Richard Roundtree
< 1942-2023 >

| In Memoriam |

texte
Pascal Grenier

Une figure

emblématique

Surtout connu pour son rôle légendaire du détective privé John Shaft qu’il a incarné  a cinq reprises au cinéma ainsi que dans une courte série télévisée au titre éponyme, Richard Roundtree est décédé d’un cancer à l’âge de 81 ans. Véritable icône de la blaxpoitation dans les années 1970 et qui mettait en vedette des acteurs afro-américains et qui a abordé des thèmes liés à la communauté noire américaine, Roundtree a laissé sa place dans le cinéma américain. Alors peu connu du public, il décoche le rôle principal dans Shaft (Les nuits rouges de Harlem), de Gordon Parks, en 1971. Cet excellent film policier est important, car il a contribué à établir le genre de « détective urbain » mettant en scène un homme noir fort, intelligent et charismatique incarné avec flegme par le charismatique acteur né à New Rochelle dans l’État de New York.

Grand succès autant public que critique, Shaft a engendré deux suites immédiates Shaft’s Big Score (Les nouveaux exploits de Shaft) qui à bien des égards surpasse même l’original en termes d’efficacité et Shaft in Africa (Shaft contre les trafiquants d’hommes) en 1973 avant un remake/reboot en 2000 et 2019. Mais surtout, le succès de Shaft a ouvert la voie à de nombreux autres acteurs afro-américains en contribuant à l’essor du genre de la blaxpoitation et en devenant une figure emblématique de ce mouvement. On n’a qu’à penser à Fred Williamson, Jim Brown ou encore la sulfureuse Pam Grier pour ne nommer qu’eux.

Shaft (1971)

Bien qu’il n’ait jamais connu un succès semblable par la suite, Roundtree a poursuivi son bonhomme de chemin dans le paysage du cinéma américain en jouant notamment des rôles de policiers, lieutenants ou de capitaines ou diverses figures d’autorités (un procureur du district dans Se7en de David Fincher). Avec plus de 100 films à son actif, on le voit apparaître principalement à la télévision dans des films de série B; des films qui suivent les courants cinématographiques à la mode au fil des décennies. Parmi les plus intéressants on peut citer Q / Épouvante sur New York de Larry Cohen en 1982 ou encore Maniac Cop de William Lustig en 1988, deux films où l’acteur noir y joue un rôle secondaire respectivement de sergent et commissaire de police et qui ajoute un certain charme à l’ensemble.

Son héritage dans le cinéma américain demeure important, car il a ouvert des portes pour de nombreux acteurs noirs et a contribué à élargir la représentation des Afro-américains à l’écran.