Rhapsodie

CRITIQUE.
[ Danse ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

   Vingt sur scène et, selon le moment, formant deux groupes, ou séparés les uns des autres, pour ensuite former une sorte de symbiose qui les unit dans le geste, l’éthique chorégraphique.

Les danseurs et les danseuses ne semblent pas être mené(es) par la musique. C’est le contraire. Ils et elles la contrôlent comme si, du coup, les deux disciplines artistiques étaient inversées. Et pourtant force est de souligner que le chorégraphe Sylvain Émard, comme par magie, juxtapose le tout, formant justement cette « rhapsodie » dont il est question. Musique libre qui libère également les corps dans des espèces d’improvisations contrôlées.

Les corps, eux, s’inventent constamment avec un risque calculé. La scène est sise sur un plancher blanc-neige qui refuse les faux pas. Elle est entourée de quatre côtés où les spectateurs assistent à cette « orgie des sens », où la volupté s’extériorise avec la plus extraordinaire subtilité.

Les filles sont totalement immergées dans la proposition. Les garçons, d’abord un peu réticents, se joignent à elles pour former une fusion bienveillante, accomplie, montrant jusqu’à quel point, la beauté idéale du corps (comme dans le ballet classique) n’est plus une norme, une nécessité. Ce constat démocratique génère cette essentielle furie, ce désir de rendre viscérale et absolue l’expérience chorégraphique.

Jongler

avec les sens

Les corps, parfois en mutation, « ne se regardent pas » (sic), mais en fait, oui, car leurs regards est de côté, comme s’il fallait l’imaginer ce rapport indicible dans notre inconscient.

Pour Émard, cette participation de la part du spectateur est essentielle pour bien saisir les fondements de son art. Une discipline où le geste n’est pas seulement physique, mais également intellectuel, car il est issu des profondeurs de l’âme.

L’étendue scénique n’est plus le simple terrain d’un spectacle comme tous les autres, mais celui d’un rituel collectif, une puissance autre qui se perd dans la nuit des temps. Comme si ce geste nous mener à jongler avec nos sens dissimulés.

Et la musique de Martin Tétreault & Poirier, tantôt mélancolique, parfois éthérée, se perdant dans un quelconque espace à découvert, devient soudainement délirante, magnifiquement sensuelle et désordonnée.

L’étendue scénique n’est plus le simple terrain d’un spectacle comme tous les autres, mais celui d’un rituel collectif, une puissance autre qui se perd dans la nuit des temps. Comme si ce geste nous mener à jongler avec nos sens dissimulés.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE

Chorégraphie
Sylvain Émard

Interprètes
Lou Amsellem, Sophie Breton
Charles Cardin-Bourbeau, Matéo Chauchat
Félix Cossette, Marilyne Cyr
Marie-Michelle Darveau, Janelle Hacault
Mathieu Hérard, Kyra Jean Green
Christopher LaPlante, Alexandre Morin
Erin O’Loughlin, Mateo Picone
Raphaëlle Renucci, François Richard
Cara Roy, Marie-Philippe Santerre
Lila-Mae Talbot, Camille Trudel-Vigeant

Répétiteur
Daniel Villeneuve. 

Musique
Martin Tétreault & Poirier

Éclairages
 André Rioux

Costumes
Marilène Bastien

Durée
1 h

Production
Sylvain Émard Danse
& Danse Danse

Diffusion @
Danse Danse
Jusqu’au 26 février 2022
[ Également en webdiffusion
les 25 et 26 février 2022 ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]