The Power of the Dog
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 19 novembre 2021
SUCCINCTEMENT.
Conflits familiaux dans un ranch du Montana au début du XXe siècle.
Le Film
de la semaine.
CRITIQUE.
★★★★
texte
Luc Chaput
Des filaments secrets
entre ombre et lumière
Une femme pratique son jeu pianistique en prévision d’un court concert lors d’une réceptions prochaine. Ses erreurs sont amplifiées car à l’étage supérieur, un homme joue très bien au banjo la même Marche de Radetzky de Strauss père.
En 1925, au Montana, un grande maison est le point central d’un vaste ranch d’élevage de bovins sous la gouverne des deux frères Burbank. Phil, l’aîné est diplômé d’une grande université de la Côte Est et est revenu diriger cette entreprise alors que George, balourd, ne réagit plus aux dénigrements de son frère. La caméra d’Ari Wegner augmente le caractère vieillot du manoir et un travelling vers la gauche suivant un personnage à l’extérieur souligne la différence entre ombre et lumière qui sous-tend cette mise en scène de Jane Campion. La réalisatrice néo-zélandaise adapte à sa main le roman éponyme de Thomas Savage publié en 1967.
À l’occasion d’un court voyage de l’équipe du ranch pour amener le bétail à une gare relativement proche, les cowboys mangent dans la simple auberge du coin et sont servis par la veuve Rose et son fils, le jeune adulte Peter. Les décorations florales de Peter sont ridiculisées par Phil dont la dégaine accentue le comportement machiste qui rejaillit sur ses employés qui l’admirent. George décide peu après de présenter des excuses à Rose pour cet épisode. Il entreprend alors avec elle une relation qui débouche vers un mariage assez rapide et la réception, moment du petit concert décrit en ouverture. Conjoints à la ville, Kirsten Dunst et Jesse Plemons endossent avec facilité les habits de ce couple timide et aimant.
Rose devient rapidement un autre souffre-douleur pour Phil. Benedict Cumberbatch, habitué aux rôles d’intellectuels proprets britanniques, se délecte dans ce personnage de cowboy, engoncé dans son armure de sueur et de saleté, reflet constant de son adulation pour son mythique mentor Bronco Henry. Il cultive aussi un jardin secret et s’adonne à un travail artistique sur le cuir. Le retour de Peter, après un séjour d’études au loin, change la donne et rajoute une autre ligne de force à ce conflit familial se déroulant autour du manoir et dans de grands espaces face à une montagne où certains voient une gueule de chien. Kodi Smit-McPhee emploie son physique longiligne pour en faire un roseau plus complexe qu’il n’en paraît à prime abord.
Retour magistral au long métrage de la cinéaste après quelques téléséries réussies, ce film a plusieurs affinités électives avec son remarquable The Piano (La leçon de piano), Palme d’Or ex aequo à Cannes en 1993.
La direction photo de Wegner embrasse une large palette de couleurs captées en tons obscurs et ceux plus illuminés. Elle sert d’écrin comme la musique aux accents quelquefois discordants de Jonny Greenwood à ce récit captivant. Les divers filaments de l’intrigue sont tissés avec adresse vers une fin dans laquelle la phrase des Psaumes qui donne son titre à l’œuvre prend tout son sens. Retour magistral au long métrage de la cinéaste après quelques téléséries réussies, ce film a plusieurs affinités électives avec son remarquable The Piano (La leçon de piano), Palme d’Or ex aequo à Cannes en 1993.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jane Campion
Scénario
Jane Campion
D’après le roman éponyme de Thomas Savage
Direction photo
Ari Wegner
Montage
Peter Sciberras
Musique
Jonny Greenwood
Genre(s)
Drame
Origine(s)
Grande-Bretagne / Australie
États-Unis / Canada
Nouvelle-Zélande
Année : 2021 – Durée : 2 h 08 min
Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.
Le pouvoir du chien
Dist. [ Contact ]
Netflix
[ Équinoxe Films ]
Classement
Visa GÉNÉRAL
Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinéma Moderne
[ Avis : Horaire irrégulier ]
Cinémathèque québécoise
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]