Inside

 

Critique
INSTALLATION

Élie Castiel

★★★ ½

L’INSOUTENABLE ÉPISTROPHE DES GESTES

Le défi est de taille pour le Grec Dimitris Papaioannou, l’Athénien, faut-il préciser; car les six heures que dure cet essai expérimental, généreux, certes, dans tous les sens du terme, insoutenable, faut-il le répéter puisque nous ne sommes pas habitués à des spectacles aussi longs, particulièrement lorsque certains gestes du quotidien que l’on partage tous en commun se répètent sans crier gare – est aussi une sorte d’hommage aux intérieurs athéniens. Cet endroit où d’un balcon, on peut voir se qui se passe dans l’immeuble en face.

Aucune sortie, mais uniquement des entrées dans des appartements qui se ressemblent et où la cuisine, la salle de bain et le lit sont les principaux atouts; et au centre de la scène, un balcon dont le fond change de temps en temps pour représenter la multiplicité des lieux. Des hommes, des femmes qui entrent, enlèvent leurs chaussures et leurs vêtements, s’appliquent parfois à leur besoins biologiques et prennent des douches. Ils mangent parfois, assis à la table de la cuisine. Ils dorment ensuite. Des notes de musique brillent par-ci, par-là sans trop insister. Des sons souvent monocordes et quelquefois donnant l’air d’une une petite symphonie à peine amorcée.

Car la mise en scène de Papaioannou est dans tout cet accoutrement scénique et dans les gestes exprimés. Le jeu, quant à lui, est improvisé. La scène est remplacé par un écran vidéo en format cinémascope qui ne cesse de répéter la cadence des jours. Pourquoi dans le titre d’article un mot aussi élogieux que « épistrophe »? Pour la simple raison que l’effet incantatoire et insistant de l’œuvre de cet artiste multidisciplinaire n’a jamais été aussi jubilatoire.

Si Inside ne possède pas la même énergie farouche que The Great Tamer, il se situe néanmoins dans une perspective de nouvelle écriture, rebelle, intransigeante, férocement conceptuelle, comme un symphonie quasi muette que l’on écoute sans éclats.

Chose à souligner : les spectateurs peuvent prendre place au moment qu’ils auront choisi et partir lorsqu’ils le voudront. Entretemps, ils peuvent s’abreuver et manger au restaurant convivial de l’Usine C. Et apport leur boisson dans la salle.

Fin de la parenthèse. L’un des fonds de scène (balcon) montrent, à moins que ma vue me fasse des tours, l’Acropole d’Athènes, comme si ce monument de l’Antiquité surveillait l’intimité contemporaine des individus de « sa » ville.  Papaioannou l’explique dans la brochure de la soirée, et qu’il faut lire pour comprendre et, pour certains, endurer le spectacle.

Faut-il rappeler qu’en 1964, l’artiste-culte Andy Warhol avait réalisé Sleep, un plan fixe de 5 h 21 où l’on voyait un homme dormir. Acte de résistance sur les images en mouvement; pour le Grec, le besoin ineffable de réanimer l’expérience théâtrale. Si Inside ne possède pas la même énergie farouche que The Great Tamer, il se situe néanmoins dans une perspective de nouvelle écriture, rebelle, intransigeante, férocement conceptuelle, comme un symphonie quasi muette que l’on écoute sans éclats.

Photo : Usine C

ÉQUIPE DE CRÉATION
Concept & Mise en scène
Dimitris Papaioannou
Scénographie & Installation vidéo
Dimitris Theodoropoulos
Sofia Don
Musique
K.BHTA

Conception sonore / scène et installations
Konstantinos Michopoulos

Éclairages
Alekos Yiannaros
Costumes
Thanos Papastergiou

Production
Elliniki Theamation
2WORKS

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Présentation
Usine C

Durée
6 h
(Sans entracte)
Représentations
Jusqu’au 23 novembre 2019
Usine C

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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