. Ceux et celles qui ont connu diverses époques peuvent ressentir un élan de nostalgie mêlé à de la tendresse et de la mélancolie. Sur ce point particulier, Cate Shortland a merveilleusement réussi.
En fin de compte Natasha et Yelena font partie d’une même famille dysfonctionnelle, mais pas vraiment puisque ce n’est pas une famille normalement constituée. Et parmi les faux parents, Alexei, excellent David Harbour dans un rôle qui lui va à merveille et se prouve à lui-même que même dans un espace hors du réel, la transmission de l’amour, ce sentiment immuable, est possible.
Johansson achève ainsi un rôle qu’elle a caressé depuis une décennie, donnant sa place à une nouvelle venue. Pour ainsi dire, une fois de plus, nous forçant à voir le passage du temps. Réaliser en fin de compte que chaque franchise cinématographique, tôt ou tard, doit s’ajuster à de nouvelles générations. Ceux et celles qui ont connu diverses époques peuvent ressentir un élan de nostalgie mêlé à de la tendresse et de la mélancolie. Sur ce point particulier, Cate Shortland a merveilleusement réussi.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Cate Shortland
Scénario
Eric Pearson
D’après un récit de Jac Schaeffer
et Ned Benson
Direction photo
Gabriel Beristain
Montage
Leigh Folsom Boyd
Matthew Schmidt
Musique
Lorne Balfe
Genre(s)
Aventures fantastiques
Origine(s)
États-Unis
Année : 2021 – Durée : 2 h 14 min
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française
Black Widow
Dist. [ Contact ] @
Buena Vista Canada
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
En salle(s) @
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]