Orlando, ma biographie politique
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 5 janvier 2024
Un siècle après la publication de Orlando : une biographie, de Virginia Woolf, Paul B. Preciado, philosophe et écrivain, adresse une lettre à l’écrivaine anglaise pour lui dire que son personnage est devenu réalité.
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★
Discours
corollaires
Un dispositif de mise en scène imaginative en dépit de ces nombreuses incarnations actuelles de Virginia Woolf qui traversent le temps comme pour se mesurer à l’intemporalité de la cause transgenre. Femme de lettres incontestée en raison, principalement, de sa description à la fois poétique et discursive de la sexualité, Woolf attire non seulement la curiosité, mais s’affiche comme s’il s’agissait d’une auteure du siècle présent qui revendique le droit à d’autres possibilités.
Pour Paul B. Preciado, philosophe moderniste, essayiste transgenre, présent spirituellement et narrateur de cet essai documentaire à la fois ludique et exigeant (le camp côtoie Almodóvar et autres curiosités du même type) rien d’autre que la possibilité d’un dialogue entre son métier de penseur et sa correspondance avec Woolf, notamment en ce qui a trait à une des questions les plus fondamentales de la société occidentale actuelle, l’identité de genre.
Avant tout, Orlando, ma biographie politique, titre d’autant plus engagé, sans pour autant être affilié à une sorte de militantisme désuet – d’où ces divers discours illustrés par une narrativité à la fois douce-amère et cette envie de mots simples, loin d’un certain intellectualisme barbant – emballe autant qu’il dérange, désamorce le discours social majoritaire au profit d’une nouvelle norme genrée.
Le livre biographique de l’auteure britannique est partout dans le film et librement adapté même si ne montré que partiellement, sauf vers la fin, lorsqu’il subit une intervention chirurgicale, l’un des moments les plus cruciaux film, alors que la proposition de Preciado devient de plus en plus évidente. Quelques mots qui jaillissent du livre « violence was all », qu’on pourrait aussi librement traduire par « tout n’était que violence », procure au film son caractère non-binaire, débarrassé des attributs d’un patriarcat qui se perd dans la nuit des temps.
Et toutes ces figures orlandesques, sans binarité, finissent par avoir un passeport officialisant leur spécificité, c’est-à-dire, « pas de spécificité ». Paul B. Preciado a sans doute gagné son pari, fortement audacieux.
Et résistant aux tendances nouvelles en ce 21e-siècle qui refuse d’attribuer un sexe spécifique à la naissance – fille ou garçon! La présence de la juge – incarnée par la prêtresse des anti-conventions Virginie Despentes, essayiste, romancière, outre deux longs métrages, Baise-moi (2000) et Bye Bye Blondie (2012), dans le même temps ayant eu une relation affective avec Paul B. Preciado, alors connu comme Beatriz Preciado, est d’autant plus significative qu’elle situe la proposition du réalisateur dans un socle solide de revendications.
Et toutes ces figures orlandesques, sans binarité, finissent par avoir un passeport officialisant leur spécificité, c’est-à-dire, « pas de spécificité ». Paul B. Preciado a sans doute gagné son pari, fortement audacieux.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Paul B. Preciado
Scénario
Paul B. Preciado
Direction photo
Victor Zébo
Montage
Yoram Ben-David
Musique
Clara Deshayes
Genre
Essai documentaire
Origine
France
Année : 2023 – Durée : 1 h 39 min
Langue
V.o. : français, multilingue; s.-t.a.
Orlando: My Political Biography
Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ filmwelike ]
Diffusion @
Cinéma du Musée
Classement
Visa Général
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]