Lucia di Lammermoor
Critique
| ART LYRIQUE |
Élie Castiel
★★★★
PASSIONS FUNESTES
Dès que le rideau se lève, le premier décor (approche traditionnelle – et c’est tant mieux!) et les éclairages, mais surtout les voix, témoignent du drame qui secoue la passion amoureuse. Une histoire de destin, de Lucia, qui, par amour, par (dé)raison fait le faux pas. Elle signe le contrat avec la mort en quelque sorte. Et si celle-ci n’était qu’une libération pour rejoindre l’être aimé?
Le drame lyrique n’est-il pas en fait qu’une métaphore de ce qu’il représente, selon le cas? Mais ce qui nous importe, ce sont les voix (pour les connaisseurs) et le niveau d’interprétation. Dans toute sa sinueuse fragilité, la Coréenne Kathleen Kim occupe l’espace scénique avec une assurance qui interpelle les grandes sopranos d’hier et d’aujourd’hui. Elle chante l’amour, elle pleure le destin, mais elle est surtout consciente qu’il s’agit d’un spectacle lyrique qu’il faut maîtriser et qu’il faut aussi se mettre dans l’esprit d’un autre siècle, dans une terre qui n’est pas la sienne.
Et pour le (mélo)drame dont il est question, ces passions de l’amour sont peut-être funestes, mais derrière ce qu’elles expriment, se cache le fragile et éternel combat de l’affect, tel un incontrôlable réflexe, une pulsion venue du cœur et de l’esprit.
D’où l’importance pour tous ces interprètes-chanteurs de s’approprier les différentes cultures et qu’ils font, ici, à merveille. Frédéric Antoun (Edgardo), dans l’ensemble, impérial, viril, mais peut-être, vers la fin, avec une touche d’imprécision dans la voix (ou serait-ce simplement mon imagination). Des solos merveilleux de Kathleen Kim qui, selon les circonstances, suivent à la lettre (avec très certainement un sens du devoir pour
Anne-Catherine Simard-Deraspe possède un sens précis des atmosphères, les lumières ambiantes s’imbriquant aux événements et aux rôles respectifs comme s’il fallait que le tout se transforme en un tableau vivant de peintre et de maître de musique. Et pour le (mélo)drame dont il est question, ces passions de l’amour sont peut-être funestes, mais derrière ce qu’elles expriment, se cache le fragile et éternel combat de l’affect, tel un incontrôlable réflexe, une pulsion venue du cœur et de l’esprit. Une merveilleuse tombée de rideau nourrie d’un tonnerre d’applaudissements bien mérités.
ÉQUIPE DE CRÉATION
< DRAME ROMANTIQUE EN TROIS ACTES >
Musique
Gaetano Donizetti
Livret
Salcatore Cammarano
Mise en scène
Michael Cavanagh
Pupitre
Fabrizio Ventura
Chef de chœur
Claude Webster
Participation
Orchestre Métropolitain
Chœur de l’Opéra de Montréal
Décors
Robert O’Hearn
[ Conçus pour le Florida Grand Opera /
Fournis par la Utah Symphony / Utah Opera ]
Costumes
[ Opéra de Montréal ]
Éclairages
Anne-Catherine Simard-Deraspe
Production
Opéra de Montréal
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Durée
2 h 53
[ Incl. 2 entractes ]
Représentations
Les 12 et 14 novembre à 19 h 30
Le 17 novembre à 14 h
Place des Arts
(Salle Wilfrid-Pelletier)
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
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