Koulounisation
@ Prospero

 

[ SCÈNE ]

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★ ½

Le

dispositif scénique

au

service du sens

Il y a, dans ces nombreuses façons de dire en arabe le mot « colonisation », un mélange de résistance, de révolte, d’appréhension, d’oppression, de soumission même, mais aussi de sarcasme, d’ironie, de rupture.

Quelque chose qui se heurte à la politique, du moins selon la perspective de l’unique (ou presque) personnage sur scène qui raconte sa propre histoire sans vraiment la raconter.

Parfois se l’imaginant, se heurtant à des barrages linguistiques et géographiques. Ce qui compte, au fond, c’est que l’interprétation qu’on se fait de l’unique mot du titre fasse remuer notre conscient collectif. Salim Djaferi, né de parents algériens, revendique ses origines, comme d’ailleurs toutes les communautés de la diaspora, quelles que soient leurs sources d’ascendance.

Déconcertant et dans le même temps, ludique, envoûtant.

Ces revendications aussi intellectuelles que de survie, je les comprends parfaitement. Elles s’incorporent dans une sorte de rapports de forces intérieurs qui se manifestent quotidiennement. C’est ça aussi la « colonisation ». Peu importe comment en le dit en langue arabe puisque chacun à sa propre interprétation. Et c’est sans doute la réplique finale, celle rapportée de sa mère que Djaferi prononce avec la plus intense sobriété regardant les spectateurs comme s’il tenait à ce qu’ils en tirent la véritable signification de la métaphore. Elle avait dit quelque chose comme « Quand ils étaient là », en voulant dire ici. Tout est dit.

Qu’importe les accessoires.
Crédit : Thomas Jean Henri

Et un décor des plus épuré à l’intérieur duquel de grands blocs en mousse servent de mise en perspectives à travers une mise en scène aussi minimaliste qu’improvisée. Improvisée? Est-ce bien le cas? Djaferi élève le discours au rang d’une réappropriation de l’art autant de l’interprétation que de la mise en situation. En entrant dans la salle, il est là, occupé à… tout en regardant les spectateurs directement. Comme si pris d’un urgent désir de communiquer, il les préparait à un rituel complice dont il n’est pas certain des tenants et aboutissants.

Le thème central se transforme comme par intuition en un parcours improvisé où (… vous verrez de quoi je parle) les surprises s’inventent, s’arrangent ou tout simplement sont le produit d’un rapport de correspondances où le théâtre se mêle à la vie.

Déconcertant et dans le même temps, ludique, envoûtant.

FICHE ARTISTIQUE
Création
Salim Djaferi

Texte / Mise en scène / Interprétation
Salim Djaferi
Assistance à la mise en scène
Clément Papachristou
Dramaturgie
Adeline Rosenstein

Salim Djafari
Crédit : Marie-Valentine Gillard


Scénographie
Marie Alié

Nourredine Ezzaraf
Lumière
Laurie Fouvet

Durée
1 h 15 min

[ Sans entracte ]

Diffusion & Billets @
Prospero
[ Salle principale ]
Jusqu’au 7 octobre 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]