Bodies Bodies Bodies

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 12 août 2022

SUCCINCTEMENT.
Un groupe de jeunes gens riches planifie une fête dans un manoir familial, un jeu de société qui devient mortel alors que la soirée tourne mal.

CRITIQUE.
★★★
 

texte
Élie Castiel

Investir

le film de genre

au féminin

En 2019, Instinct crée une controverse à demi-teinte, programmé la même année au TIFF (Toronto et non pas Thessalonique). Avant cela, beaucoup de travail au petit écran, de nombreux courts et des rôles au cinéma et au théâtre. Carrière quand même remplie, plus particulièrement en Europe. Mais comme tout le monde, ou presque, Halina Reijn rêve du « complexe-Hollywood » marché international par excellence, puisque toutes les tendances sociales occidentales à quelques rares exceptions, proviennent de ce sanctuaire bien protégé par les gourous de la finance en matière de divertissement et du comportement.

Hollywood, certes, qui privilégie en ce moment, même si timidement, et cela dépend d’où on se place, la tendance LGBTQ, saupoudrée royalement par le #MeToo et autres nouvelles (trans)formations sociales qui s’affranchissent à une vitesse inépuisable. Les nouveaux et surtout nouvelles vingtenaires, où les relations (féminines essentiellement) ne sont pas nécessairement hétéronormativisées et s’articulent avec une liberté soutenue. Et c’est bien ainsi – côté-hommes, néanmoins, le passage à l’acte semble encore risqué, marquant du même coup la supériorité virile toute, la validant, en opposition à la désinvolture féminine. Matière à débat qu’on évite avec une crainte extraordinaire.

Les États-Unis commencent à aborder ces sujets. Dans un pays comme la France, par exemple (ou même ici, au Québec), ça serait quasi impossible à moins de rentrer dans la rangs de la marginalité suspecte, mal interprétée. Oublions!

L’affect à l’ère non-binaire.
Surtout, du côté fémininin.

Certes, Bodies Bodies Bodies, titre on ne plus ludique, emploie le film de genre en forçant la note jusqu’à l’extrême (hémoglobine, meurtres, terreur, suspense soutenu, atmosphères… ), mais en même temps caressant les codes de l’humour noir et, faisant exprès, cette disposition à une interprétation factice, presque improvisée, de l’ensemble des comédiennes et des deux comédiens. Pour ma part, j’ai vu la description d’une certaine classe sociale où les termes de l’engagement politique sont inexistants – sexe, goût du risque, trahison (après tout, nous sommes quand même au cinéma), fausses pistes, faux mouvements. On se défonce, on se drogue, on baise, on joue à des jeux dangereux. Covid-19… connais pas!

Une musique de fond pour épater la galerie. Celle, épatante de Disasterpeace, dont certaines envolées un peu trop directes à celle des Goblins de Suspiria (1977), le chef-d’œuvre absolu de Dario Argento, paraissent quand même un peu trop évidentes et calquées presque note par note.

Hollywood entame ainsi une tendance qui n’est surtout pas prête à céder sa place, pour rien au monde. Ce nouvel modus operandi est totalement assumé.

Qui est le coupable ou plutôt la coupable dans cette affaire d’assassinats, puisque les deux hommes de la bande disparaissent à un certain moment? Qu’importe la réponse. Seul compte la sémantique propre au film de genre. Entre les mains de Reijn, format-Hollywood, cette catégorie de films prend des allures de conte de fées au féminin mâtiné presque de l’état d’esprit d’un Bruce LaBruce, ou encore d’un Gus Van Sant débridé, dont on attend, entre parenthèses, The Prince of Fashion, quelque part en 2023.

Soulignons tout de même la présence charismatique d’Amanda Sternberg, bien remarquée dans The Hate U Give (La haine qu’on donne), 2018, de George Tillman Jr. et de la Bulgare Maria Bakalova, bien perçue dans Borat Subsequent Moviefilm : Delivery of Prodigious Bribe to American Regime for Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan (2020), très long titre pour un film fou, fou, fou.

Hollywood entame ainsi une tendance qui n’est surtout pas prête à céder sa place, pour rien au monde. Ce nouvel modus operandi est totalement assumé.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Halina Reijn

Scénario
Sarah DeLappe.

D’après la nouvelle de Kristen Roupenian

Direction photo
Jasper Wolf

Montage
Julia Bloch
Taylor Levy

Musique
Disasterpeace

Genre(s)
Suspense d’épouvante

Origine(s)
États-Unis

Année : 2022 – Durée : 1 h 34 min

Langue(s)
V.o. : anglais

Bodies Bodies Bodies

Halina Reijn, cinéaste.
Qu’importe les apparences.

Dist. [ Contact ] @
Columbia Pictures

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]