ONEs

ÉVÉNEMENT.
[ Captures d’audace  ]

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

Comme à l’accoutumé, cinq morceaux formant un tout qui confirme la continuité de la mise en scène, jonglant avec les formes, les multiples variations de plans et une liberté de mouvement qui permettent aux musiciens d’éviter la pesanteur de la position immobile. C’est ce que le cinéma permet.

Il y a Growing et, à la batterie, Kevin Warren se permet quatre minutes envoûtantes de jeu avec son instrument, une sorte de face à face où le corps et le concret se juxtaposent pour former un ensemble cohésif, rassembleur pour le spectateur le plus récalcitrant. Ce morceau sert de début et de transition avec la belle chanson de Sonia Johnson, “Quand mêmede Johnson elle-même et Frédéric Alarie. Elle parle surtout du corps intérieur, le physique et le psychologique. L’air évoque le fado (du Portugal, bien sûr), là où la nostalgie et la mélancolie intègrent les paroles de l’amour, du rapprochement vers l’autre et peut-être, la perte ou l’abandon. C’est sans musique instrumentale, et c’est d’autant plus évocateur.

Avec Vents opposés, l’harmonetta menée de « lèvres » de maître par un Lévy Bourbonnais totalement investi, c’est l’incidence rustique des plateaux et des collines qui semble influencer l’artiste en question. Ça sent l’air pur.

Quelques

nuances

temporelles

Sonia Johnson.
Crédit : Les Films de L’Hydre

Et puis, le Klezmer est évident dans Spirations, avec la clarinette enjouée d’André Moisan. L’Europe de l’Est, et plus formellement, celle des petits faubourgs « yiddish » dirigent l’instrument et nous fait croire en un ailleurs indicible qui se perd dans les contours de l’Histoire musicale.

Très excitante, cette guitare de Caroline Planté et son Sueños tintos rubio (Songes de blond rouge), et plus précisément, il s’agit d’une guitare espagnole; on pourrait baptiser ce morceau original de « flamenco spiritual ». À vous d’en juger. Le résultat m’a paru concluant.

Tout au long de ce parcours, les rouges, bleus, verts se concrétisent dans la mise en scène de Marie-Hélène Panisset, cette fois-ci, totalement physique, en constant état d’élan et de déplacement, multipliant les formes et les cadrages, les écrans parallèles.

Et ça se termine avec le magnifique Now, où le saxophone ténor tenu par Yannick Rieu se permet d’entrer sans crier gare dans le royaume des mondes de nuit des capitales occidentales du début des années 1960 – Paris, Berlin, Londres, Rome… C’est sensuel, sexy, abruptement charnel, sans inhibitions. C’est sans aucun doute le moment les plus original de l’ensemble ONEs. Toujours au saxophone, Rieu nous fait dos et se dirige vers un horizon en lumière circulaire qui finit par s’éteindre à petits feux. Comme s’il ne resterait plus rien d’un temps que la pièce évoque avec tendre nostalgie.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Marie-Hélène Panisset

Direction artistique
Charles Papasoff

Direction photo
Marie-Hélène Panisset

Josiane Farand
Gaëlle Graton

Montage
Marie-Hélène Panisset

Lumières
Guy Chevrier

Son
Zachary Scholes

Production
c. 2022
Les Films de L’Hydre
Les Productions Nisapa Inc.

Diffusion [ Contact ] @
Lundi 14 mars 2022
17 h 30
Suivi d’un Q&A avec les artistes
Les Films de l’Hydre

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]