Essence
@ Place des Arts
| D A N S E
Ballets Jazz Montréal |
CRITIQUE
Élie Castiel
Pour Danse Danse, un début de saison 2023-2024 avec une valeur sûre, tant sur le plan de la virtuosité des artistes de la compagnie invitée que de la faveur du public. Trois grandes chorégraphes pour un programme de 90 minutes où l’harmonie entre le geste et la musique ne connaît pas ses limites, optant pour une juxtaposition tenant du rituel.
Ballets Jazz Montréal s’est totalement transformée depuis ses débuts il y a 50 ans (dans la courte présentation, on tenait à souligner l’importance de ces cinq décennies). Et pourtant, si on observe de près, les débuts, alors plus « jazzés » reviennent comme des fantômes pour rappeler aux danseurs et danseuses des nouvelles générations que le présent et le futur doivent absolument tenir compte du passé, aussi éloigné soit-il. Constatation des plus nobles en termes de reconnaissance de l’historique d’une compagnie de danse essentielle à la vie culturelle de la métropole.
Entre Ausia Jones et Crystal Pite, une sorte d’accord tacite, du moins si on se concentre attentivement sur l’accomplissement réussi des performants, une complicité selon laquelle les deux chorégraphies se ressemblent pour mieux s’assembler, hormis quelques détails hors-danse (éclairages, surtout), d’où l’absence, notamment dans le deuxième morceau (Ten Duets on a Theme of Rescue) d’une sorte d’âme, d’émanation issue du corps et du for intérieur, celui-ci plus difficile à capter. Et pourtant.
We Can’t Forget About What’s His Name
★★★
Chorégraphie : Ausia Jones – Musique: Jasper Gahunia, Stephen Krecko, William Lamoureux (Earth Boring) – Éclairages: Claude Plante – Costumes: Anne-Marie Veevaete.
Entre les jeux d’éclairages et la chorégraphie d’ensemble, une harmonie quasi parfaite selon laquelle les performants s’incrustent dans ces jeux géométriques que procure la lumière. Pour la danse, des corps qui s’enlacent, qui se libèrent pour atteindre leur individualité. Et puis, comme pris par une espèce de tourment de solitude, une réappropriation de l’autre. Pas de deux. Couples constitués d’un homme et d’une femme, ou encore de même sexe. La danse moderne vise de plus en plus dans cet accord parfait avec les nouvelles règles sociales. La chorégraphie prend tout l’espace scénique comme pour se jeter droit dans un lieu inconnu, comme pour refaire le monde.
Contrastes virtuoses
Ten Duets on a Theme of Rescue
★★ ½
Chorégraphie : Crystal Pite – Musique: Solaris, par Cliff Martinez – Éclairages: Jim French – Costumes: Linda Chow.
Les éclairages, pas très réussis. Mais, comme déjà mentionné, une ressemblance avec la première proposition. Sans doute, et à y voir de près, un rythme différent, mais même souci de transfert des émotions et les danseurs. Également, ça ne dure que 14 minutes et constitue quand même une transition précise avec ce que nous réserve la troisième et dernière partie.
Les chambres de Jacques
★★★ ½
Chorégraphie : Aszure Barton – Musique: Gilles Vigneault, Antonio Vivaldi, Les Yeux Noirs, The Cracow Klezmer Band, Alberto Iglesias – Éclairages: Daniel Ranger – Costumes : Rémi Van Bochove.
Changement radical. Pour notre plus grand plaisir. Le classique-moderne se joint au street-dance, se permet un petit flashback vers le passé et surtout, alimente l’enthousiasme allègre de la troupe, là où les artistes semblent se sentir le mieux. Entre les deux premiers morceaux chorégraphiques et le dernier, deux mondes à part, deux sensations opposés. De la part des spectateurs, un enthousiasme délirant qui accueille toutes le formes d’expressions dansées. C’est ce qui compte. Pour la musique, Iglesias (habitué, entre autres, aux films de Pedro Almodóvar) et la judaïcité du groupe Klezmer de Cracow, animent cette fête de la danse.
ESSENCE
[ Ballet Jazz Montréal ]
Durée
1 h 33 minutes
[ Incluant entracte ]
Diffusion & Billets @
Danse Danse
Place des Arts
[ Théâtre Maisonneuve ]
Jusqu’au 30 septembre 2023
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]