Confessionem

SUCCINCTEMENT.
Un professeur d’université est confronté à son passé, inquiétant faut-il souligner. Entretemps, une enquête est menée par un détective (le regretté Serge Patry) en relation avec une série de meurtres non élucidés.

CRITIQUE.
[ Inédit ]

★★★

texte
Élie Castiel

Un rêve figé dans une

image évanescente

C’est au tout récent Golden State Film Festival, à Los Angeles, qu’a été présenté le nouveau film, le dixième, du Canadien Nils Oliveto. La manifestation cinématographique annuelle, la cinquième, répond aux besoins de visibilité des cinéastes émergents; avec raison, puisqu’il s’agit de celles et ceux qui ont décidé de défier les codes narratifs traditionnels, tout en s’engageant  fermement dans des envolées formelles inusitées, quitte à désorienter les spectateurs, mais non les perdre, les rendant complices de leurs propositions, aptes à mesurer leurs différences en matière de création.

Confessionem a reçu le Prix du meilleur film étranger, une récompense fort prisée par les cinéastes, voyant en cette récompense une reconnaissance de leur efforts, leur détermination, et bien plus que tout, si l’on en juge par le film, ce souci indéniable de faire « différent » tout en ayant comme références des exemples d’œuvres cinématographiques qui ont quand même marqué la cinéphilie et les cinéastes eux-mêmes.

Une enquête qui investit l’espace du quotidien.

Chez Nils Oliveto, un des cinéastes canadiens les plus tenaces en ce qui concerne son corpus cinématographique hors du commun, de légers clins d’œil qui évoque, pourtant lointainement, un Abel Ferrara en plein délire, déconstruisant le fil narratif, se permettant d’étranges plans, des cadrages qui déconstruisent la notion d’espace-temps au cinéma; mais chez Oliveto (lui aussi d’origine italienne, racines qu’il défend avec un sens inné de la démonstration), un certain romantisme qu’il affectionne pourtant avec cette figure rhétorique que constitue la litote. Les plans à ce sujet sont furtifs, fugace, se perdent dans la totalité du récit, lui aussi déconstruit. Ils participent également à éloigner, ne serait-ce que provisoirement, le spectateur, des divers épisodes pourtant épars, de l’histoire dont il est question.

Un va-et-vient entre réel et imaginaire fantasmé, comme ce début en forme de home-movie (sans doute) magiquement construit. Cette danseuse dont on voit les formes, mais non pas le visage, dans un blanc surexposé qui refuse catégoriquement de témoigner.

Pour d’aucuns, proposition insoutenable, mais chez Nils Oliveto, un moyen comme un autre de se mettre en scène lui-même pour assumer et surtout défendre son assertion. À prendre ou à laisser.

Il y a une morale dans cette histoire. Le regret du péché, le repentir qui se dilate, des valeurs chrétiennes qui semblent influencer le cinéaste. Oliveto défendre sa propre idée de la religion catholique : croire, certes, reconnaître la figure du Christ comme pierre angulaire de la foi, mais non comme un martyr crucifié, mais un rebelle qui conduirait les individus à assumer leurs péchés. Pour d’aucuns, proposition insoutenable, mais chez Nils Oliveto, un moyen comme un autre de se mettre en scène lui-même pour assumer et surtout défendre son assertion. À prendre ou à laisser.

Jusqu’à un certain point, Oliveto sent le besoin viscéral de se filmer. Il a toujours était un sportif et œuvre régulièrement dans ce domaine. Il en est totalement conscient lorsqu’il filme et profite de chaque occasion pour le démontrer. La caméra n’a de cesse que de le suivre, mais lorsqu’il lui fait dos. Il a une carrure robuste et sait très bien l’imposer.

Narcissisme sincèrement involontaire? Engagement envers un art de l’affirmation? Toujours est-il qu’on découvre, avec Confessionem, une autre facette de Nils Oliveto. Parfois en contradition avec ses films précédents, mais toujours fidèle à ce sens engagé de l’art. Quant à l’ennui que le film pourrait provoquer chez d’aucuns, c’est une autre histoire.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Nils Oliveto

Scénario
 Nils Oliveto

Direction photo
The Hammerman

Montage
The Hammerman

Musique
Pièces Classiques
Piano : Kevin MacLeod

Interprètes
Nils Oliveto (Dr. Markus Eliot Tulay)
Serge Patry (Inspecteur John Torres)
Ainsi que…
Geneviève de l’Étoile, Stéphanie Plante
Rhodley Roland, Andrew Lissade
Julie Vallières, Grace Wilmot
Rommy Fung, Elizabeth Anne
Fishmeister, Alison Wilmot
Vincent Marquis, Fred Pollack

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canda

Année : 2022 – Durée : 1 h 18 min

Langue(s)
V.o. : anglais
Confessionem

Dist. [ Contact ] @
[ Hammerman Films ]

Classement suggéré
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]