Nous, les autres

RECENSION
[ Essai ]

Élie Castiel

★★★

Règlements de

comptes à l’amiable

Effectivement, de la part de Toula Drimonis, une sorte d’urgence de témoigner, non pas dans un article de longueur raisonnable dans une revue spécialisée, mais tout un livre sur la question. Si notre titre d’article évoque l’idée de « régler un différend », on constatera que l’auteure évite le ton vindicatif (qui sera sans doute contesté par certains membres des médias qui feront la recension), force est de souligner qu’à chaque coup porté, Drimonis revendique, par la force des choses ou des aléas de la politique, sa position ferme en tant que « femme d’ailleurs », même si née à Montréal.

En tant que journaliste responsable, elle accumule des faits, des exemples parfois frappants et, sans ambages, profère le « bon sens » comme comportement à suivre pour parvenir à des ententes possibles.

On a souvent parlé de racisme et/ou de xénophobie systémique dans notre beau coin de pays – on constatera que tout a commencé avec l’Affaire-Kanata, le projet que tous attendaient avec impatience de Robert Lepage. N’eût été de cet incident socio-politique, majeur, des changements, tels qu’on les conçoit aujourd’hui, n’auraient pas vu le jour.

C’est surtout dans le domaine de la culture que l’autre est le plus souvent exclu. Si l’on se fie aux propos de la journaliste et essayiste, on peut croire sérieusement, de la part de ceux et celles « de souche », à l’idée d’un protectionnisme exacerbé.

Drimonis frôle le politique, les autres décennies, parfois se perdant dans des chemins de traverse, ce que les anglophones appellent peut-être « short-cuts », pour discourir directement, sans ambages.

On sent, tout le long de cet essai inusité, pour certains, libérateur ou radical, un ras-le-bol, une envie de finalement se prononcer sur une question qui préoccupe une bonne partie de la population, notamment urbaine.

La traduction de Mélissa Verreault, Québécoise francophone de souche, mariée à un immigrant de première génération, intègre le mode de pensée de l’autre, ici, l’auteure. Il s’agit d’une plume directe, évitant les phrases philosophiques ou alambiquées, même si certains verront…

Un certain humour se déploie, parfois acerbe, ironique, mais de bonne tenue. Dans l’ensemble, un cours essentiel de sociologie participative.

La thèse de Drimonis est bien plus compliquée qu’elle ne paraît. Pourquoi les immigrants choisissent-ils de s’installer au Québec, notamment les grandes villes, Montréal en particulier? Et pourtant, la métropole, qu’on le veuille ou pas, a toujours été (et le sera) polarisante. Les uns d’un côté, les autres… ailleurs.

Cet essai est multiforme; histoires familiales personnelles, auto-parcours journalistique, défense de la communauté musulmane qu’il ne faut pas confondre avec Islamisme radical. Elle parle de quelques autres communautés immigrantes, comme ça, en passant. Quelques mots sur les Portugais, les latinos, les Juifs, à peine, comme si ceux-ci faisaient partie intégrée de la population anglophone, alors qu’il existe depuis de nombreuses décennies une population juive de langue française – même si celle-ci n’a jamais été représentée dans les médias.

Un certain humour se déploie, parfois acerbe, ironique, mais de bonne tenue. Dans l’ensemble, un cours essentiel de sociologie participative.

Toula Drimonis
Nous, les autres
Traduction de l’anglais,

We, the Others: Allophones,
Immigrants, and Belonging in Canada,
par Mélissa Verreault
Montréal : Éditions Somme toute, 2024
272 pages
[ Sans illustrations ]
ISBN : 978-2-8979-4436-0
Prix suggéré : 34,95 $

ÉTOILES FILANTES
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★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]