We are shining together
à la recherche de l’entrée
du royaume des morts
Exutoires
en
forme
troublante
de
dérision
CRITIQUE.
[ Scène ]
★ ★ ★ ★
texte
Élie Castiel
Diverses formes de la représentation
artistique se manifestent dans cette
adaptation du livre du multidisciplinaire
Mathieu Arsenault, sur la disparition de
son amie, l’écrivaine Vickie Gendreau.
Il commence le spectacle, seul devant le micro, face aux spectateurs, gesticulant sans arrêt, sa stature debout, qui bouge à peine. Seuls les mains, les bras servent de supports fragiles à son discours. La parole, bien sûr, une logorrhée impitoyable, mouvementée, incessante, comme si ce (nouveau) type de stand-up post-moderne servait d’exutoire à la douleur de la peine, de la perte.
Le sexe, il en parle, la masturbation, beaucoup. L’impuissance de la jouissance. Des paradoxes qui, à l’ouïe et au regard du spectateur, deviennent des possibles si l’on observe attentivement.
Il ressuscite le fantôme de la disparue, fatalement plus habile que lui, ou c’est elle qui vient le hanter. Il crée une entité à partir de son imaginaire. Il montre par cet acte désespéré la puissance du texte, son habilité à construire des imaginaires qui, le temps d’une randonnée intellectuelle, deviennent des univers parallèles.
Mathieu Arsenault, si l’on en juge par cette proposition au titre interminable mais si bien adapté, philosophe le vivant, littéralise la poésie, s’invente mille et une excuses pour dialoguer avec l’autre, celle qui n’est plus.
Et quel beau mot que la vickiegendreaucité! Lyrique, poétique, instinctif, spontané, défiant la mort et, ultimement, les vivants.
Je le comprends, c’est dans mon cas, quelque chose de presque quotidien, refusant la peine en me refugiant dans une sorte de carapace exsangue. Mais à l’instar d’un Arsenault, probablement, aucune gêne ni embarras dans ma condition psychique. Exit parenthèse personnel, mais qui aide en crisse à se ressourcer.
Il part, quittant la scène pour que les rideaux s’ouvrent et apparaissent celle dont il a vanté les mérites et les élucubrations passagères. Elle, c’est un show dans une salle où reposent des tombes vides. La scène se transforme en une sorte de cabaret-nouvelle-vague entre le show d’Halloween et la quête d’appartenance. Sensible, farouchement ludique, férocement sexy (et c’est bien ainsi), entre la rage du désespoir et la sérénité d’un nouveau chez-soi, cette fois-ci, immortel.
Elle part elle aussi, pour laisser la place à son accompagnatrice-musicienne qui, à son tour, déballent allègrement et, comme sa complice de combat, un discours sur la méthode ; la méthode à suivre pour s’exprimer, pour alléger ce qu’elle dit et ce que nous avons entendu auparavant.
Elle disparaît à son tour. Fin.
Les trois protagonistes, stupéfiants.
Dans son entrée en matière, Arsenault n’a jamais parlé du Montréal d’aujourd’hui avec tant de lucidité. Pour nous, spectateurs, la proximité des lieux nous rend jouissivement vulnérables, réalisant en fin de compte que « la vie n’est pas un long fleuve tranquille. »
Un début de titre en anglais. Quel beau dialogue avec la langue québécoise contemporaire, en plein dans tous ses états d’âme. Un petit bout de pays perdu dans un océan anglophone, mais qui résiste et résistera toujours à la tentation de s’éclipser.
Et quel beau mot que la vickiegendreaucité! Lyrique, poétique, instinctif, spontané, défiant la mort et, ultimement, les vivants.
ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Mathieu Arsenault
Mise en scène
Christian Lapointe
Assistance à la mise en scène
& Régie
Jacinthe Nepveu
Interprétation
Mathieu Arsenault
Ève Landry
Mélodie Bujold-Henri
Lumières
Martin Sirois
Installation
Claudie Gagnon
Costumes
Kate Lecours
Musique
Navet Confit
Claviers
Mélodie Bujold-Henri
Production
Carte blanche
Festival Phénomena
Durée
1 h
[ Sans entracte ]
Diffusion & Billets @
La Chappelle
19 h 30
Jusqu’au 15 octobre 2022
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]