La traviata
@ Place des Arts

CRITIQUE
[ Art lyrique ]
Élie Castiel

★★★ ½

Comme

le veut

la tradition

La coproduction entre les maisons d’opéra du Manitoba, d’Edmonton, du Pacific Opera Victoria et l’OdM, aurait-elle eu une influence sur la version finale de La traviata, spectacle de clôture de la saison 2023-2024 à l’OdM.

Quoi qu’il en soit, force est de souligner que des représentants des médias n’ont pas pu être convoqués à la Première médiatique officielle, leur proposant des dates alternatives. D’emblée, un très bon signe, d’autant plus que les organisateurs ont dû ajouter une autre représentation.

Force est de souligner, au départ, l’excellente tenue du chef de pupitre, Jordan de Souza, charismatique, emporté par cet opéra mythique, dirigeant l’Orchestre Métropolitain avec un doigté quasi magique. Côté musique, où tous les airs nous emportent, très bonne exécution d’ensemble.

Et puis, la mise en scène d’Alain Gauthier, sincère, honnête, convenue, risquant le changement d’époque ; ici, la Belle Époque, où les tourments amoureux et les strictes conventions sociales de la bourgeoisie ressemblent à celles de l’époque de sa création.

L’émotion d’un ultime adieu.
Crédit : Vivien Gaumand

Mais, comme par un truchement de notre cerveau, il nous impossible de ne pas comparer avec notre époque actuelle où les femmes, en général, ne se comportent pas comme la Violetta dont il est question. Faute grave de notre part puisque force est de souligner qu’il nous faut contextualiser. Et nous l’évitons.

L’Américaine Talise Trevigne emploie toute son énergie vocale et physique pour incarner la femme déchue. Dans le rôle d’Alfredo Germont, Antoine Bélanger a dû remplacer le Kosovar Rame Lahaj – espérant que nous aurons la possibilité de le voir dans un proche futur – Bélanger a de la présence, de la stature, possède la scène et porte la voix.

Minimalisme voulant, le décor, unique, avec des petits changements selon les situations (grâce à la pause et aux entractes) démontrent que les scénographies spectaculaires (et onéreuses) ne sont pas nécessaires par les temps qui courent. L’honneur est sauf.

Mais ce qui manque parfois, c’est une sorte d’émotion que nous avions senti dans d’autres Traviata, autant sur scène qu’au cinéma, comme dans l’excellent film de Franco Zeffirelli, avec les exemplaires gréco-canadienne Teresa Stratas et l’Espagnol Plácido Domingo, n’étant que lui-même.

La traviata de l’OdM version 2024 est en quelque sorte un exercice de réchauffement illustrement exécuté. La musique nous emballe, comme d’habitude, les airs, bien entendu. Le reste ne déçoit pas nécessairement, mais nous nous attendions à davantage de ce drame (ou mélodrame) romantique.

Minimalisme voulant, le décor, unique, avec des petits changements selon les situations (grâce à la pause et aux entractes) démontrent que les scénographies spectaculaires (et onéreuses) ne sont pas nécessaires par les temps qui courent. L’honneur est sauf.

LA TRAVIATA
Opéra en 3 actes

Compositeur
Verdi

Livret
Francesco Maria Piave

D’après La dame aux camélias
d’Alexandre Dumas, fils
Pupitre
Jordan de Souza

[ Orchestre Métropolitain /
Chœur de l’Opéra de Montréal ]
Mise en scène
Alain Gauthier

Distribution
Talise Trevigne (Violetta)
Antoine Bergeron (Alfredo Germont)
James Westman (Giorgio Germont)
Ilanna Starr (Flora)
et dans d’autres rôles…
Geoffrey Schellenger, Angelo Moretti
Mikelis Rogers, Emanuel Lebel
Chelsea Kolić, Jaime Sandoval
Jean-Philippe Mc Clish

Décors & Costumes
Christina Poddubiuk
Éclairages
Kevin Lamotte 
Chorégraphie
Noëlle-Émilie Desbiens 
Durée
2 h 50 min
[ Incl. 3 entractes et 1 pause / 5 min ]

Diffusion @
Place des Arts
[ Salle Wilfrid-Pelletier ]

Représentations
 Jusqu’au 14 mai 2024

[ Incluant supplémentaire ]
19 h 30
Dimanche 12 mai : 14 h

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]